De Kim Willsher à Auvers-sur-Oise
The Sunday Telegraph Elle est le chef de file de ce quelle espère voir devenir la nouvelle révolution iranienne. Après presque 25 ans dexil, le monde commence à accourir en foule chez elle.
Maryam Radjavi veut que ceux qui viennent lui rendre visite près de Paris sachent quelle sorte de régime les mollahs dirigent en Iran.
En tant que leader du plus grand groupe dopposition exilé iranien, elle évoque avec colère ce jeune garçon de 15 ans fouetté à mort pour avoir mangé pendant le Ramadan et cette petite fille de 13 ans enterrée jusquau cou et tuée à coups de pierre pour un « crime » trivial similaire.
Tandis quelle décrit les châtiments infligés par les dirigeants iraniens, une photographie des corps sans vie de deux hommes pendus à une grue est projetée sur un écran.
Elle brandit un livre épais qui daprès elle contient les noms de 21676 personnes mortes alors quelles résistaient au régime clérical. 120000 autres ont été exécutées depuis la prise du pouvoir par les mollahs en 1979, dit-elle. Et maintenant, les dirigeants iraniens essaient de développer larme nucléaire.
« Nous avons toujours dit quune vipère ne pouvait pas donner naissance à une colombe, mais personne ne nous a cru », a-t-elle déclaré au Sunday Telegraph. « Seule une fraction de la nature réelle de ce régime, qui est une dictature brutale de fanatiques religieux, est connue du public. »
Des députés, avocats et activistes des droits humains britanniques ont fait récemment le voyage pour entendre Mme Radjavi, 52 ans, plaider la cause du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI). Cependant, tandis que certains la considèrent comme le plus grand espoir pour un gouvernement islamique modéré à Téhéran, dautres sont plus prudents.
Washington, le gouvernement britannique et lUnion Européenne cataloguent tous la branche militaire de lorganisation comme un groupe terroriste. Mme Radjavi a été décrite comme une fanatique intéressée et lobjet dun culte de la personnalité.
Elle fait face aux critiques avec le sourire, en répétant inlassablement les mots « liberté et démocratie » et en insistant sur le fait que les ecclésiastiques à Téhéran tentent délibérément de nuire au groupe dopposition.
« Terroristes, puis culte, dit-elle, ils essaient de remplacer un nom par un autre. Lorsque nous démontrons la fausseté de lun, ils en trouvent un autre. »
Mme Radjavi incarne tout ce que les mollahs craignent et ont en horreur : une ancienne étudiante révolutionnaire devenue leader de lopposition qui est la bête noire du gouvernement iranien.
Elle parle dun Islam modéré, opposé au fanatisme religieux et sattache à présenter le CNRI comme un groupe tolérant, progressiste et raisonnable.
Issue dune famille de six enfants, de classe moyenne, vivant en Iran sous le régime du chah, elle était une étudiante en métallurgie de 22 ans à lUniversité de Téhéran lorsque son frère aîné a été jeté en prison. Peu de temps après, dit-elle, sa sur aînée a été exécutée pour activisme politique. Mme Radjavi a rejoint les Moudjahidin-e Khalq (Guerriers sacrés du peuple, connus aussi sous le nom de MeK), une association détudiants qui mélangeait islam et marxisme et qui était violemment opposée au Chah.
Mme Radjavi sest mariée avec un membre de ce groupe révolutionnaire, a eu deux enfants avant de divorcer pour épouser le leader Moudjahiddin, Massoud Radjavi. Mais ses espoirs dans la révolution iranienne de 1979 ont été déçus. « Très rapidement, les mollahs ont dérobé la liberté au peuple », a-t-elle dit. « Nous avons dû débuter une nouvelle campagne contre le fondamentalisme islamique. »
En 1982, sa jeune sur, Massoumeh, 22 ans et enceinte de huit mois, est morte des suites de torture par le régime de layatollah Khomeiny. Mme Radjavi a ensuite quitté lIran pour la France. Elle préside désormais le siège hautement sécurisé du CNRI à Auvers-sur-Oise, à 30 kilomètres au nord-ouest de Paris. Aux côtés de plus de 100 sympathisants, elle cherche à provoquer la chute du régime clérical et létablissement du gouvernement du CNRI, avec elle à sa tête, jusquà ce que des élections libres soient organisées.
Les partisans de Mme Radjavi lui sont tellement dévoués quen 2003, après sa détention pendant quinze jours par la police française pour suspicion de terrorisme, deux dentre eux se sont mis le feu et sont décédés. Plus dévastatrice encore, létiquette de terroriste imposée à la branche militaire de lorganisation par le département dEtat américain en 1994, puis par la Grande-Bretagne et lUnion Européenne, à la suite dattaques meurtrières du groupe à travers le monde.
La semaine dernière, les membres de la Commission parlementaire pour la Liberté en Iran, venus de Grande-Bretagne, ont déclaré quil était temps pour le gouvernement et lUE de retirer cette « étiquette injuste ».
Mme Radjavi affirme que les gouvernement occidentaux doivent cesser leur « apaisement dangereux » du régime iranien et reconnaître la valeur de son groupe, qui est le premier à avoir révélé le programme denrichissement duranium secret de lIran en 2002.
Les mollahs semblent la craindre. « Ils ont peur de la liberté, de la démocratie et des femmes qui luttent pour leurs droits », a-t-elle déclaré.