The Sunday Telegraph, 12 février Par Con Coughlin Lorsque l’on en vient à aborder la menace posée par le programme nucléaire de lIran, ladministration Bush est prête à adopter une approche bien plus mesurée voire plus réfléchie sur la formation d’une coalition que celle montrée durant la préparation de la guerre en Irak.
Bien que certains membres de la première administration Bush aient semblé se délecter des fissures profondes apparues dans lalliance occidentale sur lIrak, le président lui-même était consterné devant lérosion régulière de ce soutien qui, à lheure où les hostilités ont commencé, a laissé lAngleterre fournir la seule force militaire significative pour participer à la coalition menée par les Américains.
Avec lémergence rapide de lIran comme la plus grande menace à la sécurité du second mandat de M. Bush, la Maison Blanche est déterminée à travailler avec ses alliés, plutôt que contre eux. En ce qui concerne M. Bush, lIran nest pas seulement le problème de lAmérique, cest le problème de tout le monde.
En cherchant à former un front international uni, le président tire partie du départ de bon nombres des faucons néo-conservateurs les plus impliqués idéologiquement, et qui ont servi dans sa première administration par exemple Paul Wolfowitz, lancien secrétaire adjoint à la défense.
La nouvelle approche, plus accommodante, est incarnée par Condoleezza Rice, une Secrétaire dEtat américaine digne et cultivée, qui a davantage tendance à écouter la voix des opposants quà adopter une approche de confrontation comme de nombreuses personnalités de premier plan de la première administration Bush.
Ceci explique pourquoi la Maison Blanche était aussi patiente avec la Troïka Européenne lAngleterre, lAllemagne et la France qui poursuivait ses vaines tentatives pour trouver une solution diplomatique à la crise, même si personne à la Maison Blanche ne croyait que linitiative avait la moindre chance daboutir.
Cependant, la patience a fini par payer la semaine dernière, quand toutes les grandes puissances ont accepté le référé de lIran devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies, pour ses refus répétés de se plier aux obligations découlant du Traité de non Prolifération.
Et, ayant atteint un premier niveau de consensus, la Maison Blanche est déterminée à maintenir une réponse internationale unie, dans lespoir quelle puisse en fin de compte persuader le régime ultra-conservateur du président Mahmoud Ahmadinejad de revenir à la raison.
Les raisons sous-jacentes à cette approche pragmatique sont doubles. Premièrement, à cette étape du cycle électoral américain, la priorité pour les conseillers de M. Bush, cest de se concentrer davantage sur les élections législatives de novembre à mi-mandat que sur le désir des mollahs dobtenir larme nucléaire.
Lautre facteur qui pèse sur les considérations de la Maison Blanche cest que les campagnes militaires en Irak et en Afghanistan ont étiré jusquà la limite la capacité militaire de la seule superpuissance mondiale.
Mais cela ne signifie pas que le président et ses conseillers risquent de sous-estimer le danger que constitue lIran. On peut dire que cest un régime qui après tout a causé plus de mal aux administrations américaines successives que Saddam Hussein ne la jamais fait, avec pour commencer la prise dotage de lambassade américaine à Téhéran en 1979.
Et depuis la victoire électorale surprise de M. Ahmadinejad survenue lété dernier, le discours de Téhéran na laissé aucun doute quant à lultime objectif de Téhéran : concevoir une bombe atomique capable de rayer Israël de la surface de la terre.
La plupart des estimations établies par les services de renseignement saccordent sur le fait que lIran se trouve déjà à mi-chemin de son objectif le système amélioré du missile balistique Shahab-3 possède une portée le rendant à même de frapper Israël et des cibles situées dans le sud de lEurope. Tout ce dont il a besoin, cest une ogive nucléaire et, étant donné le rythme actuel de progression des Iraniens, ils pourraient en disposer avant la fin de la décennie.
De ce fait, le temps ne joue pas en faveur de ladministration Bush. Pour le moment le président est disposé à entreprendre une action diplomatique, en sachant que, à moins dun changement radical de cur à Téhéran dans les mois à venir, il n’aura dautre alternative que de recourir à l’action militaire.
Con Coughlinest Editorialiste au « Daily Telegraph » pour les questions de Défense et de Sécurité