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Qui sont les Moudjahidine du peuple, ces opposants déterminés au régime en Iran ? (REPERES)

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Qui sont les Moudjahidine du peuple, ces opposants déterminés au régime iranien (REPERES)

Le 2 janvier 2018, dans un appel au président Emmanuel Macron, Hassan Rohani, président du régime iranien, demandait à la France de prendre des mesures pour restreindre les activités d’un groupe iranien basé en France qu’il a qualifié de « terroriste » et impliqué selon lui dans les manifestations qui ont ébranlé l’Iran au début de l’année. C’était une claire allusion à l’Organisation des Moudjahidine du peuple (OMPI), un mouvement d’opposants déterminés et de longue date au régime iranien.

Ali Khamenei, Le guide suprême des mollahs, intervenait le mardi 9 janvier pour pointer du doigt les instigateurs de la révolte : « Les Moudjahidine du Peuple ont été derrière la sédition (…) Cela fait plusieurs mois qu’ils sont en train d’organiser la sédition. Ils ont recruté des gens pour les aider à mobiliser les foules. C’est d’ailleurs eux qui ont lancé l’appel (aux manifestations). Ils ont établi deux QG, l’unpour diriger l’opération sur les réseaux sociaux, l’autre pour gérer les émeutes dans le pays. »

L’ampleur de la révolte populaire a alarmé le régime théocratique qui craint pour sa survie. Il a répondu par une répression brutale qui a fait plus de 40 tués par balle et des milliers d’arrestations, notamment parmi les sympathisants de l’OMPI qui sont soupçonné d’avoir joué un rôle moteur dans les manifestations. Qui sont ces farouches opposants au régime des mollahs ?

OMPI: Emergence en Iran

Créés en 1965 avec pour objectif de résister à la dictature du Chah, l’OMPI se présente comme un mouvement de « musulmans démocrates » qui combattent pour un « système pluraliste et laïque » en Iran. Principale force d’opposition à la dictature qu’elle cherche à renverser, l’organisation bénéficie d’une base solide et d’un vaste réseau de partisans dans le pays. Ses partisans ont été condamnés à mort ou emprisonnés dans les geôles des mollahs qui pratiquent la torture à outrance.

Née après l’échec du processus démocratique initié par le gouvernement du premier ministre Mohammad Mossadegh, qui fut renversé par un coup d’Etat de la CIA en 1953, le mouvement n’a cessé son combat depuis plus d’un demi-siècle. Ses premiers membres, dont les fondateurs Hanifnejad, Mohsen et Badizadegan, de jeunes universitaires et intellectuels, ont péri dans les prisons de la SAVAK, la sinistre police politique de l’époque. Leur participation courageuse dans le combat contre le despotisme du Chah, leur a valu un fort capital de sympathie chez la population et les intellectuels iraniens, avant que ne fut déclenché la grande révolution de février 1979 qui mit fin à la monarchie en Iran.

Selon François Colcombet, magistrat et ancien député, cofondateur du Comité français pour un Iran démocratique (CFID, fondée en 2007) : « L’OMPI a joué un rôle historique irremplaçable. Dans la filiation des réformistes de 1906, et dans celle plus récente de Mossadegh, l’OMPI a été créée par des membres de la ‘’jeunesse mossadeghiste’’. Elle a constamment cherché une voie originale entre la tradition et la modernité en intégrant la philosophie des droits de l’homme et de la démocratie dans une culture très marquée par la tradition musulmane – qui plus est, chiite. »

Après la grande révolution de 1979
La Révolution de 1979 a marqué une rupture profonde avec l’ordre monarchique millénaire, promettant l’entrée de l’Iran dans l’ère démocratique. L’euphorie céda cependant vite la place à la déception. Le projet de société démocratique et solidaire voulu par la Révolution de février a été dévoyé et le clergé chercha à appliquer sa propre vision du pouvoir. Le renoncement au jeu démocratique, la négation des droits fondamentaux et de la souveraineté populaire…telle était désormais la ligne de conduite des islamistes qui prenaient le pouvoir pour la première fois dans le monde musulman. Les Moudjahidines du peuple et l’ensemble des démocrates iraniens ont refusé de céder et ont d’abord usé de moyens pacifiques pour freiner le fléau intégriste. Pour eux, l’étape de la construction de la nouvelle société des droits devait pouvoir se réaliser dans la consultation et la confrontation des idées. Et les urnes comme ultime arbitre pour assurer la paix sociale et la contribution de chacun au développement du pays.

