AFP, Téhéran, 11 septembre – Le sociologue irano-américain Kian Tajbakhsh, détenu en Iran depuis mai pour actions contre la sécurité nationale, a affirmé mardi qu’il serait prochainement libéré, dans une affaire qui a contribué à aggraver les tensions avec les Etats-Unis.
Cette libération serait la deuxième après celle de l’universitaire irano-américaine Haleh Esfandiari, qui a quitté le pays au début du mois.
Arrêtés en mai à Téhéran avec l’homme d’affaires irano-américain Ali Shakeri, Mme Esfandiari et M. Tajbakhsh ont été présentés par les autorités iraniennes comme étant au service des Etats-Unis pour contribuer à une « révolution de velours » en Iran.
Washington a qualifié ces accusations de « ridicules ».
Mardi, M. Tajbakhsh a été présenté de façon inopinée à des journalistes iraniens et étrangers convoqués pour un point de presse à la prison d’Evine, dans le nord de la capitale.
« Je m’attends à être relché bientôt, mais je ne sais pas quand exactement », a dit le prisonnier, habillé en civil.
Peu après, Ali Reza Jamshidi, porte-parole du ministère de la Justice, a dit à la presse qu’une « décision pourrait être prise d’ici un à deux jours, mais elle revient au juge ».
Comme l’avait fait Mme Esfandiari au moment de sortir de la prison d’Evine, M. Tajbakhsh a évoqué ses conditions de détention, qu’il a qualifiées de « bonnes ».
« Je suis dans une cellule d’isolement, j’ai une table et une télévision, et des sanitaires », a dit le prisonnier dans un jardin d’Evine.
M. Jamshidi a précisé qu’il n’y avait pas de cellule d’isolement dans les prisons iraniennes mais qu’il s’agissait de « suites » dans lesquelles certains prisonniers sont détenus.
« Une suite d’isolement possède tous les conforts nécessaires. Cela signifie simplement que le prisonniers n’a pas de contact avec d’autres prisonniers », a précisé M. Jamshidi.
« J’ai des visites hebdomadaires de ma femme », a précisé M. Tajbakhsh, en ajoutant qu’il pouvait « lui parler par téléphone presque chaque soir ».
« Mais je n’ai pas le droit d’utiliser la piscine » de la prison, a-t-il toutefois ajouté.
Le prisonnier, qui s’exprimait en anglais et en persan, a refusé de préciser les motifs avancés par les autorités pour justifier sa détention.
« Bien entendu, on m’a dit pourquoi j’étais détenu, mais je préfère ne pas discuter de ces questions à ce stade, a-t-il expliqué. L’enquête suit son cours, il n’y a aucune charge formelle dans l’affaire. »
La justice iranienne avait annoncé le 12 août que l’enquête sur M. Tajbakhsh et Mme Esfandiari était bouclée.
Ces deux derniers étaient apparus fin juillet dans un programme intitulé « Au nom de la démocratie » diffusé par la télévision iranienne. Ils y indiquaient à demi-mots avoir été impliqués dans une opération visant, selon les autorités, à « déstabiliser le régime ».
Washington avait vigoureusement protesté contre ce programme, en dénonçant des propos obtenus sous la contrainte.
M. Tajbakhsh a démenti mardi que ses propos constituaient une « confession ». « Je ne considère pas cela comme une confession, a-t-il dit. Tant que je ne suis pas mis en accusation, je ne peux répondre d’aucune accusation. »
Mme Esfandiari, 67 ans, a été libérée le 21 août après le versement d’une caution de trois milliards de rials (320.000 dollars). Elle a quitté le pays le 2 septembre.
Les autorités américaines ont exprimé à cette occasion leur satisfaction.
Une quatrième Irano-américaine, la journaliste Parnaz Azima, arrêtée puis libérée sous caution, a été accusée de travailler pour une radio « contre-révolutionnaire », Radio Farda, financée par le gouvernement américain et basée à Prague.
Mme Azima a récemment récupéré son passeport et entend quitter le pays.
L’Iran, qui ne reconnaît pas la double nationalité, avait rejeté à plusieurs reprises les demandes de libération de Washington en affirmant que leur cas ne concernait pas les Etats-Unis.