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Iran – La peste brune

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Iran Focus, 29 juin – Par Navid Pirouzi – L’arrivée d’Ahmadinejad à la présidence de la théocratie iranienne, n’est pas la première étape de la mainmise des bandes brunes. Il s’agit en fait de l’aboutissement d’un courant qui a débuté il y a deux ans.

Tout cela a commencé lors de l’élection des conseils municipaux ; des bandes brunes du nom de Abadgaran avait remporté la victoire. Abadgaran est un groupe composé de bandes comme le « Ansar-Hezbollah », et « Issar Garan Enghelab Eslami ». Il s’agit de deux milices ultra violentes qui prennent directement, mais officieusement, leurs ordres du guide suprême. Vêtus en civils et se faisant passer pour le « peuple », ce sont les troupes de choc de la répression des manifestations. L’attaque sanglante au dortoir universitaire qui avait déclenché six jours d’émeutes à Téhéran en 1999, avait été menée par ces bandes.

Elles n’agissent pas uniquement dans les rues. Les membres actifs de ces bandes ont eu un rôle majeur dans des projets comme le massacre des prisonniers politiques, ou les meurtres en séries. Ce sont aussi des interrogateurs redoutables dans les salles de torture de la théocratie.

Après les élections des conseils, un membre du conseil central de Issar Garan, est devenu maire de Téhéran. Il s’agit de Mahmoud Ahmadinejad qui haranguait chaque semaine les « agents en civil » pour lancer des raids contre ceux qui « dévient » et les « ennemis » du guide suprême.

Lors des élections législatives de l’hiver 2003, l’ayatollah Khameneï, le guide suprême, avait posé sont veto par le biais du conseil des gardiens à la candidature des alliés de Khatami. Aussitôt les bandes brunes s’étaient emparées du parlement. Raflant 120 sièges sur les 290, elles se posaient en position de force.

Dans l’espace de ces deux années, il y a eu encore d’autres changements importants. Le mollah Dori Najaf Abadi (patron des services secrets au moment des meurtres en série) est devenu procureur général. Un tortionnaire en chef, nommé Mofid, a été nommé à la présidence de la cour suprême du pays. Le mollah Raïssi (un des trois membres du ‘comité de mort’ qui a prononcé le verdict de l’extermination de 30.000 prisonniers politiques en 1988), est devenu le premier vice-président et l’homme de pouvoir du système judiciaire. Le mollah Khamouchi, issu de cette bande, est arrivé à la tête de l’organisation de la propagande islamique qui est le principal organe de propagande intégriste. Le général des gardiens de la révolution Zarghami a pris les rennes de la radiotélévision, et ainsi de suite jusqu’à la présidence du pays.

La dernière élection est le fruit d’une collaboration étroite entre un trio d’enfer, les « agents en civils », les gardiens de la révolution et la milice paramilitaire du Bassidj. Ils ont procédé avec ce scrutin, comme avec une opération militaire. Alors que l’élection avait lieu vendredi, deux jours avant le nom du candidat pour lequel devait voter les pasdarans et le Bassidj n’avait pas toujours pas été précisé. « Monsieur Mojtaba », le fils de Khameneï, faisait intentionnellement des allées et venues au siège électoral de Mohammad Bagher Ghalibaf, de manière à ce que tout le monde pensait qu’il s’agissait du candidat de Khameneï.

Mais tout à coup, trente-six heures avant le scrutin, un ordre est tombé du guide suprême : tous les votes devaient se faire en faveur de Mahmoud Ahmadinejad. On dit que Khameneï a progressé « tous feux éteints », une expression militaire pour une tactique offensive.
Le jour du scrutin, un réseau composé du Bassidj, des gardiens de la révolution et des agents en civils, estimé dans leur ensemble à 300.000 hommes, s’est mis en oeuvre pour remplir les urnes de millions de votes au nom de Ahmadinejad.

Pour faciliter la mainmise de cette peste brune, Khameneï a éliminé tous ses rivaux du gouvernement lors des dernières élections. Il a même accepté le risque d’éloigner de lui des mollahs influents à des postes clés dans les divers conseils de la théocratie. Son objectif était de colmater toutes les brèches pour pouvoir affronter d’un seul bloc les tempêtes qui s’annoncent dans le ciel politique et social de l’Iran.

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