Reuters, Berlin, 18 janvier De Louis Charbonneau Mercredi, la France, la Grande-Bretagne et lAllemagne ont commencé à faire circuler un projet de résolution qui demande à lorganisme de surveillance nucléaire des Nations Unies de renvoyer le dossier nucléaire de lIran devant le Conseil de Sécurité, ouvrant ainsi la voie pour déventuelles sanctions de lONU.
Le projet a été distribué aux principaux membres de lAgence Internationale de lÉnergie Atomique (AIEA), dont le conseil des gouverneurs composé de 35 nations va se prononcer sur cette résolution par vote lors dune réunion durgence.
Le trio européen désire que le meeting ait lieu les 2 et 3 février.
Les dirigeants européens font pression sur des pays comme la Russie, la Chine et dautres sceptiques afin daugmenter la pression diplomatique sur Téhéran, qui selon les craintes de lUnion Européenne et des États-Unis, cherche à développer des armes nucléaires sous couvert dun programme atomique civil.
La résolution proposée par les « 3 Européens » et dictée à Reuters par un diplomate de lUE, demande à lIran « daider l(AIEA) à clarifier certaines questions concernant ses éventuelles activités de développement darmes nucléaires » et au directeur de lAIEA Mohamed ElBaradei « de transmettre une copie de cette résolution au Conseil de Sécurité ».
Il ny a eu aucune réaction immédiate au texte de la part de Téhéran.
Cependant, le guide suprême de lIran, layatollah Ali Khamenei, a déclaré que le monde ne pouvait détourner lIran de son « évolution scientifique », que le pays poursuit en ignorant l « agitation » créée autour de celle-ci, a rapporté la télévision nationale.
Hossein Entezami, porte-parole du Conseil suprême de la sécurité nationale, a employé un ton légèrement plus conciliateur.
« LIran invite toujours les 3 Européens à continuer les négociations. LIran est encore convaincu que la méthode diplomatique est la meilleure méthode pour résoudre ce conflit. LIran espère que lUE adoptera des méthodes logiques concernant le dossier nucléaire de lIran », a-t-il déclaré à Reuters à Téhéran.
Bien quun renvoi du dossier de lIran devant le Conseil composé de 15 nations pourrait éventuellement aboutir à des sanctions de lONU, les diplomates et analystes estiment que de telles mesures punitives ne sont pas encore envisageables.
Les « 3 Européens » ont décidé la semaine dernière de se joindre à Washington pour demander que lIran comparaisse devant cet organe important de lONU après que Téhéran ait déclaré que le pays reprendrait la recherche sur lenrichissement duranium, technologie, qui selon les inquiétudes de lOccident, permettrait à lIran de produire des armes atomiques.
LIran prétend que son programme nucléaire est exclusivement destiné à la génération délectricité. Mais les propos du président iranien Mahmoud Ahmadinejad relatifs à la destruction dIsrael ont renforcé les suspicions de lOccident.
ELBARADEI TOUJOURS RESPONSABLE DU DOSSIER
Bien que le projet de résolution des 3 Européens demande le transfert du dossier nucléaire à New York, cest lAIEA, basée à Vienne, qui serait responsable de linspection du programme nucléaire de lIran.
La résolution « prie le directeur général (ElBaradei) de persévérer dans ses efforts pour mettre en uvre laccord de sauvegardes de lagence avec lIran en vue de fournir des garanties crédibles concernant labsence déquipements et dactivités nucléaires non déclarés en Iran ».
Le texte va subir des modifications puisque son libellé fera lobjet de discussions au conseil des gouverneurs de lAIEA.
La Russie et la Chine, qui font partie du Conseil de Sécurité et du conseil de lAIEA, ont exprimé leurs doutes quant aux avantages dun renvoi du dossier aux Nations Unies. Moscou, cependant, a bien fait comprendre que sa position était plus proche de celle de lOccident que celle de Pékin.
Si la résolution était approuvée, laffaire serait confiée au conseil pour la première fois depuis le début du conflit avec lIran en août 2002, lorsquun groupe de dissidents iraniens exilés ont divulgué que lIran cachait lexistence dune usine denrichissement duranium.
Les diplomates occidentaux déclarent que les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité (les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France, la Russie et la Chine) se consultaient sur ce quils devaient faire si le dossier était renvoyé à New York.