Iran Focus, Bruxelles, 7 juillet les autorités iraniennes sont de plus en plus préoccupées par un éventuel changement dans la politique de lUE vis-à-vis de la théocratie après la consolidation du pouvoir par la faction ultra conservatrice dirigée par le guide suprême Ali Khameneï.
Jusquà présent la ligne officielle avancée par le chef de la diplomatie européenne Javier Solana et dautres déclarations des chancelleries européennes optaient pour une approche attentiste après larrivée à la présidence de Mahmoud Ahmadinejad.
Cependant des signes indiquent une pression croissante au sein de lUE pour un changement de politique vis-à-vis de lIran.
La semaine dernière, le Premier ministre italien Silvio Berlusconi et deux ministres italiens ont vivement critiqué la tournure des événements en Iran, poussant le président ultra du Parlement Gholam-Ali Haddad Adel, un allié de premier plan de Khamenei, à annuler sa visite officielle à Rome. La presse italienne avait cité un ministre disant du président de lIran : « Ahmadinejad est un mauvais homme issu dun mauvais régime ».
Le commissaire européen italien, Franco Frattini, avait déclaré dans une interview à La Repubblica : « LUnion européenne pourrait aller jusquà rompre ses relations avec lIran, si le nouveau président donne des réponses négatives [sur le dossier nucléaire »> ». Il a estimé quAhmadinejad affichait une position « dure » sur la question du nucléaire.
Le Premier ministre britannique Tony Blair, a également mis en garde Ahmadinejad dans une conférence de presse de ne pas croire que la communauté internationale pourrait assouplir sa position sur le dossier atomique.
« Ce serait une grave erreur sil [Ahmadinejad »> pensait que nous allons avoir une attitude plus souple à ce sujet », a ajouté Tony Blair « parce que ce nest pas le cas ».
Les signes ont été assez forts pour inquiéter le ministère des affaires étrangères iranien. Son porte-Parole Hamid-Reza Assefi a fait allusion à un changement possible dans la politique de lUE durant une séance de la commission des affaires étrangère et de la sécurité nationale au parlement.
Le quotidien téhéranais Chargh, dirigé par un allié de lancien président Rafsandjani, écrivait hier que « Assefi a déclaré à des députés lors dune réunion au Majlis que les perspectives européennes se détérioraient vis-à-vis de lIran. »
Les députés ont également attaqué Haddad Adel pour son voyage la semaine passée à Bruxelles, se plaignant du fait que le gouvernement belge ait fait preuve dun grand mépris pour la République islamique et le nouveau président, selon lagence de presse ISNA. Un député, sen prenant vivement au président du parlement, a dit que la presse belge avait ridiculisé la délégation iranienne officielle quil conduisait.
« Avec la montée au pouvoir de la faction ultra en Iran, les Européens seront sous une pression croissante pour changer leur politique », estime Simon Bailey du Gulf Intelligence Monitor dans une interview téléphonique. « Les perspectives dun succès dans les négociations de septembre ne semblent pas très encourageante.»
LIran a accusé les gouvernements européens de préparer le terrain pour faire porter à Téhéran la responsabilité de la rupture des négociations dans quelques temps. Les diplomates européens au fait des progrès des négociations nucléaires avec lIran ont dit en privé aux journalistes que les négociations sur le programme darmes nucléaire de lIran pourraient aller vers une confrontation en automne.
Par ailleurs, deux quotidiens « ultra » influents ont écrit hier que le secrétaire du conseil suprême de sécurité national (CSSN) et négociateur en chef nucléaire Hassan Rohani, seraient remplacé par un général des gardiens de la révolution proche du guide suprême.