AFP, Téhéran, 20 septembre – L’Iran a menacé mardi de reprendre l’enrichissement d’uranium, d’empêcher les inspections poussées de ses sites nucléaires et même éventuellement de quitter le Traité de non prolifération nucléaire (TNP), en cas de transfert de son dossier nucléaire au Conseil de sécurité de l’Onu.
Il a également averti qu’il réviserait la question de la participation dans son secteur pétrolier de pays qui adoptent une position hostile à Téhéran concernant la dispute nucléaire.
Ces menaces brandies par le responsable nucléaire, Ali Larijani, surviennent au moment où Londres, Paris et Berlin s’emploient à convaincre l’exécutif de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), réuni mardi à Vienne, de saisir le Conseil de sécurité du dossier nucléaire iranien.
« Si l’on veut utiliser le langage de la force, l’Iran n’aura plus d’autres choix que de sortir du cadre du TNP (c’est-à-dire) de ne plus appliquer le protocole additionnel et de reprendre l’enrichissement, afin de préserver ses acquis techniques », a dit M. Larijani dans une conférence de presse à Téhéran.
Un peu plus tard, M. Larijani, secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale, a précisé ses propos sur le TNP en affirmant qu’une éventuelle sortie du Traité dépendrait en fait de la manière dont le dossier iranien serait transféré à l’Onu. « Cela dépend si on (l’AIEA) informe simplement ou si on saisit le Conseil » de sécurité, a-t-il expliqué.
Le protocole additionnel autorise des inspections surprises des sites nucléaires iraniens.
Parlant à l’AFP, le porte-parole du Conseil suprême de la sécurité nationale, Ali Agha Mohammadi, a affirmé qu’une sortie du TNP « faisait partie des scénarios examinés ».
« Par cette conférence de presse, nous avons voulu dire aux Européens qu’un nouveau gouvernement et de nouvelles forces étaient en place (en Iran) et qu’ils ne pouvaient se comporter comme par le passé et ne devaient pas commettre une erreur stratégique », a-t-il ajouté.
L’UE-3 reprochent aux Iraniens de refuser de renoncer à la conversion d’uranium, qu’ils ont repris en août malgré les exigences expresses du Conseil des gouverneurs (l’exécutif) de l’AIEA.
L’Iran estime qu’il est du « droit légitime » de tout Etat de se doter de l’énergie nucléaire à des fins civiles, en conformité avec le TNP. Mais les Etats-Unis et Israël disent craindre que cela ne conduise à la fabrication de l’arme atomique.
« Les Européens ont essayé d’humilier les Iraniens. L’enrichissement est une volonté nationale », a dit M. Larijani, en référence aux exigences de l’UE qui demande à l’Iran de renoncer au combustible nucléaire pour s’assurer qu’il ne cherche pas à produire des armes nucléaires.
« Les Européens n’arrêtent pas de nous parler de ce grand géant — le Conseil de sécurité de l’Onu. Mais cela (l’envoi du dossier iranien au Conseil) ne signifie pas la fin du peuple iranien », a-t-il affirmé.
M. Larijani a agité la menace de priver les pays qui adoptent une attitude hostile à Téhéran sur le dossier nucléaire, de contrats pétroliers juteux.
« L’Iran décidera de la participation (dans ses projets pétroliers) en fonction du soutien que les pays apporteront à la défense du droit national de l’Iran » dans le domaine nucléaire, a-t-il souligné.
Interrogé si cette menace concernait le Japon et sa participation à l’énorme champ pétrolier d’Azadeghan, M. Larijani a déclaré: « Il n’y a pas seulement le Japon. D’autres pays sont concernés. Nous examinerons leurs attitudes ».
L’AIEA mène des investigations poussées sur le programme nucléaire iranien depuis février 2003 mais n’a pas encore trouvé de preuves sur une déviation vers des objectifs militaires et la construction de l’arme atomique.
Le directeur général de l’Agence Mohamed ElBaradei a demandé « plus de transparence » et la possibilité de nouvelles inspections dans des sites militaires et d’interroger des scientifiques iraniens.