AFP, Téhéran, 26 mars- L’épouse du skipper français Stéphane Lherbier, condamné avec l’allemand Donald Klein à 18 mois de prison pour avoir pénétré illégalement dans les eaux territoriales iraniennes, a appelé les autorités de Téhéran à la clémence, dans un entretien téléphonique avec l’AFP.
« J’appelle les autorités iraniennes à la clémence et à l’indulgence. Derrière mon mari, il y a une femme et une petite fille de deux ans et quatre mois », a déclaré Véronique Lherbier jointe au téléphone à Dubaï, où elle vit actuellement.
« Ma fille est très attachée à son père et lui aussi. Il ne pourra pas la voir grandir », a-t-elle estimé.
« Je ne comprends pas la sévérité de la peine infligée à mon mari. D’ailleurs, lui non plus. C’est vrai, il a commis une erreur mais 18 mois de prison est démesuré par rapport à cette erreur », a ajouté Mme Lherbier.
La cour d’appel de Bandar Abbas (sud) a confirmé il y a quinze jours la peine de dix-huit mois de prison prononcée le 24 janvier contre les deux hommes.
Ils avaient été arrêtés fin novembre dans le Golfe lors d’une partie de pêche au gros, non loin de l’île d’Abou Moussa.
Située stratégiquement à l’entrée du détroit d’Ormuz, et permettant ainsi de contrôler la navigation dans le Golfe, Abou Moussa est contrôlée par l’Iran mais fait l’objet d’une dispute territoriale avec les Emirats arabes unis.
« J’ai pu parler avec mon mari vendredi. Il a été transféré, en compagnie de M. Klein à la prison d’Evine vers le 15 mars », a-t-elle ajouté.
De nombreux opposants au régime du Shah, puis au nouveau pouvoir islamique, ont été emprisonnés dans cette prison, située dans le nord de Téhéran.
« Il tient le coup. Il m’a dit que les conditions de détention sont très bonnes. Bien meilleures qu’à Bandar Abbas. C’est un grand soulagement pour moi. Ils sont détenus avec d’autres prisonniers », a encore expliqué Véronique Lherbier.
Depuis leur transfert à Evine, les deux hommes sont autorisés à téléphoner tous les jours à leur ambassade respective.
« Depuis le 15 mars, Stéphane m’a appelée trois fois », a dit Mme Lherbier.
Selon elle, l’avocat de son époux a déposé une demande de grce auprès du guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, pour obtenir la libération des deux hommes avant les fêtes du nouvel an iranien, qui a commencé le 20 mars. Elle n’a reçu aucune nouvelle à ce sujet pour le moment.
« J’attends l’autorisation des autorités iraniennes pour me rendre à Téhéran et rencontrer mon mari. Mais ce ne sera pas avant le début du mois d’avril à cause des congés du nouvel an », a précisé Mme Lherbier.
Stéphane Lherbier, 32 ans, réside aux Emirats arabes unis depuis un an et demi, où il possède une petite entreprise de location de bateaux de pêche. L’Allemand Donald Klein, 52 ans, avait loué ses services pour satisfaire à sa passion de la pêche au gros.
« J’ai de gros problèmes financiers. Depuis l’arrestation de mon mari, sa société est fermée car il travaillait seul. Moi-même, j’ai un petit salaire qui ne me permet pas de vivre ici avec ma fille. Mais je dois absolument rester dans les Emirats car mon mari veut continuer son entreprise », a encore expliqué son épouse.
« La dernière fois qu’il m’a parlé, il a dit que nous lui manquions et qu’il voulait rentrer à la maison », a-t-elle ajouté Véronique Lherbier.