Les forces démocrates et libérales s’unirent alors pour proposer une alternative différente de celle des intégristes dominant le pouvoir. Cette initiative gagna rapidement en popularité au point de menacer l’emprise du pouvoir clérical. Voulant jouer user jusqu’au bout des recours démocratiques, l’OMPI participa aux différents scrutins: élection de l’Assemblée des Experts en 1979, élection présidentielle en 1980 ; et enfin premières élections législatives en 1981. L’OMPI se développait rapidement et devenait le principal mouvement d’opposition à la dictature naissante. Son quotidien « Modjahed » tirait alors à 600.000 exemplaires et ses meetings attiraient à Téhéran comme en province des centaines de milliers de personnes.

Les islamistes refusèrent dès le début de se soumettre à l’épreuve du suffrage universel dans des élections libres. Malgré les voix remportées et le soutien d’une partie très importante de la population, aucun candidat de l’opposition ne put entrer au parlement, alors que le régime se livrait à une fraude systématique. Lors de la première élection présidentielle, le candidat de l’OMPI, Massoud Radjavi, était soutenu par tous les groupes de l’opposition, les minorités ethniques et religieuses, et une grande majorité de femmes et de jeunes. Toutefois, au grand dam des Iraniens, Khomeiny, le Guide suprême des mollahs, l’élimina de la course électorale par une fatwa au motif qu’il n’est pas fidèle à la constitution du nouveau régime qui avait été adopté quelques semaines plus tôt. Une constitution qui prévoyait la tutelle du Guide suprême sur les affaires du pays et l’application de la charia et la loi du taillons et qui contrevenait à toutes les valeurs d’un Etat démocratique et moderne.

La répression atteignit son apogée quand, à l’appel de l’OMPI, une manifestation pacifique d’un demi-million de personnes à Téhéran, le 20 juin 1981 fut réprimée dans le sang sur ordre de Khomeiny. Celui-ci avait ainsi décidé de fermer définitivement la voie à toute expression de l’opposition politique qui gagnait chaque jour en popularité. C’est dans la soirée de ce jour funeste que commencèrent les exécutions massives qui vont faire disparaître des dizaines de milliers de sympathisants de l’OMPI. Le pic des mises à mort sera atteint durant l’été 1988 à la fin de la guerre avec l’Irak. En quelques mois, 30.000 prisonniers politiques seront massacrés dans les prisons en exécution d’une nouvelle fatwa de Khomeiny.

La création du CNRI

Sous le coup d’une répression implacable, Massoud Radjavi quitte l’Iran pour la France à bord d’un avion affrété clandestinement par des pilotes sympathisants de l’OMPI dans l’armée de l’air iranienne, où elle bénéficiait de nombreux soutiens. Abolhassan Banisadr, premier président de la République après la chute de la monarchie, venait d’être destitué par Khomeiny qui cherchait à monopoliser le pouvoir. Exposé à une arrestation imminente et une exécution probable, il fut sauvé par l’OMPI au cours de ce même voyage.

Le chef de la Résistance, qui avait annoncé à Téhéran la création Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), appela à une coalition large des opposants à la dictature. De nombreux partis et personnalité joignirent alors la coalition de l’opposition qui formula un programme pour l’Iran libre de demain, basé sur le suffrage universel, l’Etat de droit, le pluralisme, la laïcité, l’égalité des genres et le respect des minorités.

Débuta alors un long et éprouvant combat pour l’affirmation de l’alternative démocratique, face à un ennemi capable de toute les crimes et perfidies pour anéantir ses ennemis et assurer sa survie.

