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Nathalie Goulet, quelle crédibilité pour défendre la cause iranienne ?

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Nathalie Goulet, sénatrice de l’Orne, a longtemps été une ardente défenseuse du régime iranien et des factions au sein de la dictature des mollahs. Aujourd’hui, elle s’active tous azimuts au Sénat sous la bannière « femme, vie, liberté » et prétend défendre la révolution iranienne.

Quelle crédibilité accorder à cette sénatrice de la République qui, par le passé, a rendu des services précieux à la théocratie iranienne et a contribué par son action à prolonger la vie d’un régime moribond et honni ? Son activité d’aujourd’hui sert-elle la cause du peuple iranien ou la dessert-elle ? Pour y voir plus clair, revenons sur son parcours dans le dossier iranien.

Les débuts de l’activisme iranien de Nathalie Goulet remontent à l’époque de Mahmoud Ahmadinejad, lorsque le principal objectif de son gouvernement était de combattre les sanctions internationales et de briser l’isolement du régime répressif. À l’époque, la mission des lobbies du régime était claire : rendre Téhéran fréquentable en faisant l’apologie du système iranien. Vanter ses mérites « démocratiques », faire passer son programme nucléaire comme légitime, et surtout diaboliser ses opposants les plus déterminés.

En France, Nathalie Goulet s’est illustrée par un travail identique, en harmonie avec les intérêts du régime iranien, sur plusieurs dossiers. Ses tribulations dans les méandres de la théocratie l’ont même amenée voilée d’un foulard au pays des mollahs, où elle s’est plainte, lors d’une interview, de n’avoir pas été suffisamment épaulée par l’ambassade iranienne à Paris pour mener à bien ses missions. La qualité d’ « amie de l’Iran » lui a été attribuée par les médias iraniens proches des factions du régime et qui appréciaient son activisme énergique auprès des politiques françaises. Se rendant régulièrement en Iran, elle y donnait des interviews dans lesquelles elle faisait état avec insolence de ses activités en France en faveur des positions de Téhéran ou pour combattre les opposants du régime.

Sa première mission consistait à rompre l’isolement du régime et à redorer son image «démocratique » sur la scène internationale. « Le système électoral iranien, même imparfait, est plus démocratique que chez beaucoup de pays voisins. (…) L’Iran est un partenaire politique et commercial, mais aussi un pays de culture, nous avons tous à y gagner (…) Isoler l’Iran est une erreur », déclarait-elle dans son commentaire sur le blog.lefigaro.fr ( Ahmadinejad versus Moussavi : la guerre des sondages, 14 avril 2009 ).
https://www.magiran.com/article/1809141

Nathalie Goulet portant un T-shirt sur lequel était écrit « In Hassan Rohani we trust »

Nathalie Goulet insistait lors de son intervention au Sénat (le 14 octobre 2008) : « Rétablissons le dialogue et les relations économiques, et cessons d’isoler l’Iran (…). Il faut ajouter que, parfois, les dirigeants iraniens n’aident pas leurs amis. Toutes les provocations font reculer le dialogue. L’Iran a des amis, ni naïfs ni dupes. Ce poker menteur risque de coûter cher. La stabilité de toute la région dépend aussi d’accords économiques et culturels.»

Dans une interview exclusive avec un journal en français, « Le Journal d’Iran », le 9 octobre 2009, Nathalie Goulet déplorait la fermeté des autorités françaises et assurait de la bonne foi des despotes iraniens : « L’Iran, c’est 78 millions d’habitants… Je trouve étonnant l’aveuglement de notre politique à son égard (…). L’Iran a des amis, des gens qui croient en l’intelligence du peuple iranien et à la bonne foi de ses dirigeants. Mais nous sommes dans un jeu extrêmement dangereux. »

Ni lors du soulèvement courageux du peuple iranien en 2009, ni à aucun autre moment avant le récent soulèvement en Iran (2022-2023), n’a-t-on entendu cette « spécialiste de la zone du Golfe Persique » (comme elle se présente), lever la voix contre les exactions d’un régime connu pour sa misogynie et ses sentences records d’amputations et d’exécutions.

La deuxième mission de Mme Goulet semblait vouloir rendre acceptable le programme d’armement nucléaire des mollahs à une époque où la France s’opposait à faire trop de concessions sur la question nucléaire au régime des mollahs.

