AFP: La crise des droits de l’Homme s’est intensifiée en 2010 en Iran, le régime ayant recours à la torture et l’intimidation pour maintenir la pression sur ses détracteurs et asseoir son pouvoir, a estimé lundi l’ONG Human Rights Watch (HRW).
« Les limitations imposées à la liberté d’expression et d’association, ainsi que les discriminations religieuses et sexistes ont continué avec la même violence », estime l’ONG basée à New York dans son rapport 2010.
Le groupe déplore par ailleurs que le programme nucléaire iranien controversé ait « éclipsé les graves inquiétudes au sujet de la crise toujours plus profonde des droits de l’Homme dans ce pays ».
Selon HRW, plus de 6.000 personnes ont été arrêtées après les présidentielles contestées de juin 2009, qui ont vu la réélection du conservateur Mahmoud Ahmadinejad, l’opposition dénonçant des fraudes.
« Les enquêteurs ont fait usage de la torture pour obtenir des aveux, sur la base desquels le système judiciaire a prononcé des condamnations à de longues peines de prison et même à la peine capitale », dit HRW.
L’Iran a exécuté au moins neuf « dissidents politiques » depuis novembre 2009, tous reconnus coupables de « moharebeh » (« ennemi de Dieu »), dit l’ONG, soulignant que 16 Kurdes attendent par ailleurs leur exécution pour leur soutien présumé à des groupes armés.
« Des centaines de personnes, dont des avocats, des défenseurs des droits de l’Homme, des journalistes, des militants de la société civile et des chefs de l’opposition sont maintenus en détention sans accusation », dit HRW, accusant l’Iran d’intimidation contre les avocats qui s’occupent des droits de l’Homme et les empêchent de défendre des détenus politiques.
Le rapport dénonce également les discriminations faites aux groupes religieux minoritaires, dont les sunnites, les bahaïs, des soufis et des chrétiens.
« La loi iranienne continue de discriminer les minorités religieuses, dont les sunnites musulmans, en matière d’emploi et d’éducation », écrit HRW, soulignant que « les sunnites, (10% de la population), ne peuvent pas construire de mosquée dans les grandes villes ».
Sept chefs bahaïs ont été accusés d’espionnage et condamnés à 10 ans de prison.
Les dignitaires chiites contestataires ne sont toutefois pas en reste.
« L’ayatollah Kazemini Boroujerdi, dont l’interprétation de l’islam appelle à la séparation entre religion et gouvernement, a entamé sa quatrième année de prison (…) sans accusations connues », estime HRW.