AFP, Tokyo, 16 mars – Le premier raffineur du Japon, Nippon Oil, va réduire ses importations de pétrole indirectes en provenance d’Iran, estimant notamment que la crise nucléaire actuelle fait peser des incertitudes sur l’approvisionnement, a-t-on appris jeudi auprès du groupe.
Nippon Oil est le premier raffineur dans le monde à annnoncer une réduction ses importations d’Iran, dans l’éventualité d’un embargo destiné à forcer Téhéran à abandonner son programme nucléaire.
Le groupe japonais va réduire ses importations de brut iranien de 142.000 barils par jour actuellement à 120.000 barils par jour, soit une baisse de 15,5%, et combler la différence en important plus de pétrole saoudien et koweïtien.
Toutefois, interrogé par l’AFP, un porte-parole du groupe a minimisé cette réduction, assurant qu’elle n’affectait que les achats de pétrole effectués par le biais de courtiers sur les marchés internationaux, et non les contrats d’approvisionnement direct souscrits entre Nippon Oil et l’Iran.
« Une raison majeure tient à ce qu’il y a eu des problèmes avec un précédent courtier », a déclaré le porte-parole, tout en ajoutant que « le risque associé au programme nucléaire iranien a aussi été pris en compte quand nous avons changé de courtier ».
Le PDG de Nippon Oil, Fumiaki Watari, s’est rendu au Proche-Orient la semaine dernière pour s’assurer que l’Iran ne stopperait pas ses exportations de brut.
« Le commerce entre l’Iran et notre compagnie ne diminuera jamais, il pourrait même augmenter à l’avenir », a affirmé M. Watari, cité par le porte-parole de Nippon Oil.
Le brut iranien représente 14% des importations pétrolières de Nippon Oil, et 16% de celles de l’ensemble du Japon.
L’Iran est le troisième fournisseur pétrolier de l’Archipel derrière l’Arabie saoudite (29% des importations) et les Emirats arabes unis (25%).
Nippon Oil est le premier raffineur dans le monde à annnoncer une réduction ses importations d’Iran pour prévenir les effets d’un éventuel embargo international destiné à forcer Téhéran à abandonner son programme nucléaire.
Selon le quotidien d’affaires Nikkei, un autre raffineur japonais très dépendant des importations iraniennes, Showa Shell Sekiyu, devrait bientôt prendre une décision similaire.
D’après le journal, ce groupe envisage de demander à ses principaux actionnaires, Saudi Arabian Oil et Royal Dutch Shell, de lui fournir des ressources de substitution en cas d’embargo pétrolier.
D’autres raffineurs japonais interrogés jeudi matin ont cependant assuré qu’ils n’avaient pas l’intention de réduire leurs importations d’Iran.
Téhéran a déclenché une crise internationale majeure en janvier en annonçant la reprise de ses activités liées à l’enrichissement d’uranium. Le dossier est actuellement examiné par le Conseil de sécurité des Nations unies.
Cette crise embarrasse le Japon, deuxième économie mondiale, qui est fortement dépendant des importations pétrolières en provenance du Golfe.
Tokyo a développé sa propre « diplomatie pétrolière » au Moyen-Orient, en particulier avec l’Iran, quitte à mécontenter son proche allié américain.
La compagnie semi-publique japonaise Inpex devrait ainsi bientôt commencer à développer l’immense champ pétrolier d’Azadegan (sud-ouest de l’Iran), malgré les pressions américaines.
En février 2004, au grand dam de Washington, Inpex avait signé un contrat de deux milliards de dollars en Iran, le plus important accord pétrolier jamais conclu par le Japon, pour développer Azadegan.