AFP, Vienne, 10 mars – Les Européens et Américains proposent que le Conseil de sécurité de l’Onu donne deux semaines à l’Iran pour arrêter ses activités nucléaires suspectes, selon un projet de texte, dont l’AFP a eu connaissance vendredi.
Selon ce projet, le Conseil de sécurité devrait « demander à l’Iran de rétablir sans délai une suspension prolongée et vérifiable de toutes les activités liées à l’enrichissement et au retraitement » et prier le chef de l’AIEA de « faire rapport au Conseil dans les quatorze jours sur l’application par l’Iran des mesures exigées ».
Le conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a transmis cette semaine à New York le rapport du directeur de l’AIEA Mohamed ElBaradei, qui constate notamment que l’Iran refuse d’arrêter ses activités d’enrichissement d’uranium, reprises à faible échelle en février.
Le projet de déclaration du président du Conseil, intitulé « éléments pour une action du Conseil de sécurité sur le programme nucléaire iranien », a été rédigé par les Etats de l’Union européenne au Conseil. Il commence par cette phrase: « Une action du Conseil de sécurité est nécessaire pour renforcer l’autorité de l’AIEA ».
Le dossier doit être examiné la semaine prochaine par le Conseil de sécurité.
Selon un diplomate occidental à Vienne, une réunion était prévue dès vendredi à New York entre les cinq membres permanents, au cours de laquelle Etats-Unis, France et Grande-Bretagne attendaient les réactions de la Chine et de la Russie à leur projet de déclaration.
« Nous voulons que le Conseil réagisse rapidement, en consultations étroites avec nos partenaires pour préserver un consensus international fort », a-t-il dit à l’AFP.
Après avoir constaté en septembre que l’Iran n’était « pas en conformité » avec ses obligations de non-prolifération, l’AIEA avait déjà « fait rapport » le 4 février au Conseil de sécurité.
Dans cette résolution – où les grandes puissances étaient pour une fois unies – l’exécutif de l’AIEA avait déjà donné un mois à l’Iran pour répondre à ses demandes: arrêt des recherches sur l’enrichissement et pleine coopération avec les inspecteurs de l’AIEA afin d’expliquer une série de questions non résolues. Il avait alors demandé qu’il n’y ait pas de mesures prises à New York jusqu’à la réunion du 6 mars et au rapport de M. ElBaradei.
Mais Téhéran refuse de renoncer à ce qu’il considère comme son droit au cycle du combustible nucléaire à des fins d’énergie pacifique et a répondu par des menaces à la saisine de l’instance suprême des Nations unies.
Selon le projet de déclaration, le Conseil doit aussi « exprimer sa grave préoccupation » sur le fait que Téhéran soit en possession de documents pour mouler de l’uranium, ce qui n’aurait « d’application que militaire » (selon l’AIEA).
Il reprend les formulations du rapport de M. ElBaradei selon lequel « l’Agence n’est pas en mesure de conclure qu’il n’y a pas de matières ou d’activités nucléaires non-déclarées » et qu’une « période prolongée s’impose pour que l’Iran rétablisse la confiance ».
Ces mesures de confiance concernent, d’après le projet de texte, la fin de la conversion de minerai d’uranium en gaz et de l’introduction de ce gaz dans des centrifugeuses pour enrichir l’uranium.
Une fois enrichi, ce matériau peut servir à des fins pacifiques ou à produire la bombe.
Autres demandes: que l’Iran cesse la construction à Arak, d’un réacteur à eau lourde, pouvant produire du plutonium et qu’il ratifie le protocole additionnel au Traité de Non prolifération (TNP) qui permet des inspections plus poussées et plus rapides.