Lincoln Bloomfield, Co-auteur de « Où va l’Iran ? », Editions Autrement, 2017, membre du Henry Stimson Center, un Think tank de sécurité non partisan à Washington, a écrit au sujet du mouvement :
« Aucun groupe n’a porté un regard plus critique sur la dictature en Iran, n’a persévéré aussi longtemps, n’y a activement résisté de façon plus déterminée, n’a payé un prix aussi fort pour son opposition, n’a articulé une vision plus cohérente et plausible du futur pour un Iran démocratique post-intégrisme, n’a plus solidement communiqué sa défiance à l’égard de la répression de la population par les mollahs, ou n’a rassemblé plus d’exilés ou de partisans étrangers pour régulièrement dénoncer le régime de Téhéran, que le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), qui inclut l’Organisation des moudjahidin du peuple iranien (OMPI). »

La résistance s’organise

Mû par des considérations économiques, mais aussi à cause de la politique de chantage et de terrorisme de Téhéran qui se traduisit par des prises d’otages au Liban et des attentats en Europe, notamment en France, certains gouvernements cédèrent pour une politique de complaisance vis-à-vis du régime de Téhéran. À la demande de ce dernier, des pressions ont été exercées sur le leader de la Résistance et un complot a même été ourdi pour son extradition au régime iranien. Refusant de céder au chantage, Massoud Radjavi quitte la France pour l’Irak. L’Armée de libération nationale iranienne (ANLI) est alors créée en Irak, aux frontières de l’Iran, en 1986 pour créer un contrepoids face aux forces répressives du régime, les pasdaran.

Avant de partir en Irak, cependant, le CNRI obtient du gouvernement irakien la signature d’un accord de paix dans la guerre Iran-Irak, après que ce dernier eu accepté, en 1982, de retirer toutes ses forces du territoire iranien et proposa un cessez-le-feu. A partir de là, les démocrates iraniens considéraient la poursuite de la guerre une politique désastreuse et antipatriotique. La présence aux frontières de la patrie à libérer – comme dans d’autres résistances – devenait ainsi tout à fait légitime. Une guerre qui aurait pu se terminer en 1982, perdura jusqu’en 1988 à cause de la seule insistance de Khomeiny à conquérir l’Irak. Une folie meurtrière qui coûta la vie à plus d’un million d’Iraniens et deux fois plus de blessés, des millions de sans abris et d’innombrables villes détruites. L’obstination dans la continuation de la guerre sera critiquée plus tard par plusieurs ténors du régime.

Agissant en toute indépendance de l’autorité et des forces irakiennes, l’ANLI lance plusieurs offensives pour déloger la dictature en place à Téhéran. Elle réussit à libérer plusieurs villes frontalières et porter des coups sérieux à la machine de guerre des Pasdaran. Plusieurs responsables du régime, notamment Rafsandjani, l’ancien numéro deux iranien, ont reconnu explicitement que le danger posé par l’efficacité grandissante des opérations de l’ANLI a été une des raisons principales qui ont contraint Khomeiny à finalement accepter le cessez-le-feu en 1988 dans sa guerre contre l’Irak.

La propagande du régime a cherché à faire croire que l’OMPI se serait aliéné la sympathie des Iraniens Iran pour avoir combattu à partir du sol irakien. Rien n’est plus faut. Ce combat pour la libération national a été accueilli favorablement par la population iranienne qui voyait en Khomeiny le véritable « traître » qui n’apportait que désolation et destruction et refusait d’accepter le cessez-le-feu proposé par la résolution 987 conseil de sécurité de l’ONU. Alors que plusieurs pays arabes acceptaient de payer des dédommagements à l’Iran.

Après l’invasion de l’Irak par les États-Unis et les forces multinationales en 2003, l’armement de l’ANLI est saisi en contrepartie d’une protection. Les membres de l’OMPI sont alors regroupés dans le camp d’Achraf, dans le nord-est de Bagdad. En février 2012, ils ont accepté de quitter le camp pour s’installer près de Bagdad dans un camp nommé « Liberty ». Dans ces deux camps l’OMPI sera l’objet de plusieurs massacres et tir de missiles des pasdaran et de leurs alliés irakiens faisant 171 morts et des centaines de blessés. Entre 2013 et 2016 l’ensemble des membres de l’OMPI quittent l’Irak pour l’Albanie à la demande du gouvernement américain et de l’ONU.

