AFP, Vienne, 19 mars – L’Iran a empêché des inspecteurs des Nations unies de visiter samedi une vaste installation souterraine d’enrichissement d’uranium à Natanz, mais les inspecteurs vont faire une nouvelle tentative, ont indiqué lundi des diplomates à l’AFP.
Ces inspections de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) interviennent alors que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) et l’Allemagne sont tombés d’accord la semaine dernière sur un projet de résolution prévoyant de nouvelles sanctions contre l’Iran pour son refus de suspendre ses activités nucléaires sensibles.
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a demandé, comme le règlement de l’ONU l’y autorise, à participer à la séance du Conseil de sécurité quand ce dernier se prononcera sur de nouvelles sanctions contre son pays. De premières consultations formelles sur le projet de résolution ont été programmées pour mercredi.
L’Iran s’était engagé à accorder « de fréquentes visites d’inspection » dans le site de Natanz, avait indiqué en février l’AIEA.
Des inspecteurs de l’AIEA doivent faire une nouvelle tentative cette semaine, peut-être jeudi, ont indiqué des diplomates à l’AFP sous le couvert de l’anonymat.
Ils ont indiqué également que les retards dans les inspections étaient normaux et qu’ils pouvaient n’être que le fruit de changements de calendrier ou la mise au point de questions légales.
Bloqué définitivement l’accès à ce site serait, de la part de l’Iran, une violation de ses obligations dans le cadre du Traité de non-prolifération (TNP) nucléaire.
Aucun responsable iranien n’avait pu être joint lundi soir à Vienne.
Le directeur général de l’AIEA, Mohamed ElBaradei, avait indiqué le 22 février que l’agence souhaitait installer des caméras de surveillance dans le hall où se trouvent les centrifugeuses à l’intérieur du bunker souterrain de Natanz.
Un rapport de l’AIEA, rendu public le même jour, indiquait que l’Iran poursuivait l’enrichissement d’uranium dans une usine pilote en surface à Natanz, dans le centre du pays. Deux cascades de 164 centrifugeuses qui fonctionnent « à vide » ont été installées dans un vaste site souterrain à Natanz et deux autres cascades de 164 centrifugeuses sont en cours d’installation dans ce site, révélait le rapport.
M. ElBaradei avait alors indiqué que l’AIEA avait « accepté des arrangements concernant les inspections » dans le site souterrain de Natanz « incluant de fréquentes visites d’inspection mais excluant les caméras de surveillance ».
« L’Iran a été informé que ces arrangements seraient valables tant que le nombre de centrifugeuses installées n’excédait pas 500 et que de nouvelles mesures de sécurité seraient nécessaires si ce nombre était supérieur », avait déclaré M. ElBaradei.
Selon l’un des diplomates qui a requis l’anonymat, l’Iran ne veut pas que l’AIEA constate « qu’il y a maintenant plus de 500 centrifugeuses qui fonctionnent en sous-sol » et c’est selon lui, la cause du report de la visite du site de Natanz.
Les autorités iraniennes ont par ailleurs averti lundi la communauté internationale qu’elle ferait face à une « réponse proportionnée » de Téhéran en cas de nouvelle résolution du Conseil de sécurité de l’ONU.
Des diplomates à Vienne ont émis lundi soir l’hypothèse que l’une des réponses de l’Iran pourrait être, dans le cas où de nouvelles sanctions seraient adoptées par le Conseil de sécurité, de refuser l’accès du site de Natanz.