Le Monde, 24 janvier – Le porte-parole du département d’Etat américain a appelé, mercredi 23 janvier, l’Iran à conduire une « enquête approfondie » sur la mort en prison, le 15 janvier à Sanandaj, d’un étudiant kurde, Ebrahim Lotfollahi, arrêté neuf jours plus tôt, sans raison précise. Le gouvernement iranien affirme qu’il s’agit d’un « suicide ».
Le communiqué du département d’Etat accuse le régime iranien de « continuer à priver ses citoyens de perspectives d’avenir sans peur, sans mauvais traitements, sans arrestations arbitraires ». Il fait également référence à trois enseignants de religion bahaïe détenus à Chiraz ainsi qu’à trois étudiants de l’université Amir Kabir à Téhéran que « les autorités pénitentiaires refusent de libérer malgré la décision d’un juge en décembre ».
Le Prix Nobel de la paix Shirin Ebadi a aussi demandé une enquête, mercredi, sur la mort de M. Lotfollahi. Sa famille, qui a réclamé en vain une autopsie, réfute la thèse du suicide. A l’approche des élections législatives du 14 mars, dans un climat politique exacerbé par les luttes entre réformateurs et conservateurs au pouvoir, une vague d’arrestations a touché opposants, militantes féministes et étudiants contestataires. Cinquante sont incarcérés, parfois sans explications.
Dans un récent rapport, la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) dénonce cet état de fait et cite le cas de deux militantes féministes kurdes, Ronak Safardazeh et Hanna Abdi, emprisonnées depuis septembre 2007 pour avoir pris part à la campagne « Un million de signatures » pour faire avancer la condition des femmes en Iran.
La FIDH attire aussi l’attention sur le suicide suspect d’une femme médecin, Zhara Bani-Ameri, arrêtée pour « relations illégales » avec son fiancé. Elle se serait pendue en prison à Hamadan le 13 octobre 2007. Son frère lui avait parlé « normalement » trente minutes plus tôt au téléphone.
Au cours d’un échange de vues inhabituel avec les députés du Parlement européen, mercredi à Bruxelles, le négociateur iranien sur le nucléaire, Saïd Jalili, a été interpellé sur la pratique des lapidations et celle des pendaisons publiques en Iran. M. Jalili a répondu de manière abstraite sur la nécessité de « respecter les différentes cultures ».