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Iran /France: les amis des mollahs cherchent à éviter les sanctions

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Iran Focus : Alors que la communauté internationale cherche le consensus pour stopper le programme d’

’armement nucléaire du régime iranien, les amis du régime du guide suprême en France ne sont pas en reste. Ils cherchent à faire passer l’idée que loin de le pénaliser, les sanctions profiteraient au régime. L’un de ces apologistes du rapprochement avec cette terrible théocratie prétend qu’il serait  « absurde de les pénaliser par de nouvelles sanctions de type économique ou autre, que le régime et ses clients sauraient, comme souvent par le passé, retourner à leur profit. (1) ».

 

 

Ces propos vont étrangement dans le sens de la propagande du régime qui a longtemps essayé de jouer la corde du  nationalisme. «Un certain nombre d’Iraniens estiment qu’ils ont droit au nucléaire. Dans ces conditions, des sanctions internationales renforcées contre l’Iran pourraient donner des arguments au régime pour fédérer la population contre l’étranger ». (2)

 

 

Ces déclarations qui semblent être une cacophonie orchestrée par un lobby qui ne dit pas son nom, rend bien service aux mollahs et à certains intérêts financiers et pétroliers français qui convoitent les richesses de l’Iran. (3)  Cependant, à travers les slogans scandés au cours de manifestations successives, la population iranienne a montré que sa manière la plus éloquente de manifester son nationalisme c’est de renier ce régime et sa folie nucléaire. Se moquant du slogan d’Ahmadinejad, «l’énergie nucléaire est notre droit inaliénable», les jeunes Iraniens ont scandé (notamment le 18 septembre durant la journée de Qods) «la liberté est notre droit inaliénable», « nous ne voulons pas d’armes nucléaires ».

  

 

Thierry Coville
Les autorités savent mieux que quiconque qu’outre la constante succession des manifestations et les déchirements internes qui le secouent, le spectre des sanctions internationales risquent de déstabiliser dangereusement le pouvoir iranien. Mobilisant ses ressources dans les capitales occidentales, le régime cherche à brouiller les cartes en jetant le doute sur le bien fondé des sanctions, manœuvrant à la fois habilement pour gagner du temps à travers d’interminables négociations. La dernière en date est l’illusion que cherche à susciter les déclarations d’Ahmadinejad sur son désir de négocier.

 

 

Sept mois après son déclenchement, le soulèvement courageux de la population semble résolu à tenir la rue et venir à bout d’une des dictatures les plus sombres du XXIème siècle. Le mouvement a franchi un tournant décisif durant la journée dAchoura le 27 décembre et se prépare à une nouvelle épreuve de force le 11 février prochain, qui s’annonce décisif. Le peuple iranien a renversé sur le même rythme la dictature du Chah en 1979, il n’est pas invraisemblable que son exploit puisse se renouveler 30 ans après.

 

 

Or  l’urgence et l’importance du soutien international, comme condition de son succès ne saurait être négligé. Rappelons-nous de la pression internationale qui a convaincu le Chah à lâcher prise et quitter le pays. Plus que des paroles, la population attend des signes palpables. Aujourd’hui, la rupture des relations diplomatiques avec le régime iranien, aura un impact significatif pour démoraliser la classe dirigeante et conforter le peuple iranien de la solidarité internationale. Ensuite, le peuple iranien souhaiterait voir avant tout le régime sanctionné pour ses atteintes flagrantes aux droits de l’homme et pour avoir usurpé la souveraineté démocratique des citoyens. Un signal fort de la part de la communauté internationales particulièrement des pays occidentaux, serait justement des sanctions qui de toute évidence fragiliseraient un régime dont les dirigeants et les pasdarans monopolisent l’essentiel du pouvoir économique.

 

 

Choqué par l’immobilisme déconcertant de la communauté internationale qui a laissé le peuple iranien à son sort, les manifestants iraniens n’ont pas hésité à lancer un message à l’adresse du président américain. Lors de la grande manifestation du 4 novembre, un slogan a retenti dans les rues de Téhéran: « Obama, ya ba ouna, ya ba ma » (Obama, soit avec eux, soit avec nous). Par ailleurs, « à bas la Russie, à bas la Chine » scandé par la population a illustré le discernement des manifestants qui dénoncent les alliés immédiats du régime, ces pays qui se sont opposés au boycott.