Dans un article sur son site, intitulé « La guerre avec l’Iran : un dangereux jeu de poker menteur », Nathalie Goulet écrivait effrontément : « Bien entendu, Téhéran veut se doter des capacités de fabriquer une bombe. Quel pays ayant subi depuis 60 ans toutes les ingérences, coups d’Etat organisés par les Occidentaux et guerres d’agression (Irak) ne chercherait pas à assurer son indépendance de cette façon ? (…) Y a-t-il une solution à la crise actuelle ? Il y en a deux qui sont réalistes donc inacceptables pour les Occidentaux. D’abord, accepter que Téhéran soit considéré comme un ‘pays du seuil’ à l’instar du Japon, c’est-à-dire maîtrisant les technologies et capable de construire la bombe rapidement en cas de besoin de sécurité. Téhéran arrêterait ses travaux avant la phase critique. Solution inacceptable, paraît-il ? Pourquoi ? »

Semblable à une conseillère des mollahs, dans une interview accordée au Journal d’Iran le 9 octobre 2009, Nathalie Goulet a déclaré : « J’avais conseillé au précédent ambassadeur iranien de sortir du Traité de Non-Prolifération, mais il a dit que la politique iranienne était de rester dans le Traité de Non-Prolifération. Isoler l’Iran ou lui tenir des discours guerriers est la dernière bêtise à faire (…). Les dirigeants iraniens devraient également aider leurs amis. Ils devraient soit ouvrir leurs centrales afin de satisfaire la curiosité de leurs détracteurs, soit sortir du Traité de Non-Prolifération, qu’on en finisse ! L’Iran se met dans une situation périlleuse au plan interne et vaut pourtant beaucoup mieux que l’image qu’il donne (…). Mais de toute manière, les sanctions marchent dans les deux sens. Les Iraniens n’ont qu’à retirer leurs avoirs des banques françaises ! »

Nathalie Goulet à Téhéran se livre aux médias du régime et regrette de n’avoir « pas fait assez… J’ai agi sans accompagnement de l’ambassade iranienne, j’étais seule, vraiment seule ».

« Troisième mission : dénigrer la résistance iranienne.

Lors d’une question orale au sénat (le 16 octobre 2008), Nathalie Goulet interroge la secrétaire d’État chargée des Affaires étrangères, au sujet la résistance iranienne (CNRI, la coalition de l’opposition iranienne) : « Que toute la lumière soit faite sur ce Conseil national de la résistance iranienne pour empêcher cette organisation de développer ses activités sur le territoire français et européen. » (JO Sénat du 16/10/2008 : Question orale sans débat n° 0313S)

Elle n’hésite pas, en visite en Iran, à se plaindre de n’avoir pas été suffisamment épaulée par l’ambassade iranienne à Paris dans son « combat » pour maintenir les opposants iraniens sur la liste noire, contre une décision de justice européenne qui les innocentait.

En effet le 26 janvier 2009, l’OMPI a été rayée de la liste d’organisations terroristes de l’Union européenne, après une longue bataille juridique et une condamnation des États européens par la Cour de justice des communautés européennes (CJCE). La décision a été prise par les ministres européens des Affaires étrangères réunis à Bruxelles. »

Comme si elle venait faire un rapport aux dirigeants iraniens, à Téhéran, dans une interview avec le quotidien iranien ETEMAD, le 18 février 2009, Nathalie Goulet affirme sans vergogne : « On peut parler des Moudjahidine (OMPI) comme je l’ai beaucoup fait. Vraisemblablement, je ne l’ai pas fait assez ou bien je n’ai pas bien travaillé ou bien j’étais seule. Je crois que j’étais toute seule. J’ai agi sans accompagnement de l’ambassade iranienne, j’étais seule, vraiment seule (…) Moi, l’ambassade et le ministre des Affaires étrangères (iranien-ndt) nous avons tout essayé (…) Excusez-moi pour ma franchise, mais j’ai eu pour un moment le sentiment qu’on nous a passé la patate chaude, comme on dit en France. J’ai eu le sentiment que l’Iran s’est débarrassé de l’OMPI en l’envoyant en France pour que les Européens finissent le boulot (…) Nous avons perdu la guerre des médias, et on peut dire qu’on a perdu, même momentanément la guerre juridique jusqu’au prochain procès, car il n’est pas hors de question qu’ils retournent sur la liste. C’est mon avis. Nous avons fait notre possible, mais la cour a décidé. »

Dans son activisme pour le compte de ses amis de l’ambassade, Goulet s’est employée à une activité pour le moins insolite : la laborieuse tâche de produire un pamphlet de 80 pages pour calomnier le mouvement de résistance des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI). Intitulé « L’OMPI, une secte au cœur de la République », on peut lire en quatrième de couverture la présentation qu’elle fait de son ouvrage : « Nathalie Goulet est sénateur de l’Orne (…) elle est spécialiste de la zone du golfe Persique et tente depuis des années de démasquer l’imposture des Moudjahidines du peuple en la dénonçant au Sénat chaque fois que cela est possible. »

Ne portant pas mention d’une maison d’édition, le pamphlet signé Nathalie Goulet, construit sur une pléthore d’affabulations grossières, s’ajoute à des dizaines déjà publiés dans divers pays par les « amis » des mollahs dans leur campagne d’intoxication contre l’opposition. Le texte est un quasi-copie-collé des ouvrages des services iraniens des renseignements, le VEVAK. Le livre désole tant par sa malhonnêteté intellectuelle que par le degré de son ignorance du sujet.

