AFP, Téhéran, 27 juillet – L’Iran va reprendre certaines activités nucléaires ultra-sensibles, quelles que soient les contreparties que l’UE lui offrira dans quelques jours pour l’en dissuader, a déclaré mercredi le président Mohammad Khatami.
« J’espère que leurs propositions prévoiront, comme cela était convenu, le redémarrage (des activités de conversion) d’Ispahan », a-t-il déclaré devant la presse, « mais que cela y figure ou non, nous allons reprendre les activités d’Ispahan », dans le centre de l’Iran.
La décision définitive en a été prise lors d’une récente réunion des dirigeants historiques du régime, a-t-il dit à la sortie du conseil des ministres.
Il n’a pas précisé quand l’Iran recommencerait à convertir.
Mais « la date butoir » pour le maintien de la suspension de la conversion, c’est fin juillet, début août, quand les Européens sont censés soumettre leurs propositions aux Iraniens, a-t-il dit.
La conversion transforme le minerai d’uranium en gaz, opération préalable à l’enrichissement proprement dit.
Les Iraniens ont accepté en novembre de suspendre l’enrichissement et la conversion pour permettre l’ouverture de négociations avec les Allemands, les Français et les Britanniques. Les Iraniens doivent apporter les « garanties objectives » qu’ils ne fabriquent pas l’arme nucléaire sous le couvert d’activités civiles. Les Européens offrent en contrepartie une coopération nucléaire, commerciale et politique.
Les Européens essaient de convaincre les Iraniens de renoncer définitivement à l’enrichissement d’uranium, garantie la plus probante selon eux.
Les Iraniens refusent d’en entendre parler et, pour sauver les négociations et éviter le recours au Conseil de sécurité de l’Onu, les Européens se sont engagés en mai à leur présenter des propositions détaillées de coopération.
M. Khatami a redit que, pour les Iraniens, la conversion ne relevait pas des activités d’enrichissement, contrairement à ce que disent les Européens: « Pour l’instant, il n’est pas question de reprendre l’enrichissement lui-même, il est question d’Ispahan, mais nous reprendrons un jour nos activités d’enrichissement également ».
Les Européens ont prévenu les Iraniens qu’ils soutiendraient le recours au Conseil de sécurité si la République islamique recommençait l’enrichissement ou même la conversion, son préalable.
Les Etats-Unis préconisent depuis des mois un tel recours. Le président américain George W. Bush a refusé d’exclure des frappes militaires pour empêcher que l’Iran ne se dote de l’arme nucléaire.
« L’Amérique menace beaucoup », a réagi M. Khatami, même si une telle éventualité semble moins d’actualité aujourd’hui à Washington, « mais je pense qu’avec ses soucis en Irak et dans le monde elle ne fera pas une chose aussi insensée ».
« Si l’Amérique commet une telle erreur, évidemment nous aurons des pertes, mais les leurs seront plus grandes », a-t-il mis en garde tout en disant ne pas vouloir le durcissement des tensions avec les Etats-Unis.
« Mon gouvernement et moi avons pris toutes les dispositions politiques, militaires et économiques en vue d’une éventuelle attaque », a-t-il déclaré.