AFP, Téhéran, 20 mai – La police iranienne a arrêté ces derniers jours à Téhéran plus d’un millier de « voyous » dans une opération ayant suscité des critiques en raison des mauvais traitements qu’auraient subis certains d’entre eux, ont rapporté dimanche des médias.
L’opération, lancée depuis jeudi, fait partie d’une campagne pour « renforcer la sécurité publique », lors de laquelle la police a adressé de nombreux avertissements aux Iraniennes respectant mal le code vestimentaire islamique.
Elle vise ceux qu’on appelle les « arazel va orbash » (« voyous et canailles »), qui sévissent dans les quartiers populaires du sud de la capitale et à qui les autorités attribuent notamment des actes d’extorsion et de violences.
Cité par l’agence Fars, le chef de la police de Téhéran, Ahmad Reza Radan, a déclaré que l’opération continuerait jusqu’à l’arrestation du « dernier voyou ».
Selon lui, environ 100 délinquants majeurs, 300 de leurs proches et quelque 700 délinquants mineurs ont été arrêtés.
Mais les médias iraniens se sont surtout concentrés sur la façon dont ont été traités certains suspects.
Des photos de Fars, publiées dans plusieurs quotidiens, ont montré notamment un homme, pieds et torse dénudés, tenu dans la rue par des policiers et portant autour du cou deux cruches d’eau utilisées pour les ablutions intimes.
Et selon le quotidien Sarmayeh, la police a également fait parader certains des « voyous » juchés sur des ânes, en « forme d’avertissement aux autres ».
« Selon la loi, personne n’a le droit d’exhiber les gens dans la rue comme ça », a déclaré l’avocat des droits de l’Homme, Mohammad Ali Dadkhah.
Pour le vice-procureur de Téhéran, Reza Jafaari, la police semble être allée trop loin.
« Tout crime mérite une punition selon la loi (mais) la police ne devrait pas l’appliquer et faire défiler un individu après l’avoir arrêté », a-t-il dit, selon le journal Ham-Mihan.
Mais le procureur de Téhéran, Saïd Mortazavi, a justifié l’action de la police et des juges qui « doivent agir sans peur contre les voyous et les canailles ».
Le chef de la police iranienne a admis en revanche que certains officiers avaient outrepassé leurs prérogatives.
« L’attitude choquante et humiliante de certains policiers n’a pas notre soutien », a dit le général Esmaïl Ahmadi Mogadam, cité par l’agence Irna, en précisant qu’a été « donné l’ordre d’agir contre eux ».
Il n’en a pas moins dédouané ses hommes en assurant que « la décision de faire parader les accusés dans le quartier a été prise avec l’approbation du procureur ».
Selon M. Mortazavi, l’opération vise ceux qui « ont recours à l’extorsion (d’argent), les violeurs, ceux qui possèdent des centres de corruption et ceux qui consomment de l’alcool en public ».
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Mohammad Ali Hosseini, a rejeté les accusations de l’association de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch, basée à New York, qui avait critiqué cette campagne, en assurant que ces actions visaient à « assurer la sécurité du pays ».