AFP, Vienne, 10 décembre – L’Union européenne et l’Iran comptent reprendre des pourparlers le 21 décembre sur le programme nucléaire controversé iranien, ont indiqué des diplomates occidentaux samedi à l’AFP.
Selon ces sources, les deux parties devraient se rencontrer probablement à Vienne, mais sans les Russes, bien que ces derniers aient proposé une solution de compromis sur l’enrichissement de l’uranium iranien.
La troïka européenne (Allemagne, France, Grande-Bretagne – UE-3) qui avait ouvert à l’automne 2004 des négociations avec les Iraniens, rompues en août dernier avec la reprise de la conversion d’uranium, n’est cependant pas sûre d’obtenir des garanties de Téhéran pour suspendre ses activités.
« L’UE s’attend à ce que Téhéran demande un accord sur une usine pilote de centrifugeuses, en soulignant que c’est inacceptable et en affirmant que le temps joue contre les Iraniens » au plan international, a déclaré un diplomate.
Les centrifugeuses servent à enrichir de l’uranium, lequel peut, à haut niveau d’enrichissement, servir à la bombe atomique.
La réunion sera une reprise de pourparlers pour voir s’il y a lieu de préparer une rencontre au niveau ministériel, a déclaré un diplomate européen.
Le lieu des pourparlers n’a pas été confirmé: il pourrait s’agir de Vienne, mais cela pourrait changer, selon ces sources.
L’Iran reprendra à terme son enrichissement mais pas tant qu’il mènera des pourparlers avec l’UE-3, a indiqué samedi le chef de l’Organisation de l’énergie atomique iranienne.
« D’un point de vue technique et légal, je n’ai pas de doute que nous reprendrons (l’enrichissement d’uranium) », mais « l’Iran ne mènera pas d’enrichissement et d’injection de gaz pendant les pourparlers », a dit Gholam Reza Aghazedeh, cité par l’agence officielle Irna.
Une telle réunion aura lieu en tout cas dans un climat tendu, alors que le président iranien Mahmoud Ahmadinejad vient de mettre en doute l’Holocauste, de qualifier Israël de « tumeur » et de proposer son transfert en Allemagne et Autriche, soulevant les condamnations de la communauté internationale.
Le chef du programme nucléaire iranien Ali Larijani a indiqué à l’AFP la semaine dernière que l’Iran pourrait reprendre la fabrication de centrifugeuses et mener des « recherches » en vue de l’utilisation pacifique du nucléaire. Les Occidentaux craignent que ces activités ne cachent une volonté de se doter de l’arme nucléaire.
L’exécutif de l’Agence internationale de l’Energie atomique (AIEA) a enjoint en septembre l’Iran de renoncer à la conversion et a décidé de saisir, au moment opportun, le Conseil de sécurité des Nations unies.
L’AIEA et son directeur, l’Egyptien Mohamed ElBaradei, ont reçu ce samedi le prix Nobel de la paix qui leur a été attribué 60 ans après Hiroshima « pour leurs efforts visant à empêcher que l’énergie nucléaire soit utilisée à des fins militaires ».
« Nous devons absolument nous assurer qu’aucun nouveau pays n’obtienne des armes nucléaires », a affirmé M. ElBaradei.
L’ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’AIEA, Gregory Schulte, a exprimé son soutien à ces propos: « comme vient de le dire le directeur général, il faut absolument qu’aucun autre pays n’acquière ces armes de mort », dont « la prolifération pose un des plus grands dangers qui soit à tout le monde », a dit l’ambassadeur à l’AFP.
Un diplomate occidental a estimé samedi que Moscou « prenait ses distances de l’Iran et de ses tactiques imprévisibles ».
Le chef de la diplomatie française Philippe Douste-Blazy a critiqué l’Iran, lundi dernier à Ljubljana, pour avoir refusé de façon « unilatérale » des propositions de compromis russes.
Selon des sources diplomatiques, Moscou a soumis comme compromis l’enrichissement de l’uranium pour Téhéran, mais en Russie même et non en Iran comme l’exigent ses dirigeants.