À ce propos, les journalistes Christian Chesnot et Georges Malbrunot écrivent dans une enquête publiée dans un livre : « Nathalie Goulet a longtemps été proche de l’Iran, au point de publier un livre – très probablement une commande de Téhéran – dénonçant l’imposture que représentent les opposants iraniens, les Moudjahidine du peuple, abrités en France. » (Christian Chesnot et Georges Malbrunot, « Nos très chers Emirs« , édition Michel Lafon)

En janvier 2016, elle vantait dans une tribune dans l’Opinion, la « maturité » du « Président Rohani » lors du conflit avec l’Arabie Saoudite. Les journalistes auteurs de l’ouvrage « Nos très Chers Emirs » expliquent ainsi les contradictions de Mme Goulet : « Puis elle s’est brouillée avec les Iraniens, avant de se propulser aux avants-postes de la défense de leur ennemi juré, l’Arabie Saoudite. Curieux parcours ! Le 23 mai 2016, Mme Goulet organisa même un colloque dans le cadre du groupe interparlementaire d’amitié France-Pays du Golfe au Sénat sur le thème ‘Les nouveaux visages de l’Arabie’ ? Son objectif ? redorer le blason » du Royaume ».

Plus loin, les deux journalistes expliquent : « Pour cette opération de relations publiques, ‘Mme Goulet a touché une grosse enveloppe de la part de l’ambassade à Paris’ assure un lobbyste – ce qu’elle a nié devant les auteurs« .

Conclusion

L’implication jadis intense pour le compte du régime iranien jette définitivement le discrédit sur la sénatrice de l’Orne, dont le comportement scandaleux va bien au-delà de la liberté d’expression et d’action d’une élue du peuple.

Changer de couleur suscite l’interrogation des citoyens sur les réelles motivations de Nathalie Goulet. Ce changement soudain vise-t-il à s’adapter avec la nouvelle donne iranienne qui ne permet plus de venter ouvertement les vertus des mollahs ?

Il est de notoriété publique que le seul souci des stratèges iraniens est d’écarter l’alternative démocratique qui prône le renversement de la dictature par une action déterminée sur le terrain. Pour combattre ses principaux ennemis et repousser le danger d’une insurrection populaire sous l’égide des unités de résistances proche de l’OMPI, dont les actions se multiplient en Iran, le régime s’emploie à toutes les cabales et machinations possibles et imaginables. Sa survie en dépend.

Aujourd’hui, l’activité de Nathalie Goulet en faveur d’une « nébuleuse nostalgique de la monarchie en Iran », au cœur duquel se trouve le fils du dictateur déchu, va dans ce sens. L’illusion qu’une possible « révolution de velours » fera abdiquer les mollahs et portera des « modérés » au pouvoir avec la contribution de patriotes « gardiens de la révolution » est alimentée par ces milieux.

Les services du régime iranien y trouvent leur compte. Ils cherchent à favoriser des pseudo-opposants inoffensifs qui préconisent des activités sans danger, une stratégie habile déjà fuitée dans les médias du régime. Une stratégie promue en infiltrant pernicieusement le milieu très isolé des monarchistes.

Pendant que Mme Goulet envoie des signaux vers ce milieu, son activisme hors du commun contre les véritables opposants iraniens qui luttent depuis quatre décennies pour l’instauration d’une république démocratique et laïque en payant un prix lourd, se poursuit et laisse à douter des bonnes intentions de ce soutien que le peuple iranien pourrait bien se passer.

Les antécédents de cette personnalité controversée ne jouent pas en faveur des acteurs de la révolution iranienne. Loin de là, son jeu dessert la cause du peuple iranien. Ce dernier a besoin de compter sur des défenseurs sincères et crédibles pour réaliser ses objectifs de justice et de liberté en Iran et pour le rétablissement d’une république laïque et démocratique.

Lire sur ce sujet : https://fr.iranfocus.com/intelligence-reports/amis/10294-une-senatrice-pas-comme-les-autres/

 

 

 

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