AFP, Téhéran, 3 juillet – Le guide suprême iranien l’ayatollah Ali Khamenei, la plus haute autorité de l’Etat, a fixé le cadre pour une privatisation de larges pans de l’économie, a rapporté lundi la presse locale.
Cette directive autorise la « privatisation de 80% des institutions publiques et étatiques, dont les grandes industries et les grandes sociétés », selon le texte rapporté par la presse.
Conçu par le Conseil de discernement, un organe d’arbitrage dirigé par l’ancien président Akbar Hachémi Rafsandjani, le texte vise à desserrer l’emprise de l’Etat sur l’économie, qui avoisine actuellement 80%.
La directive met cependant à l’abri le secteur de la production d’hydrocarbures, ainsi que la Société nationale iranienne du pétrole (NIOC).
Elle épargne sept grandes banques, dont la Banque centrale, la Banque nationale d’Iran et la Banque de développement des exportations. Ainsi que l’Organisation de l’aviation, et celle des ports, avec les compagnies-mères du secteur des télécommunications.
Elle exclut également les industries « impliquées dans des productions pour la défense et la sécurité ».
Certaines industries dépendant des forces armées, mais dans des domaines moins sensibles (piles, tracteurs) pourront faire l’objet d’une privatisation sur autorisation du guide.
Les autorités iraniennes ont lancé à la fin des années 90 un programme de privatisation qui est resté très limité, en raison de l’ambiguïté de l’article 44 de la Constitution.
Ce dernier stipule que le secteur étatique comprend notamment « toutes les grandes industries, les industries-mères, le commerce extérieur, les grandes mines, le secteur bancaire, les assurances, les sociétés d’énergies ».
Mais il prévoit aussi que « l’étendue et les conditions de fonctionnement des trois secteurs: étatique, coopératif et privé, sont déterminés par la loi ».
La directive prise par l’ayatollah Khamenei prévoit que la privatisation s’effectue par une entrée en bourse des sociétés concernées.
Or cette disposition diffère complètement de celle prise par le président Mahmoud Ahmadinejad qui avait prévu, dans le cadre de son programme, une vente à crédit aux plus pauvres des actions d’entreprises d’Etat. Et à un prix qui serait du tiers de celui estimé par le marché.
Interrogé par l’AFP, l’ancien directeur de la Chambre de commerce de Téhéran, Mohammad Reza Behzadian, a estimé que la directive de l’ayatollah Khamenei « veut dire un changement du rôle du gouvernement de celui de propriétaire à celui de guide » de l’économie.
Les détails de cette directive, et notamment la liste des sociétés concernées, devront être adoptés par les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, ainsi que le Conseil de discernement.