OMPI: Une résistance légitime à la tyrannie

En juin 2003, après la chute de l’ancien régime en Irak, le gouvernement français de l’époque ayant perdu un partenaire important dans la région, a cru que le moment était venu trouver un pied à terre en Iran et s’installer sur le marché iranien et qu’il pouvait donc marchander sur le dos de la Résistance pour obtenir des avantages économiques en Iran. En mai, un protocole d’accord économique entre la France et l’Iran accorde une « protection des investissements » très favorable aux entreprises françaises. La France devait disposer alors d’une priorité absolue dans toute activité économique et commerciale en Iran. Le chef de la rédaction du JDD qui a assisté à la rencontre à Téhéran, en mai 2003, entre le ministre français des AE et son homologue iranien, a rapporté dans son livre le complot ourdi pour « démanteler » le principal mouvement d’opposition iranienne en échange de nouveaux contrats. (Jean-Claude Maurice, Si vous le répétez, je démentirai, Plon, 2009)

Maryam Radjavi, présidente-élue du CNRI, et 160 militants sont alors arrêtée à Auvers-sur-Oise lors d’une spectaculaire opération policière. La plupart des personnes arrêtées seront libérées le lendemain et une vingtaine le furent après deux semaines de protestations des sympathisants du mouvement et de personnalités françaises. Les médias firent état d’un « fiasco » du gouvernement français au détriment des principes de la République. La Ligue des droits de l’homme, la Fondation France-Liberté Danielle Mitterrand et le Syndicat de la Magistrature condamnèrent l’instrumentalisation de la justice.

Les accusations de terrorisme ont été toutes abandonnées par les tribunaux et le juge antiterroriste Marc Trévidic a qualifié, dans son ordonnance de non-lieu, l’action de l’OMPI comme relevant de la «résistance contre une tyrannie » qui terrorise sa population.

L’OMPI a été rayée en janvier 2009 de la liste des organisations terroristes de l’Union européenne sur laquelle elle figurait depuis mai 2002 à la demande du régime iranien. L’obtention de ces décisions de justice n’ont été que le fruit d’une longue campagne juridique et politique qui a contraint les gouvernements de l’UE à cesse de faire prévaloir leurs intérêts économiques ou diplomatique au détriment des droits démocratiques des opposants iraniens installés sur leurs territoires.

En octobre 2004, l’AFP a révélé que dans les termes des négociations entre l’UE et le régime iranien sur la non-prolifération nucléaire, il était précisé que « l’UE va maintenir l’OMPI sur sa liste de terrorisme si l’Iran renonçait à son programme d’enrichissement de l’uranium ». Elle avouait ainsi que l’étiquette terroriste n’était qu’une carte politique dépourvue de tout fondement juridique.

Aux Etats-Unis, la Cour d’appel de Washington DC a ordonné, en juin 2012, au Département d’Etat de retirer l’OMPI sur sa liste noire en l’absence de tout preuve. En septembre 2012, la secrétaire d’Etat Hilary Clinton annonce sa décision de radier l’OMPI de la liste noire. C’était l’étape finale d’un long combat pour corriger une terrible injustice, fruit de la politique de complaisance à l’égard des dictateurs iraniens.

L’OMPI informe le monde du danger nucléaire des mollahs

En août 2002, l’OMPI révèle pour la première fois l’existence d’un site secrète d’enrichissement d’uranium à Natanz et d’un réacteur d’eau lourde à Arak. Le programme nucléaire clandestin des mollahs avait été gardé secret pendant 18 ans. Grâce à cette révélation annoncée par le bureau du CNRI à Washington, le monde prend conscience de l’inquiétante quête des mollahs pour l’arme atomique.

Au fil des ans, sur la base d’informations obtenues par son puissant réseau social en Iran et au sein de l’administration iranienne, l’OMPI a fait des révélations concernant près de 80 sites secrets du régime, ses projets et les experts et les sociétés de couvertures qui finance le programme d’armement nucléaire illicite des Pasdaran. Les inspecteurs internationaux ont confirmé la fiabilité des informations de l’OMPI et cela a conduit la communauté internationale à contrer la menace du régime en lui infligeant des sanctions économiques paralysantes.

Le mouvement a également révélé des informations précieuses sur les activités balistiques des Pasdaran, ainsi que leurs activités pour étendre leurs tentacules dans les pays de la région. Il en est de même pour les détails de ses ingérences en Irak, en Syrie, au Yémen, au Liban et en Afghanistan… et le nombre des mercenaires mobilisés pour semer l’instabilité, l’extrémisme et le terrorisme dans la région.

