LEst Républicain, 27 février 2009 – Pilier du régime de Téhéran, le corps des Gardiens de la Révolution a trente ans.En 1979 disparaît, en Iran, le régime mis en place depuis 1941 par Muhammad Reza Pahlavi, qui a pris en 1967 le titre de shahinsha (roi des rois). Largement soutenu par les Etats-Unis, le chah tombe de son trône. Et l’ayatollah Khomeiny, en exil depuis quinze ans, fait un retour triomphal à Téhéran. Prenant le pouvoir, il instaure une République islamique. Et crée le corps des Pasdaran, les Gardiens de la Révolution.
Président de la commission de la paix au Conseil national de la résistance iranienne, branche politique des Moudjahidines du peuple d’Iran, principal mouvement d’opposition au régime des mollahs, Medhi Abrichamtchi consacre un livre à l’influence des Pasdaran. Et ce à quelques mois des élections présidentielles iraniennes.
– Quel est leur rôle ?
– La loi votée le 24 février 1979 est assez claire : « Maintenir l’ordre et la discipline, prévenir les provocations et les complots, prévenir le sabotage, prévenir l’infiltration dans les rangs du peuple par les éléments opportunistes et contre-révolutionnaires, appliquer les décrets du gouvernement ». Pour asseoir son autorité, l’ayatollah Khomeiny s’est adjoint les services d’une armée idéologique.
– Quelle est l’influence de cette armée, trente ans après sa création ?
– Cette force s’est accaparée tous les leviers et les instances du pouvoir. Elle est la colonne vertébrale du système. On estime à 179.000 le nombre de ses membres, dont 40.000 en lien avec les activités économiques. Les Pasdaran contrôlent 57% des produits d’importation et 30% des exportations, de nombreuses entreprises sont plus ou moins directement dirigées par des gardiens de la révolution, permettant notamment d’importer du matériel utile au nucléaire.
– Comment le corps des pasdaran est-il organisé ?
– Il se décline en cinq forces : terrestre, aérienne, navale, la force de résistance du Bassidj qui assure la sécurité intérieure et la force Qods, consacrée aux opérations extérieures où sont concentrées les unités d’élite et de confiance du régime.
– C’est en Irak ou au sud Liban qu’on trouve l’influence de la force Qods ?
– Mais aussi en Afghanistan où l’Iran a envoyé 32 experts militaires et 2 en communication afin d’entraîner les groupes terroristes. A Gaza, le Hamas bénéficie d’un soutien financier. 300 M$ ont été transmis par valise diplomatique. Comme on le voit en Irak, peu importe que les groupes soient chiites ou sunnites, l’intérêt politique domine.
– Les élections se profilent en Iran, comment le rôle des Pasdaran se fait-il ressentir ?
– Ils ont commencé à préparer le terrain en fonction des souhaits du Guide suprême (qui exerce un contrôle sur les éventuels candidats, NDLR), Ce sont eux qui sont responsables des urnes.
« Les gardiens de la Révolution » de Mehdi Abrichamtchi, éd. Picollec,19 .