AFP: Les grandes puissances ne sont « pas loin d’un accord » avec Téhéran sur le nucléaire iranien, a déclaré lundi le chef de la diplomatie française Laurent Fabius tout en assurant que la France n’était « ni isolée ni suiviste ».
« Nous ne sommes pas loin d’un accord avec les Iraniens mais nous n’y sommes pas encore », a-t-il dit à la radio Europe 1, assurant que les grandes puissances étaient « absolument d’accord » sur les termes de la négociation.
« Il y a eu des progrès c’est évident, mais il n’a pas été possible d’aller jusqu’au bout » à Genève, où les Iraniens et les grandes puissances se sont séparés samedi sans accord après trois jours d’intenses discussions, a souligné M. Fabius.
« La négociation continue, il y a un texte qui est sur la table et qui a été accepté par les 5+1 » (Etats-Unis, Russie, France, Grande-Bretagne, Chine et Allemagne), mais « il y a deux ou trois points qui font encore difficulté », a-t-il poursuivi.
Il a cité le cas du réacteur iranien à eau lourde d’Arak, produisant du plutonium susceptible d’être utilisé pour fabriquer la bombe atomique. « Nous disons qu’il faut prendre des dispositions pour que ce réacteur ne puisse pas être activé comme il était prévu et qu’il ne puisse pas produire la bombe », a souligné M. Fabius.
Le ministre a ensuite évoqué la question cruciale de l’enrichissement de l’uranium, au centre de la négociation. « Enrichi à 3 ou 5%, ça ne pose pas trop de difficulté. Quand c’est à 20%, cela permet d’aller très vite à 90% » et d’être utilisé à des fins militaires, a-t-il rappelé.
« La question qui se pose est qu’est-ce que les Iraniens vont faire du stock » d’uranium enrichi à 20% dont ils disposent déjà. « Nous sommes d’accord avec nos partenaires pour dire que ce stock soit démantelé et revienne à 5% », a-t-il détaillé.
Interrogé sur la position de la France, qui a adopté dès le début des discussions une attitude intransigeante et a été accusée par certains de bloquer les négociations, M. Fabius a estimé que « les choses ne se présentent pas comme ça ».
« La France n’est ni isolée ni suiviste, elle est indépendante et travaille pour la paix. Nous sommes fermes, nous ne sommes pas fermés, et j’ai bon espoir qu’on arrive à un bon accord », a-t-il dit.
« Si nous n’arrivions pas à un accord ça poserait un problème considérable d’ici quelques mois », a-t-il poursuivi, rappelant les exigences fondamentales de la communauté internationale: « l’Iran a droit à avoir l’énergie nucléaire civile, mais la bombe atomique, non ».
« Nous sommes absolument tous d’accord », a-t-il répété, saluant le « rôle très important » de la diplomate en chef de l’UE Catherine Ashton, et celui du secrétaire d’Etat américain John Kerry, qui « avec son énergie habituelle a fait beaucoup avancer les choses ».