La direction des femmes

S’il y a eu l’extrême cruauté des intégristes iraniens à l’égard des femmes, il y a eu aussi le revers de l’extraordinaire courage de celles-ci dans la résistance contre la tyrannie. Dans la lutte contre un régime misogyne, rien n’est plus puissant que le leadership des femmes dans l’opposition pour un changement de régime. Le leadership des femmes et l’égalité des sexes présentent un défi existentiel énorme pour le régime intégriste. Des femmes musulmanes qui se battent pour l’égalité entre les hommes et les femmes, rejettent la charia des mollahs et les multiples restrictions à la liberté individuelle des femmes sous le prétexte de l’Islam.

Environ 52% des membres de la coalition du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) sont des femmes, pour la plupart membres de l’OMPI. Compte tenu des obstacles que les femmes iraniennes doivent surmonter pour s’investir dans la résistance, il s’agit d’un résultat important. L’organisation est dirigée par des femmes compétentes. Les Secrétaire générale de l’OMPI ont été successivement des femmes, élues périodiquement par les membres de l’organisation.

Formulant une véritable théorie de lutte contre la misogynie des intégristes, la dirigeante de la Résistance iranienne a expliqué le combat d’une génération d’Iraniennes qui ont fait leur preuve dans la pratique d’un quart de siècle de résistance contre la dictature intégriste des mollahs. Dans sa préface consacrée à l’ouvrage de Maryam Radjavi, « Les femmes contre l’intégrisme » (Editions Jean-Claude Gawsewitch, 2013) l’éminente anthropologue Françoise Héritier a écrit :

« C’est l’expérience de la résistance iranienne hors les murs qui a mis les femmes au premier rang en réaction au pouvoir des mollahs basé sur la négation du fait d’être femme. Mais,Maryam Radjavi en convient, la lutte doit être menée sur deux fronts : contre le pouvoir théocratique et contre les esprits masculins (et l’intériorisation de l’infériorité par les esprits féminins). Le mouvement a choisi dès 1985 une action volontariste en commençant par le haut, sans attendre une improbable évolution des esprits ou une augmentation naturelle des masses critiques de compétence (…) Autant dire qu’il y a là une expérience humaine étonnante que nous ne pouvons que contempler, admirer et soutenir, voire dont nous devons nous inspirer dans des contextes où l’apparence démocratique et laïque donne le change à la réalité, et masque le soubassement essentiel du pouvoir politique jusqu’à maintenant, à savoir la domination sur le corps des femmes, l’occultation de leurs facultés et leur élimination, par principe, de la compétition pour le pouvoir. »

En février 2006, Maryam Radjavi présente, au Parlement européen, un programme en dix point sur des droits des femmes, qui reconnaît notamment la légalité totale entre les sexes dans les domaines social, politique, culturel et économique. Les lois civiles seront élaborées sur la base des conventions internationales sur l’élimination de toutes les formes de discrimination contre les femmes et la Déclaration sur l’élimination de la violence contre les femmes.

La propagande du régime contre l’OMPI

Les détracteurs de l’OMPI sont particulièrement désorientés par la détermination exemplaire qui caractérise les rangs de la Résistance iranienne. L’étiquette de « secte » fait souvent référence à cette qualité de l’organisation qui lui a permis de serrer ses rangs en dépit de la violence extrême qu’elle subit en Iran. Rares sont en effet les mouvements iraniens du début de la Révolution à avoir survécu à la répression des mollahs. Avec 120.000 exécutions politiques, des tortures barbares et une cruauté intégriste débridée, il a fallu pour survivre, s’armer d’une étoffe autrement plus résistante en termes d’abnégation et de cohésion de lutte. Ce n’est pas sans raison que le régime a en permanence visé à détruire le caractère « structuré » du mouvement, tant dans les prisons chez les prisonniers politiques que dans la société chez les réseaux de l’OMPI. La clé du succès de l’OMPI c’est sa capacité organisationnelle et sa force de conviction qui lui permet de prétendre au renversement du régime.

