Iran Focus: Les défenseurs des droits de l’homme se sont rassemblés aujourd’hui au Trocadéro pour commémorer les victimes du « génocide » de 1988 en Iran au cours duquel quelque 30 000 prisonniers politiques ont été exécutés. Des dizaines de milliers de sympathisants des Moudjahidine ont été mis à mort après des simulacres de procès, sur une Fatwa « divine » de Rouhollah Khomeiny.
Cette logique de destruction systématique d’un groupe précis de la population, crime qui tombe sous la juridiction pénale internationale, a fait dire au grand spécialiste du droit humanitaire internationale, Juan Garcés, que le massacre de 1988 est en réalité un génocide, paré de tous les attributs d’un crime organisé contre une communauté, sur la base de leurs croyances. En l’occurrence, Khomeiny, le Guide suprême politico-religieux taxait d’hypocrisie ses opposants, parce qu’ils ne croyaient pas comme lui. Il donna l’ordre d’exterminer les membres et sympathisants du grand parti d’opposition, les Moudjahidines du Peuple d’Iran (OMPI) en usant des mots de Mohareb (ennemi de Dieu) et Monafegh (hypocrites à consonance religieuse). Khomeiny stigmatisait en réalité les Moudjahidine du Peuple pour leur vision de l’islam, qu’il prétendait « hypocrite ». Les Moudjahidine, eux, n’ont jamais reconnu le pouvoir divin du Guide suprême religieux.
L’ayatollah Hossein-Ali Montazeri, le dauphin de Rouhollah Khomeiny, a affirmé dans ses mémoires que des milliers de prisonniers avaient été tués. Le nombre final des victimes n’a jamais été annoncé, puisque tant les prétendument modérés que les radicaux du régime font le silence radio sur cet horrible « crime contre l’humanité » (Amnesty International).
Il est évident que l’épisode de 1988 représente un défi à la volonté et la cohérence de la communauté internationale face à de tels crimes. Nous assistons, depuis, à une abondance de preuves concernant l’extermination impitoyable de ses opposants par le régime, essentiellement fournies par les ONG de défense des droits humains, le Rapporteur spécial sur l’Iran désigné par la Commission des droits de l’homme de l’ONU et des milliers de témoignages individuels.
Dans son livre, Montazeri reproduit le texte de la fatwa de Khomeiny : « Etant donné que les Monafeghines (1) sont des traîtres qui n’ont aucune croyance en l’islam, que tout ce qu’ils disent est motivé par la ruse et leur hypocrisie, que leurs dirigeants ont avoué leur apostasie à l’égard de l’islam,(…) Etant donné qu’ils sont en relation avec l’Arrogance mondiale (2), que dès le début de sa fondation, ils ont porté des coups lâches au régime de la République islamique,[Il est ordonné ce qui suit :] Tous ceux qui sont emprisonnés à travers le pays et qui persistent dans leur hypocrisie sont condamnés à mort car ils sont en guerre contre Dieu. »
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1) « Monafeghines » signifie littéralement « Hypocrites », c’est la terminologie officielle du régime pour designer les Moudjahidines du peuple d’Iran.
2) « l’Arrogance mondiale » est le terme utilisé par le régime de Khomeiny pour désigner des Etats-Unis d’Amérique.