AFP, Athènes, 25 avril – Accueillie par des manifestants anti-américains, Condoleezza Rice a entamé mardi à Athènes une tournée dans le sud de l’Europe, plaidant pour davantage de pression sur l’Iran et appelant Chypre à ne pas bloquer la route de la Turquie vers l’Union européenne (UE).
Dans une capitale grecque dont le centre avait été entièrement bouclé par les forces de l’ordre, quelques milliers de manifestants ont protesté contre sa venue, à l’appel des communistes et de l’extrême gauche, provoquant de brefs affrontements avec la police, sans gravité.
« Nous sommes venus discuter de la façon de donner du poids aux efforts diplomatiques » sur l’Iran, a déclaré la secrétaire d’Etat américaine au cours d’une conférence de presse avec son homologue grecque, Dora Bakoyannis.
Les Etats-Unis exigent des autorités iraniennes qu’elles se plient à la demande de la communauté internationale de suspendre l’enrichissement en uranium du pays, n’excluant pas l’option militaire.
Adoptant toutefois un ton moins tranchant que précédemment sur ce dossier, Condoleezza Rice a assuré que son pays continuait de privilégier la voie diplomatique, estimant notamment que les Etats-Unis avaient conscience que « l’Iran n’est pas l’Irak ».
« Le président américain ne retire aucune option de la table mais nous sommes engagés sur une voie diplomatique (…). Ce qui est à l’ordre du jour est de renforcer les efforts diplomatiques », a-t-elle poursuivi, soulignant que le dossier allait prochainement revenir devant le Conseil de sécurité pour d’éventuelles sanctions.
Interrogée sur la position de la Grèce, membre provisoire du Conseil de sécurité de l’Onu, Dora Bakoyannis a réservé sa réponse, soulignant la nécessité d’une « coordination européenne préalable » sur le sujet.
« La Grèce demeure opposée à la prolifération nucléaire » et « l’Iran doit donner des assurances claires qu’elle ne cherche pas acquérir des armes nucléaires », a-t-elle déclaré. « Mais ce dossier peut être résolu de manière pacifique », a-t-elle poursuivi : « Nous sommes dans un processus diplomatique, il y a encore des outils efficaces ».
« Les objectifs de la Grèce et des Etats-Unis coïncident dans une grande mesure mais il n’y a pas toujours une identité de vue sur les moyens d’atteindre ces buts », a encore souligné Mme Bakoyannis.
Sur le dossier chypriote et la Turquie, les deux ministres ont d’ailleurs fait entendre leur différence.
Mme Rice a appelé Chypre à « agir de manière responsable » en ne s’opposant pas au processus d’adhésion de la Turquie à l’UE.
Quand Chypre est entrée dans l’UE « il y avait un accord selon lequel Chypre ne ferait rien pour bloquer l’accession turque », a-t-elle dit. « Nous croyons que la Turquie doit accéder à l’Union européenne (…) parce qu’elle est un pays européen » a-t-elle insisté.
De son côté, Mme Bakoyannis a rappelé que la Grèce demeurait favorable à une « pleine adhésion » de la Turquie, « mais à condition qu’elle remplisse les critères requis ». Elle a notamment déploré qu’en dépit des « courageux efforts grecs » pour l’amélioration des relations « la réponse turque n’est pas celle qui est requise », évoquant des « provocations » d’Ankara.
Athènes se plaint notamment régulièrement de violations de son espace aérien en mer Egée par les avions de chasse turcs.
A l’issue de cette conférence de presse, Mme Rice a été brièvement reçue par le Premier ministre grec Costas Caramanlis avant de partir pour Ankara, où elle doit notamment discuter du problème des séparatistes kurdes turcs du parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Au cours de cette tournée qui s’achèvera vendredi, Mme Rice doit aussi se rendre à Sofia pour un sommet informel des ministres des Affaires étrangères de l’Otan.