AFP, Téhéran, 17 février – L’Ayatollah iranien Ahmad Janati, président du Conseil des Gardiens, a averti vendredi les Occidentaux qu’ils seraient perdants s’ils s’en prenaient à la République islamique, alors que l’Iran a confirmé avoir injecté du gaz dans ses centrifugeuses, étape essentielle pour l’enrichissement d’uranium.
Par ailleurs, le Premier ministre britannique Tony Blair et la chancelière allemande Angela Merkel faisaient front commun à Berlin sur le dossier nucléaire iranien.
« Si vous agissez comme des fous, soyez assurés que vous perdrez plus que nous », a affirmé Janati, dans un sermon retransmis à la télévision publique.
« Ils disent: +nous vous conduirons devant le Conseil de sécurité+, moi, je l’appelle le +Conseil de l’insécurité », a-t-il poursuivi.
« Ils l’utilisent comme un épouvantail pour effrayer les nations, mais notre peuple restera ferme », a-t-il ajouté, tandis que les fidèles criaient « la technologie nucléaire est notre droit indéniable ».
A l’instigation des Occidentaux et avec l’accord de la Russie et de la Chine, le Conseil des gouverneurs de l’AIEA a décidé le 4 février de transmettre le dossier iranien au Conseil de sécurité de l’Onu. Il réclame le retour de Teheran à la suspension de ses activités d’enrichissement.
L’exécutif de l’AIEA se réunira à nouveau le 6 mars pour recommander que les Nations unies prennent éventuellement des mesures contre l’Iran.
Teheran a répliqué par la reprise de ses activités d’enrichissement d’uranium dans l’usine de Natanz (centre), mais a assuré qu’il ne s’agissait pas, pour l’instant, d’un programme à grande échelle.
Quelques responsables ont depuis minimisé la portée de la reprise de l’enrichissement, insistant sur le fait que seul un « nombre limité » de centrifugeuses étaient opérationnelles.
« Oui, nous avons injecté du gaz UF6 dans un nombre limité de centrifugeuses mais il s’agit d’une quantité inférieure à ce qui serait nécessaire pour un projet pilote », a déclaré le chef de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique Gholam Reza Aghazadeh à la télévision d’Etat, sans préciser le nombre de centrifugeuses concernées.
« Pour obtenir de l’uranium enrichi d’une pureté de 3,5%, on doit utiliser 164 centrifugeuses et nous n’en sommes pas là. Plusieurs mois pourraient être nécessaires pour arriver à cette étape », a-t-il expliqué.
Des responsables européens et américains ont publiquement rejeté l’idée d’autoriser l’Iran à procéder à l’enrichissement d’uranium.
De son côté, Angela Merkel a souligné que Berlin, Londres et Paris étaient d’accord pour dire que « l’Iran avait franchi la ligne rouge » sur le dossier nucléaire.
Mais des diplomates occidentaux concèdent en privé qu’un compromis est nécessaire, vu le manque d’empressement de certains des membres permanents du Conseil de sécurité à imposer des sanctions. Ce compromis, d’après eux, pourrait permettre à Téhéran de poursuivre l’enrichissement à une petite échelle.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, doit rencontrer lundi à Bruxelles le Haut représentant de l’UE pour la politique étrangère, Javier Solana, a annoncé le bureau de M. Solana.
Au cours d’une visite à Beyrouth vendredi, M. Mottaki a demandé le retrait immédiat des forces britanniques de Bassorah.
« Ca ne sert à rien d’essayer de faire diversion par rapport aux problèmes en rapport avec l’Iran en remettant en question la présence britannique en Irak », a rétorqué M. Blair lors d’une conférence de presse avec la chancelière Angela Merkel.
« Les troupes britanniques sont en Irak sous un mandat des Nations unies et avec le consentement du gouvernement irakien », a ajouté le Premier ministre.