AFP : 5 octobre – L’Iran est passé outre mardi aux inquiétudes suscitées par ses activités nucléaires et balistiques en faisant un premier pas vers la reprise de l’enrichissement d’uranium et en annonçant le même jour que ses missiles balistiques ont désormais une portée de 2.000 kilomètres.
L’Iran est passé outre mardi aux inquiétudes suscitées par ses activités nucléaires et balistiques en faisant un premier pas vers la reprise de l’enrichissement d’uranium et en annonçant le même jour que ses missiles balistiques ont désormais une portée de 2.000 kilomètres.
L’ancien président iranien Akbar Hachémi Rafsandjani, resté un personnage central du régime iranien, a révélé pour la première fois que l’Iran avait augmenté la portée de ses missiles balistiques à 2.000 kilomètres, fournissant un motif supplémentaire d’inquiétude à la communauté internationale et à Israël.
« Nous avons aujourd’hui la puissance de lancer nos missiles jusqu’à 2.000 km et les experts savent qu’une fois qu’un pays a franchi cette étape, toutes les suivantes sont accessibles », a déclaré l’ancien président cité par l’agence officielle Irna.
L’Iran a testé le 11 août une version optimisée de son missile conventionnel Chahab-3. Sa portée était jusqu’alors chiffrée entre 1.300 et 1.700 km selon les sources iraniennes. Mais, après le 11 août, des sources israéliennes ont avancé que le Chahab pouvait désormais atteindre jusqu’à 2.000 km.
Peu après, la commission des Affaires étrangères du parlement a adopté à la majorité une proposition de loi forçant le gouvernement iranien à reprendre l’enrichissement d’uranium, allant à l’encontre des demandes de la communauté internationale.
« Le gouvernement est tenu, en s’appuyant sur les scientifiques, les chercheurs et les moyens du pays, et en veillant au respect des engagements auxquels sont tenus l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et les pays qui disposent de cette technologie, d’agir pour que le pays maîtrise la technologie nucléaire civile, notamment le cycle de production de combustible », c’est-à-dire l’enrichissement, affirme le texte, a indiqué à l’AFP Kazem Jalali le porte-parole de la commission des Affaires étrangères.
Si une telle loi était adoptée puis appliquée, elle entraînerait presque immanquablement l’envoi du dossier nucléaire iranien devant le Conseil de sécurité des Nations unies.
Toutefois, aucune date n’a été avancée pour l’examen du texte par le parlement. Selon les analystes, Téhéran veut ainsi souligner sa détermination à ne pas céder face aux pressions internationales et faire monter les enchères sur dossier nucléaire.
Le président du parlement, Ghola-Ali Hadad-Adel, ses deux vice-présidents, Mohammad Reza Bahonnar et Mohammad Hossein Aboutorabi, et tous les autres ténors de la majorité conservatrice font partie des 235 députés (sur un total de 290) qui ont signé la proposition de loi.
Cependant, l’adoption définitive d’un tel texte est soumise à de nombreuses contraintes, stratégiques et législatives. Il doit être soumis au vote de la séance plénière du parlement conservateur. Il devra ensuite passer le sas des institutions de contrôle. Et les décisions sur des questions aussi cruciales que le nucléaire sont prises au plus haut du pouvoir, dans un cercle restreint.
L’enrichissement d’uranium constitue une préoccupation majeure de la communauté internationale, inquiète que la technologie produisant le combustible pour les futures centrales iraniennes ne soit détournée pour fabriquer l’arme atomique.
L’Iran a accepté en octobre 2003 auprès des trois grands Européens (Allemagne, France, Grande-Bretagne) de suspendre ses activités d’enrichissement, en gage de bonne foi. Mais l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) s’alarme depuis de ce qu’elle considère comme étant des remises en cause des engagements pris par Téhéran.
L’AIEA vient de presser l’Iran de suspendre « immédiatement » toutes ses activités d’enrichissement, y compris les opérations préalables, telles la construction de centrifugeuses et la production d’hexafluorure d’uranium (UF6), dont Téhéran a annoncé la reprise, arguant qu’elles ne sont pas constitutives de l’enrichissement.
A l’initiative des trois Européens, l’AIEA a aussi donné à l’Iran jusqu’au 25 novembre pour lever les doutes sur la nature de ses activités. Elle réserve sa décision pour sa prochaine session en novembre. Mais elle pourrait alors saisir le Conseil de sécurité si elle estime que l’Iran n’a pas satisfait à ses exigences.