The Sunday Telegraph, 19 mars Par Adrian Blomfield, correspondant à Minsk La Biélorussie sest rapprochée dun isolement international après que la Maison Blanche ait soumis, hier, au Congrès américain un rapport en grande partie confidentiel accusant le président de ce pays de vendre en toute illégalité des armes à lIran.
Rédigé à la veille dune élection [présidentielle »> en Biélorussie largement dénoncée comme une mascarade, le rapport est publié au milieu de la condamnation de la répression brutale des opposants du président Alexander Lukashenko, que ladministration Bush qualifie de dernier dictateur dEurope. Selon les hauts responsables à la Maison Blanche, le rapport accuse le président âgé de 51 ans de sêtre fait « un des hommes les plus riches de lex-Union Soviétique » en vendant des armes à des Etatsvoyous et en équipant des groupes rebelles africains.
« Nous avons exprimé certaines des inquiétudes que suscite la Biélorussie » a déclaré Scott McClellan, le porte-parole de la Maison Blanche, qui confirmait lexistence du rapport. « Dans une Europe libre et apaisée, cest un pays qui a tourné le dos à la liberté et à la paix ».
Les diplomates occidentaux disent que la Biélorussie engrange chaque année plus de 1,643 milliards deuros grâce aux ventes darmes. La majeure partie de cette somme va dans des fonds secrets placés sous le contrôle direct du président.
Après avoir lu le rapport, un haut responsable déclare quil laisse entendre que le gouvernement biélorusse a vendu à lIran des armes, des engins à usage civil et militaire, et même des composants qui pourraient être incorporés dans des armes de destruction massive.
Le rapport affirme que des équipements militaires ont également été vendus au gouvernement soudanais, qui mène une violente campagne contre des rebelles dans la région du Darfour qui a obligé plus dun million de personnes à fuir leurs maisons.
Le rapport apparaît être le premier pas vers limposition par les Etats-Unis de sanctions ciblées contre M. Lukashenko et ses acolytes, sanctions qui prendront très probablement la forme dinterdictions de voyager et de gel dactifs.
LAngleterre et lUnion Européenne ont fait part de leur intention dimposer des pénalités au cas où lélection qui a lieu aujourdhui se révélait être truquée.
Les diplomates européens déclarent que la plus grande partie de la tromperie sest déjà déroulée, faisant allusion aux étudiants et à dautres connus pour être des sympathisants de lopposition qui ont été forcés de voter au cours de la semaine une pratique quautorise la loi biélorusse.
« Ils ont été forcés de voter avant que les observateurs européens narrivent pour surveiller lélection », a déclaré un haut diplomate occidental. « Après avoir voté, leurs bulletins seront vérifiés et remplacés par des bulletins portant le nom de Lukashenko. Ce que nous observons est une mascarade délection libre et juste ».
Ancien patron de coopérative agricole, M. Lukashenko ne semble pas affecté par la condamnation. En tant que chef du seul Etat européen de lex-Union Soviétique à ne pas sêtre ouvert à lOccident, il fait son possible pour sassurer que les révolutions qui ont eu lieu en 2003 et 2005 en Georgie et en Ukraine ne fassent pas des émules. A cette époque, la population descendue des les rues avait renversé des régimes autocratiques identiques au sien.
La semaine dernière, sa police secrète qui a conservé le sigle en vigueur à lépoque soviétique, KGB, a annoncé que quiconque participant ce soir à une manifestation de protestation prévue par lopposition dans un parc au centre de Minsk serait considéré comme terroriste et arrêté, sexposant à une condamnation à mort.
La KGB affirme également que lopposition projette de faire exploser une bombe au milieu de la foule comme prélude à un coup dEtat.
Hier, chaque biélorusse disposant dun téléphone mobile a reçu un texto disant : « Des provocateurs veulent provoquer un bain de sang dans le square. Faites attention à votre vie et à votre santé ». Les avertissements concordent avec les deux piliers de la méthode de gouvernement de Lukashenko : la peur et la désinformation.
Il tient les media sous son contrôle, mis à part quelques journaux. Au cours de la campagne, il a fermé des groupes de pression et arrêté des centaines de militants de lopposition.
Tandis que le président, que lon voit à la télévision à chaque heure de la journée, ne se donne pas officiellement la peine de faire campagne, des affiches de Alexander Milinkevich, le principal opposant de M. Lukashenko sont déchirés aussitôt quelles sont mises en place.