Iran Focus : (Vidéo) Le combat pour les droits humains a payé un lourd tribut en 1988 en Iran. Le 25è anniversaire de ce qu’Amnesty internationale a appelé « le massacre des prisons » en Iran est l’occasion de se souvenir d’un crime sans précédent dans l’histoire contemporaine. Sur un decret religieux, un fatwa de Khomeiny, 30 000 prisonniers d’opinion ont été mis à mort dans une tuerie organisée dans les prisons iraniennes. Voici le communiqué du Comité français pour un Iran démocratie (CFID), signé par Alain Vivien et François Colcombet..
Il y a parfois des anniversaires que la conscience universelle répugne à commémorer. Si les militants des droits de l’Homme ne les oublient pas, trop souvent les politiques, en Occident, font semblant de les ignorer, obnubilés qu’ils ont par l’idée qu’un jour, les tueurs pourraient se muer en interlocuteurs respectables.
Les 30.000 victimes reposent aujourd’hui dans plusieurs charniers. Leurs parents lorsqu’ils veulent honorer leur souvenir, ne sont pas les bienvenus. La police politique du régime des mollahs les pourchassent quand elle ne les arrête pas.
Ces hommes et ces femmes enterrés depuis 25 ans, quels étaient-ils ? Beaucoup d’entre eux des citoyens iraniens qui avaient combattu le régime du schah. Ils avaient déjà subi dans leur chair dénigrement, emprisonnement et torture. Mais ils n’avaient pas renoncé et, avec les autres forces qui combattaient le régime du Schah, ils avaient remporté la victoire.
C’était sans compter avec la rouerie du système obscurantiste qui ne tarda pas à s’emparer des rouages de l’Etat. Il avait de bonne raison pour cela. Comment pouvait-il tolérer des militants inspirés par les grandes valeurs universelles, ennemis déterminés de toute dictature, favorables à une démocratie multipartiste, à la séparation de l’Etat et des religions et à l’égalité entre les femmes et les hommes?
Alors a recommencé la guerre éternelle de l’ombre contre la lumière. Le nouveau régime s’est retourné sans pitié contre le mouvement des Moudjahidine du peuple. La cruauté des exécutions a fini par soulever le cœur de plusieurs notables du régime, parmi eux l’héritier virtuel de Khomeiny, l’ayatollah Montazeri dont la lettre de protestation signait l’arrêt de sa mort politique.
Aujourd’hui, l’Iran vient d’élire un nouveau président. Les nations démocratiques toujours avides d’espérance attendent des gestes significatifs sur les dossiers brûlants du nucléaire, des armes et de la sécurité régionale. Les actes diplomatiques qui devront être posés à court terme nécessitent dès à présent des signes politiques. Parmi eux, la condamnation des massacres de juillet-août 1988 constituerait une avancée appréciable aux yeux de l’opinion publique, en Iran et dans le reste du monde. Le nouveau président iranien, pour sa part, vient de donner un signe négatif en proposant pour ministre de la justice, le Mollah Mostafa Pour-Mohammadi, l’un des principaux décideurs de ce massacre, désigné en personne par Khomeiny comme membre du sinistre « commission de la mort », chargé de décider du sort de chaque prisonnier.
Le CFID appelle la Haute Commissaire de l’ONU pour les droits de l’Homme et le rapporteur spécial du Conseil des Droits de l’Homme sur la situation en Iran, le Dr. Ahmad Shaheed, d’initier une comission d’enquête sur ces massacres, dans le but de faire paraître les commanditaires et les auteurs devant une juridiction internationale compétante.
Alain Vivien François Colcombet
Ancien Ministre Ancien magistrat