Dans son intervention le 7 décembre 2005 à un séminaire sur le terrorisme, Alain Vivien, Ancien secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères et ancien président de la mission interministérielle de la lutte contre les sectes, déclarait:

« Une accusation de secte a été portée par une certaine forme de contre propagande hostile à l’instauration de la démocratie en Iran, à l’égard des Moudjahidine du peuple. Et si cette affaire a été portée à ma connaissance, c’est parce que j’avais, pendant quelques années, animé une commission interministérielle sur le fait sectaire, c’est-à-dire sur le dévoiement de la pratique sociale, dévoiement auto-autorisé au nom de croyance considérée comme des absolus qui doivent s’imposer à tout un chacun. Tous les sectarismes, ont un comportement où une définition à peu près commune (…) Quand on observe les méthodes qui sont employées pour dénoncer l’action de ceux qui parmi les Iraniens combattent avec beaucoup de fermeté et de courage les dérives sectaires et intégristes de leur propre pays, quand on voit les menaces dont ils font l’objet, on peut s’inquiéter sur le destin de ce peuple mais également sur celui de ceux qui comme le nôtre, tâche de faire prévaloir ces grandes valeurs. Les démocrates européens, et les Français en particulier, doivent pouvoir assurer leur solidarité autour de tous ceux qui Iraniens, Iraniennes, souhaitent et combattent pour la restauration des grandes libertés et faire de leur Etat une nation moderne et responsable. »

CNRI: une alternative politique

Si les membres de l’OMPI sont durement réprimés à l’intérieur du pays, le mouvement se manifeste cependant régulièrement lors d’immenses rassemblements en dehors d’Iran. Sa pérennité, l’OMPI le doit à sa base sociale. Jouant pleinement son rôle d’alternative politique responsable, le CNRI, s’appuyant sur les réseaux de résistance de l’OMPI à l’intérieur du pays, présente des programmes politiques spécifiques pour répondre aux problèmes du pays après le renversement de la dictature : notamment les engagements en 10 points de Maryam Radjavi pour l’Iran de demain, un plan sur la « séparation de la religion et de l’Etat », une déclaration en 13 points sur les « Droits des femmes », un plan sur l’ «Autonomie du Kurdistan d’Iran ».

Mouvement populaire, l’OMPI réussit à rassembler annuellement des dizaines de milliers d’Iraniens de la diaspora et ses dirigeants rappellent régulièrement par des déclarations publiques leurs conceptions du combat, mené avec abnégation et sérénité : « Permettez-moi une fois de plus de souligner que l’objectif de ce mouvement n’est pas et n’a jamais été de prendre le pouvoir à tout prix. Notre but et de garantir la liberté et la démocratie à n’importe quel prix. (…) Notre but est une république fondée sur la séparation de la religion et de l’Etat où toutes les religions seront traitées sur un pied d’égalité. Et notre programme se résume dans ces trois mots : Liberté, démocratie, égalité. » (Discours de Maryam Radjavi, Présidente élue du CNRI, Villepinte, le 23 juin 2012)

Ivan Sascha Sheehan, directeur du Programme de gestion des Conflits à la faculté des affaires publiques et internationales de l’Université de Baltimore, a écrit le 18 octobre 2012 dans EurActiv.com :

« Avec l’opposition correctement reformulée comme un mouvement politique – leur légitimité revigorée par un soutien à l’étranger de la part des législateurs, des dignitaires de tous bords et d’éminents universitaires américains et européens – il est temps désormais de présenter à nouveau au monde le principal groupe d’opposition expatrié de l’Iran, dirigé par Maryam Radjavi, la Présidente élue du parlement en exil dans les faits basé à Paris. La campagne déterminée du groupe pour la démocratie, les droits de l’homme et la liberté doit désormais être placée sous les feux de la rampe et le message de l’opposition devrait être directement apporté aux dirigeants mondiaux. Définitivement, toute la politique est locale et aucune organisation d’opposition ne cause aux dirigeants religieux de l’Iran plus de nuits d’insomnie que l’OMPI. Le problème iranien a une solution iranienne et le monde devrait rejeter la fausse dichotomie de l’intervention militaire étrangère ou de la complaisance politique éternelle. Des universitaires ont depuis longtemps compris que le changement de régime depuis l’intérieur constitue une troisième voie et le moyen le plus judicieux pour promouvoir une nouvelle gouvernance stable. »

 

 

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