 

 

Pour sa part, le lobby en France se mobilise plus que jamais pour appeler à la retenue et éloigner le spectre des sanctions. En « spécialistes » de la question iranienne, les amis du régime visent avant tout à semer le doute chez les décideurs politiques dans les capitales occidentales. Ils ont récemment annoncé la formation d’une « Association d’amitié France-Iran  pour améliorer les relations, actuellement exécrables entre les deux pays » revendique ouvertement l’«annulation » des sanctions contre le régime.  L’association «  regrette que la France soit en première ligne dans l’offensive occidentale contre l’Iran, soupçonnée de vouloir se doter de la bombe, à des fins militaires.» (4) 

 

Le comble est de se lamenter sur le sort du peuple iranien en proposant des remèdes qui feront le bonheur des bourreaux de ce peuple : « Le réexamen de telles sanctions en réponse explicite au mouvement de fond qui traverse en ce moment la population iranienne serait pour l’opposition un puissant encouragement, et une source d’embarras pour le régime.  Le bon message pourrait être de cesser d’agiter ce genre de sanctions, et même d’en annuler certaines. » (5)

 

 

À cet égard, il convient de rappeler un fait historique et les circonstances dans lesquelles la population a eu raison de la dictature du Chah en février 1979. Depuis le mois d’août 78, la classe ouvrière participait aux grandes manifestations. Un peu partout, les travailleurs s’étaient mis en grève. Par un hiver glacial, la paralysie du secteur pétrolier, en grève depuis le 18 octobre 1978, avait créé une pénurie de fioul dans les foyers. Pourtant, la population soutenait les grévistes, des fonds d’entre-aide s’étaient créés pour encourager le mouvement de grève en dépit de la pénurie et des privations qu’il engendrait. On voulait à tout prix voir partir le tyran.

 

 

Aujourd’hui des milieux douteux cherchent à inculquer l’idée que le mouvement de contestation en Iran est destiné à s’évanouir et qu’il ne faut surtout pas changer de mise. L’impératif du moment est de faire preuve de retenue parce qu’il y a encore lieu à gagner avec les mollahs. « Aujourd’hui, le gouvernement iranien est très fort. Même si les résultats officiels sont éminemment contestables, Ahmadinejad a été élu et il est très probable qu’il ira jusqu’au bout de son mandat de quatre ans. » (6) Il ne faut pas s’émouvoir du mouvement populaire dans le pays et surtout éviter d’aller trop vite en besogne. « Dans l’immédiat, l’important est de ne rien faire » qui puisse compromettre les bonnes affaires avec l’Iran (7).

 

 

On veut donner l’illusion qu’il y a toujours de l’espoir dans la poursuite des négociations, avec ce régime sur le nucléaire, même si elles devaient s’éterniser. « Cette négociation mériterait d’être poursuivie à un niveau technique, car tout n’a pas été exploré de la formule visant à échanger l’essentiel de l’uranium déjà enrichi par l’Iran contre un nouveau cœur pour son réacteur de recherche. » (8) Sept ans de vaines palabres n’ont pas suffi pas, il faut donc donner du temps au temps pour que le régime obtienne enfin sa bombe. La stratégie du régime consiste à gagner du temps afin d’éloigner le spectre des sanctions économiques et politiques qui pourraient compromettre sa stabilité, à l’instar de celles initiées contre l’Afrique du sud dans les années 80, qui ont fini par venir à bout de l’apartheid.

 

 

Certes, les sanctions n’entameront pas la volonté inflexible de la théocratie pour finaliser la bombe, mais elles porteraient un coup sévère à un régime fragilisé de l’intérieur par des scissions internes aigues et un climat insurrectionnel inédit dans les anales de la république islamique. La solution tant à la crise sur le nucléaire qu’à la souffrance du peuple iranien ne pourrait venir que d’un changement de régime par la population, dont le slogan est aujourd’hui « à bas le principe du guide suprême ». A n’en pas douter : des sanctions ne feront qu’accélérer ce processus de désintégration.  

 

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(1) (4) (7) (8) : François Nicoullaud, Le Monde, 1er janvier 2010
(2) Thierry Coville, La croix, 28/12/2009 
(3) : Christophe de Margerie, directeur général du groupe total : « L’Iran est un pays de 65 millions d’habitants. Il a une forme de démocratie et nous avons des liens historiques avec lui. (…) L’Iran rembourse à Total ses investissements antérieurs. Il ne faudrait pas que de nouvelles sanctions l’empêchent d’honorer ses dettes. » (Le Monde, 06.10.07)
(3) Le blog de George Malbrunot dans Figaro.fr, 22 novembre 2009
(6) : Bernard Hourcade, Le Monde, 28 décembre 2009.
 

 

 

 

 

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