Reuters, Vienne, 12 décembre 2005 Lundi, des diplomates et des analystes ont déclaré que linsistance de lIran à enrichir de luranium sur son propre sol pourrait saper le point de départ de nouvelles négociations visant à sortir le dossier nucléaire de Téhéran et lOccident de limpasse dans laquelle ils se trouvent.
LIran a annoncé samedi que la diplomatie serait relancée après quatre mois dimmobilisation, mais se concentrerait uniquement sur « notre droit » au cycle de production du combustible nucléaire. LOccident craint quen résulte la fabrication dune bombe atomique, bien que Téhéran affirme que cela servirait uniquement à alimenter des réacteurs civils.
Des négociations ont été fixées provisoirement pour le 21 décembre, mais les dirigeants iraniens ont rejeté davance une offre soutenue par lUE et proposant que leurs activités de conversion duranium aient lieu en Russie, idée quils ont qualifiée d « échec ».
Les diplomates de lUE-3 (la Grande Bretagne, la France et lAllemagne) ont dit quil y aurait peu de choses à négocier étant donné lordre du jour fixé à lavance par la République Islamique.
« Le fait que cette réunion ait lieu serait un pas en avant. Mais ce qui en résulterait semble peu prometteur en raison de ce que dit lIran. Ce nest pas très encourageant », a déclaré un des diplomates.
« Nous devons proposer un argument pour le point de départ des négociations. Il est difficile de comprendre pour le moment. Si nous acceptons lordre du jour de lIran, nous devrons abandonner toute notre approche historique du dossier », a expliqué un autre émissaire européen à Reuters.
Téhéran a caché pendant 18 ans et jusquen 2003 ses activités nucléaires à lagence de surveillance des Nations Unies pour la non-prolifération et a publiquement appelé à la destruction dIsraël. Cest pourquoi lOccident craint quun Iran doté darmes nucléaires compromette la sécurité internationale.
LIran déclare que son projet nucléaire a pour seul but de générer de lénergie pour son économie qui en nécessite de plus en plus et qui exporte une grande partie de son pétrole pour faire rentrer des devises fortes essentielles pour le pays.
La diplomatie entre les 3 Européens et lIran visant à freiner les aspirations nucléaires de ce dernier a échoué en août lorsque lIran a remis en route la première phase du processus, la conversion du minerai duranium.
VIOLATION
En septembre, le conseil de lAgence internationale de lénergie atomique (AIEA) composé de 35 nations a déclaré lIran en violation des clauses de garantie du Traité de non-prolifération quil a signé.
Le traité garantit aux États membres le droit de développer un cycle de combustible nucléaire complet, mais interdit la fabrication darmes par ce processus.
Washington et les 3 Européens ont demandé un vote supplémentaire afin denvoyer lIran devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies pour déventuelles sanctions.
Mais, bloquée par la résistance de Moscou et de nations en développement, lAIEA a préféré prendre le temps de discuter de lidée d « entreprise commune » émise par la Russie pour enrichir luranium iranien.
Les prochaines négociations envisagées ne seraient que des « négociations sur des négociations », soit une tentative de relance des discussions antérieures attachées à loffre de lOccident pendant deux ans pour que lIran abandonne lenrichissement en échange davantages politiques et économiques.
Un autre diplomate occidental à Vienne analysant le cas de lIran présente ses signaux inflexibles comme « la posture habituelle qui fait partie du jeu » avant une nouvelle série de négociations.
« Nous recevons également dautres messages de la part des Iraniens, une sorte de désir mitigé, mais non exprimé ouvertement, de parvenir à un résultat généralement raisonnable, ce qui laisse une marge de manuvre. »
« Cependant, si lIran désire vraiment que les négociations ne portent que sur Natanz, alors je ne peux prévoir une fin couronnée de succès », a-t-il ajouté, en référence à une usine souterraine que lOccident soupçonne dabriter un projet clandestin de fabrication de bombes nucléaires.
William Peden, expert nucléaire chez Greenpeace, a déclaré que lUE semblait peu enthousiaste à confirmer une date et un lieu pour les négociations parce quelle a dores et déjà peur que celles-ci se retournent contre elle.
« Les Iraniens ont le dos au mur. Ils ne peuvent vraiment pas faire marche arrière sans perdre la face. Ni lUE dailleurs. Jespère que les négociations, si elles doivent avoir lieu, vont échouer et quun conseil durgence de lAIEA se réunira en janvier », a déclaré Peden.