AFP, Washington, 10 janvier – Les Etats-Unis ont prévenu mardi l’Iran qu’il n’échapperait pas au Conseil de sécurité de l’Onu s’il persistait dans son projet, fortement engagé le jour même, de reprendre des activités nucléaires ultra-sensibles.
L’administration Bush a dit être en « contact étroit » avec ses partenaires, à commencer par les trois grands Européens (Allemagne, France, Grande-Bretagne), sur les suites à donner à la levée, par les Iraniens, de scellés onusiens sur des équipements utilisés dans l’enrichissement d’uranium.
« Si le régime poursuit sur la voie actuelle (…), il n’y a pas d’autre choix que d’en référer au Conseil de sécurité », a dit devant la presse le porte-parole de la Maison Blanche, Scott McClellan.
Pour l’instant, a-t-il déclaré, les Américains sont « en contact étroit avec les Européens et d’autres pour décider de la façon de procéder » à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a-t-il déclaré.
George W. Bush n’a pas aujourd’hui l’intention d’attaquer l’Iran pour l’empêcher de se doter de l’arme nucléaire, comme les Etats-Unis l’en accusent, même si « l’option » militaire reste sur la table, a dit M. McClellan, rappelant là de nombreuses déclarations de même teneur du président américain.
Pour l’instant, « nous travaillons avec la communauté internationale pour résoudre cela de manière pacifique et diplomatique, c’est ce que nous faisons et allons continuer à faire », a-t-il dit.
L’administration Bush n’a pas dit si ces discussions porteraient sur la nécessité de convoquer en urgence une réunion de l’AIEA, l’agence onusienne de non-prolifération.
Elle n’a pas dit non plus si les Américains allaient à présent peser de tout leur poids pour obtenir la saisine du Conseil de sécurité, après plus de deux ans de négociations infructueuses des Européens pour tenter de convaincre les Iraniens de renoncer à l’enrichissement d’uranium.
Mais « nous entrons dans une période d’intense activité diplomatique », a dit un haut responsable du département d’Etat sous couvert de l’anonymat, « il y a d’intenses discussions au niveau des directeurs politiques (des Affaires étrangères) et on peut s’attendre à ce qu’il y en ait de plus en plus au niveau ministériel ».
En levant les scellés sur certains équipements à Natanz (centre de l’Iran) et en signifiant ainsi sa détermination à relancer au moins une partie de ses activités d’enrichissement, l’Iran pourrait avoir franchi une ligne rouge pour les Occidentaux.
C’est en tout cas ainsi que ces derniers présentaient une telle reprise, alors qu’ils pressent l’Iran depuis des mois de renoncer à toute activité d’enrichissement.
L’enrichissement produit le combustible pour les centrales nucléaires, et c’est à cette fin que Téhéran proclame vouloir l’utiliser. Mais, détourné, il peut aussi fournir la matière explosive pour l’arme nucléaire.
Les Iraniens ont montré mardi « leur mépris pour les inquiétudes internationales et pour la diplomatie internationale », a dit à Vienne l’ambassadeur américain auprès de l’AIEA, Gregory Schulte.
Les porte-parole de la Maison Blanche et du département d’Etat ont parlé de « grave escalade » de la querelle.
Les Etats-Unis, pour lesquels il ne fait aucun doute que l’Iran veut l’arme nucléaire, sont les plus fervents partisans d’un recours au Conseil de sécurité. Depuis 2003, bon gré, mal gré, et faute d’autre perspective, ils ont laissé l’Union européenne tenter de persuader l’Iran de donner les garanties sur la nature purement civile de son programme nucléaire.
La question est à présent de savoir si Washington estime que Téhéran est allé trop loin, s’il peut rallier Moscou et Pékin à sa cause et pour quel résultat au Conseil de sécurité.