RSF, 1 décembre 2008 – Reporters sans frontières condamne la décision prise le 29 novembre 2008 par le tribunal spécial du clergé de la ville de Qom (centre-nord du pays) dinfliger une peine de quatre ans de prison et de cinq ans de bannissement au journaliste en ligne Mojtaba Lotfi, accusé de diffusion dopinions du grand ayatollah Montazeri et de publicité contre le régime. Il est détenu depuis le 8 octobre à Qom.
Le tribunal spécial du clergé fonctionne indépendamment de tout cadre judiciaire classique. Cette décision est injuste et a été prise à charge contre Mojtaba Lotfi, qui na pas eu loccasion de se défendre. Nous insistons sur le fait quen plus dêtre un scandale humain, larrestation de Mojtaba Lotfi est une mesure dintimidation intolérable à lencontre de la blogosphère. Nous demandons sa libération, a déclaré lorganisation.
Mojtaba Lotfi a été arrêté le 8 octobre pour avoir diffusé sur Internet des propos de layatollah Hossein Ali Montazeri, un célèbre opposant au guide suprême de la révolution islamique, layatollah Ali Khamenei, critiquant la déclaration du président Mahmoud Ahmadinejad selon laquelle lIran serait le pays le plus libre du monde Le lendemain, des agents du ministère du Renseignement ont perquisitionné la maison du journaliste en ligne à Qom sur ordre du tribunal spécial du clergé, confisquant le disque dur de son ordinateur, ainsi que certains documents personnels.
Le tribunal spécial du clergé a été créé par layatollah Khomeiny en 1979 pour juger les religieux qui collaboraient avec lancien régime lors de la période révolutionnaire. Il a été réactivé par layatollah Ali Khamenei, actuel guide suprême de la Révolution. Selon certains juristes et défenseurs des droits de lhomme en Iran, cette instance est illégale. Laccusé ne peut être défendu et, même sil lest à titre exceptionnel, cest un mollah (dignitaire religieux et docteur de la loi musulmane) qui lui sert davocat.
Mojtaba Lotfi est un mollah, il avait été condamné à trois ans et dix mois de prison pour avoir publié "des mensonges" sur un site dinformations sur la ville de Qom, dans un article intitulé "Le respect des droits de lhomme dans les affaires impliquant le clergé". Il souffre également de problèmes pulmonaires suite à une blessure subie lors de la guerre Iran-Irak (1980-1988).
Par ailleurs, la revue Ayandeh-é-No (Le nouvel avenir) a été suspendue pour publication irrégulière (art. 16 du code de la presse), le 29 novembre, sur ordre de la Commission dautorisation et de la surveillance de la presse, placée sous la tutelle du ministère du Guide et de lOrientation islamique. Quelques jours avant la suspension de la revue, son directeur avait annoncé la sortie prochaine de Ayandeh-é-No avec léquipe de lhebdomadaire Shahrvand Emrouz, suspendu le 5 novembre.