Le Monde, 1 novembre – La Maison Blanche a affirmé, mercredi 1er novembre, disposer de preuves de plus en plus nombreuses selon lesquelles la Syrie, l’Iran, le Hezbollah et leurs alliés libanais « préparent des plans » pour renverser le gouvernement du premier ministre libanais, Fouad Siniora.
« Nous avons des indices qui montrent que l’un des objectifs du plan syrien est d’empêcher le gouvernement libanais actuel d’approuver le statut d’un tribunal international qui jugerait ceux qui sont accusés d’être impliqués dans l’assassinat de l’ancien premier ministre [Rafic »> Hariri », a indiqué le porte-parole de la Maison Blanche, Tony Snow, dans un communiqué. Interrogé par la presse sur la teneur de ces preuves, M. Snow a refusé d’en dévoiler le contenu, indiquant que ces informations étaient « classifiées » mais « fiables ».
« Toute tentative de déstabilisation du gouvernement libanais démocratiquement élu, par des moyens comme les manifestations arrangées et le recours à la violence, ou par les menaces physiques contre ses dirigeants, représenterait, à tout le moins, une violation claire de la souveraineté du Liban et des résolutions 1559, 1680 et 1701 », a mis en garde M. Snow. Les résolutions 1559 et 1680, adoptées en septembre 2004 et en mai 2006, visaient à affirmer la souveraineté du Liban sur son territoire et son indépendance politique. La première appelait les forces étrangères, dans une référence évidente à la Syrie, à se retirer du pays et à cesser leur ingérence dans les affaires libanaises. La résolution 1701 d’août 2006 visait à mettre fin au conflit israélo-libanais. Elle affirmait aussi la souveraineté du Liban sur son territoire.
Lundi, le président libanais pro-syrien, Emile Lahoud, « a émis des réserves sur le projet » de tribunal international, estimant qu’il lui revenait, selon la Constitution, d’en négocier les termes avec l’ONU. Les propos de M. Lahoud, dont le chef de la garde présidentielle est soupçonné d’avoir participé à l’attentat contre Rafic Hariri, ont suscité une tempête politique au Liban.
« TORPILLER LE TRIBUNAL INTERNATIONAL »
Plusieurs hommes politiques ont mis en avant la concomitance des protestations de M. Lahoud et celles de l’opposition, proche de Damas, qui veut faire chuter « le gouvernement pro-américiain de Siniora », qualifié de « Karzaï » par le député du Hezbollah Mohammad Raad, en référence au président afghan, allié des Etats-Unis.
« Faire chuter le gouvernement vise à torpiller le tribunal international, (…) celui qui veut empêcher sa création se place dans le box des accusés », a estimé, pour sa part, l’ex-député chrétien anti-syrien Farès Souaid. Pour le quotidien Al-Mustaqbal, qui appartient à la famille Hariri, les critiques de M. Lahoud pourraient provenir d’un « mot-d’ordre syrien » et « sont étroitement liées aux réclamations du ‘camp [libanais »> pro-syrien’ qui visent la chute du gouvernement et l’annulation du tribunal ».
Mardi, le Hezbollah a en effet fait monter les enchères politiques en exigeant, sous la menace d’un recours à la rue, un cabinet d’union nationale, une proposition rejetée par la majorité, qui y voit la main de Damas. Tout en insistant sur le caractère pacifique d’un éventuel recours à la rue pour obtenir gain de cause, Hassan Nasrallah, le chef du mouvement chiite libanais, a donné une semaine à la majorité anti-syrienne au pouvoir pour accepter l’élargissement de l’actuel gouvernement ou la formation d’un nouveau cabinet.