The Wall Street Journal, 27 décembre 2006 – Parmi les événements les moins surprenants qui se soient produits ce week-end de fête, lIran a dénoncé la résolution imposant des sanctions pourtant modérées du Conseil de Sécurité de lONU contre son programme darmes nucléaires. Chose plus surprenante, mais aussi encourageante, le département dEtat américain semble peu enthousiaste.
« Dès dimanche matin, nous allons débuter nos activités à Natanz », a annoncé Ali Larijani, négociateur nucléaire en chef de lIran, à propos de ce site renfermant 3000 centrifugeuses pour lenrichissement duranium. « Et nous allons les faire tourner à pleine vitesse. Ce sera notre réponse immédiate à cette résolution. »
Pourquoi lIran devrait-il réagir avec plus dinquiétude, puisque le texte de la résolution de lONU représente pour Téhéran à peine une petite réprimande pour plusieurs années de violations de ses engagements sous le Traité de non-prolifération nucléaire ? Quatre mois après que lIran ait refusé de respecter la date limite du 31 août fixée par lONU pour mettre un terme à ses projets denrichissement nucléaire, le mieux quait pu faire le Conseil de Sécurité de lONU, cest de se mettre daccord sur un gel limité dactifs pour 10 sociétés et 12 individus impliqués dans le programme.
La résolution, qui dicte que les pays cessent de fournir du matériel utilisé dans le programme nucléaire de lIran, vient tailler une énorme faille dans le projet de Bushehr, réacteur à eau légère soutenu par la Russie. Même la proposition dimposer une interdiction internationale de voyages contre des hauts responsables iraniens na finalement pas été retenue en raison de linsistance de la Russie. John McEnroe dirait certainement de cette résolution « Vous nêtes pas sérieux ! »
La comédie est allée si loin que le département dEtat na pu lavaliser sans réserve. Nicholas Burns, bras droit de la secrétaire dEtat Condoleezza Rice, a fait léloge de cette résolution qui isole lIran, mais a ajouté : « Nous ne pensons pas que cette résolution soit suffisante en elle-même ». Il a de plus annoncé que les USA chercheraient désormais à former une coalition en-dehors de lONU afin dexercer une pression plus importante sur Téhéran. Ce nest quune question de temps.
Ladoption de cette résolution survient en même temps que lannonce de la capture par les troupes de la coalition dIraniens qui assistaient des insurgés en Irak. Ceci pourrait bien démonter aux Américains à quel point les dirigeants iraniens tentent de nuire aux intérêts américains au Moyen Orient. Ce sont les mêmes Iraniens avec qui Jim Baker, Lee Hamilton et la plupart des diplomates américains veulent négocier ; peut-être que si les USA leur permettaient de devenir une puissance nucléaire, les hauts responsables iraniens accepteraient alors dessayer de tuer moins de GI.