The Washington Post Editorial Lavantage potentiel pour lIran douvrir des négociations avec les Etats-Unis sur lIrak est facilement perceptible. Lannonce soudaine faite par le chef de la sécurité nationale iranienne jeudi dernier que Téhéran accepterait loffre de dialogue proposée il y a des mois par lambassadeur américain à Bagdad survient au moment où le Conseil de Sécurité de lONU est réuni pour discuter dune déclaration du conseil au sujet du programme nucléaire iranien.
Cette déclaration pourrait être la première dune série de mesures visant à forcer Téhéran à abandonner lenrichissement de luranium et à coopérer complètement avec les inspecteurs internationaux. Empêcher une telle action diplomatique est lobjectif principal de lIran depuis la découverte de son programme nucléaire illégal en 2004. Le fait quils ne soient pas parvenus à éviter un renvoi au Conseil de Sécurité a provoqué quelques manifestations de compassion et de médisance visibles chez les mollahs.
En poussant ladministration Bush dans des négociations sur lIrak, les Iraniens tentent soit de fragmenter soit de distraire la fragile coalition qui est peut-être en train de se former à New York. Déjà, les hauts responsables iraniens parlent ouvertement de la possibilité que ces discussions évoluent vers un dialogue de sécurité plus large avec les Etats-Unis que Téhéran a longtemps convoité. En Irak, où des bombes de bord de route fournies par lIran et des milices soutenues par ce même pays tuent de plus en plus de soldats américains, le régime islamique a une offre tacite et sinistre à faire : revenez sur votre position à New York et nous mettrons fin au carnage à Bagdad. Le fait même que ladministration Bush fasse semblant dexaminer un tel compromis aggraverait la situation en Irak et anéantirait une année de diplomatie anti-prolifération minutieuse et en grande partie efficace.
La réponse correcte à donner à linitiative iranienne est de limiter toutes discussions aux priorités immédiates des USA en Irak et dassurer que léchange soit aussi ouvert que possible. En théorie, les Etats-Unis et lIran partagent le même intérêt qui est dempêcher une guerre civile totale en Irak et donc dinstaurer un gouvernement pouvant contenir aussi bien linsurrection sunnite que les milices chiites. Mais les autres objectifs de lIran en Irak sont pour la plupart hostiles : lIran encourage la création dun mini-Etat chiite dans le sud de lIrak qui contrôlerait les champs de pétrole les plus importants et qui serait dominé par les alliés de lIran. Ce dernier espère que linsurrection sunnite va pendant ce temps supprimer les troupes américaines et épuiser la volonté des Etats-Unis.
Lobjectif américain dun gouvernement irakien vaste et cohésif qui mettrait équitablement en balance les intérêts chiites, sunnites et kurdes et qui soit défendu par une armée nationale irakienne, réfrénerait les ambitions iraniennes. Si lambassadeur Zalmay Khalilzad peut faire avancer cette cause grâce à des pourparlers avec lIran, très bien. Mais il serait bon de garder à lesprit que Téhéran a accepté de discuter avec lui pour des raisons complètement différentes.