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Ingrid Betancourt: «Il faut se battre pour les kidnappés d’Achraf» .

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Tribune de Genève, 11 aout – Interview  par Cathy Macherel et Olivier Bot:  L’ex-otage des FARC était hier à Genève pour défendre la cause des Iraniens du camp d’Achraf, menacés en Irak.

Ingrid Betancourt, pourquoi ce combat pour la défense des moudjahidines?
Les gens du camp d’Achraf sont des kidnappés du gouvernement irakien, sans qu’il n’y ait aucune sanction internationale. Ils sont totalement abandonnés à leur sort, sans accès aux soins, aux hôpitaux. Ce sont 3500 personnes qui ont fait confiance au gouvernement des Etats-Unis au moment où les Américains étaient en Irak. Or aujourd’hui, on les abandonne. Le gouvernement irakien a dit qu’il «fermerait» le camp d’Achraf d’ici à la fin de l’année. Il faut bien entendre «fermer» entre guillemets, au vu du massacre commis le 8 avril (35 tués, 350 blessés). C’est un génocide annoncé. On ne peut pas rester là, à dormir tranquillement.

 Votre ex-condition d’otage explique-t-elle cet engagement?
Je plaide pour la cause de tous ceux qui ont perdu leur liberté, de quelque manière que ce soit.

Cela ne vous gêne-t-il pas que les moudjahidines du peuple soient toujours classés sur la liste américaine des organisations terroristes, comme les FARC?
C’est profondément injuste. Cette organisation a aidé les Etats-Unis en Irak. Elle a déclaré qu’elle veut la démocratie, elle n’est pas armée, elle ne commet pas d’acte terroriste. C’est un paradoxe, au moment où l’Occident espère voir la démocratie arriver dans les pays arabes, de ne pas soutenir ceux qui s’organisent pour défendre la démocratie contre une dictature. Car le gouvernement iranien contre lequel cette organisation se bat est bien une dictature.

Vous battez-vous encore pour les otages qui restent aux mains des FARC, en Colombie?
Oui, c’est difficile. Après ma libération et celle des quinze otages qui étaient détenus avec moi, la vingtaine de ceux qui restent prisonniers sont des soldats, des policiers. Leur cause est beaucoup moins médiatisée. Personne ne s’intéresse à leur vie. Pour certains, cela fait quatorze ans qu’ils sont en captivité… Que faire? C’est très frustrant. Et d’autant plus difficile que le jeu politique est complexe, et qu’il est impossible de dialoguer avec les FARC. Agir, oui, mais toutes nos idées s’écrasent contre le mur de l’indolence.

Que faites-vous aujourd’hui?
Je reconstruis ma vie. J’ai retrouvé le bonheur de vivre, et, ça, c’est important. J’ai des préoccupations spirituelles qui sont proches de mon engagement politique. Les deux font appel à une réflexion sur la condition humaine. Je vais reprendre des études, en théologie, c’est quelque chose qui m’enthousiasme beaucoup. J’ai eu aussi une énorme satisfaction à écrire mon livre (ndlr: «Même le silence a une fin», salué par la critique), j’ai envie de reprendre le stylo. Mais pour m’essayer à la fiction. On verra si j’y arrive!

A propos de fiction, Hollywood s’est emparé de votre histoire. Cela vous emprisonne-t-il dans votre condition d’otage?
Vous savez, je pense qu’il faut être très sain vis-à-vis de ce qu’on a vécu. On ne doit pas oublier ou faire semblant d’oublier. Je veux aller de l’avant. J’ai une satisfaction à l’idée que l’expérience que j’ai vécue puisse apporter quelque chose à d’autres êtres humains. On a ses vies, on a ses rêves… il faut savoir faire la part des choses. Tout le monde a grandi dans cette histoire. Ceux qui ont été en captivité avec moi, ma famille, mes enfants, ceux qui m’ont soutenue. Cette expérience nous a permis de nous remettre en cause. Maintenant, c’est à moi de soutenir ceux qui ont besoin de mon aide. On reçoit, puis on donne.

http://www.tdg.ch/actu/monde/battre-kidnappes-achraf-2011-08-10
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