Bloomberg, 3 mai La chancelière allemande Angela Merkel a profité dune visite aux Etats-Unis débutant aujourdhui pour souligner que son gouvernement restait uni au président Geroge W. Bush dans ses efforts pour stopper le programme darmes nucléaires suspecté de lIran.
Merkel, 51 ans, va prendre la parole demain au meeting annuel de la Commission américaine juive à Washington. Elle va exprimer en « termes clairs » quun consensus international pour une action constitue la « bonne approche » pour empêcher lIran dobtenir des armes nucléaires, a annoncé hier dans une interview Karsten Voigt, conseiller au ministère des Affaires Etrangères allemand pour les relations avec les USA.
« LAllemagne joue déjà un rôle intégral dans la diplomatie avec lIran », selon Voigt, 65 ans. La rencontre de Merkel avec Bush « est importante pour la suite des événements et devrait clarifier les prochaines mesures à prendre ».
Merkel, qui est arrivée en fonction en novembre, en est à sa deuxième visite aux Etats-Unis en moins de quatre mois et tente daméliorer les relations entre les deux pays qui nont jamais été aussi mauvaises depuis la seconde Guerre Mondiale avec son prédécesseur Gerhard Schröder. Linsistance de Merkel sur lunité avec Bush contraste avec le refus de Schröder de soutenir linvasion de lIrak menée par les Etats-Unis.
Nicholas Burns, sous-secrétaire dEtat américain pour les affaires politiques, a déclaré hier que le Conseil de Sécurité des Nations Unies préparait un « message ferme » à lintention de lIran concernant son programme nucléaire. LIran a annoncé le même jour avoir enrichi de luranium à 4,8 pourcent, plus que le chiffre annoncé précédemment.
« Le Conseil de Sécurité na pas dautre solution que de recourir au Chapitre 7 » de la Charte des Nations Unies, a affirmé Burns à une conférence de presse à Paris. Le Chapitre 7 prévoit des mesures allant jusquà « lusage de la force armée » pour non-respect des résolutions de lONU.
Non-respect du délai fixé
LIran a ignoré la date limite du 28 avril fixée par le Conseil de Sécurité pour que la République Islamique mette fin à son programme nucléaire. Les Etats-Unis suspectent lIran de développer la bombe, tandis que lIran affirme que son objectif est de générer de lélectricité.
Des liens plus étroits avec les USA pourraient aider Merkel à « redonner à lAllemagne son statut de puissance coopérative dans les affaires mondiales », selon Andreas Etges, professeur de politique étrangère à lUniversité de Berlin.
Avec lAllemagne assurant la présidence de lUnion Européenne composée de 25 nations et du Groupe des Huit principales nations industrialisées lannée prochaine, les Etats-Unis considèrent Merkel comme un « acteur clé » en Europe, daprès Constanze Stelzenmueller, directrice du de la branche à Berlin du Fonds Marshall Allemand des Etats-Unis.
Cest en partie pourquoi les gouvernements de France, dItalie et du Royaume-Uni sont « paralysés » par lincertitude politique, a-t-elle dit, faisant allusion à la faible majorité du Premier ministre italien élu Romano Prodi, les élections présidentielles lannée prochaine en France et lincertitude quant au moment où le Premier ministre britannique Tony Blair va se retirer.
« De Grandes opportunités »
« LAllemagne a été quelque peu poussée à la tête de lEurope », selon Stelzenmueller. « Cela implique de grandes opportunités pour Merkel, chose qui na pas échappé à Bush. »
Les Etats-Unis pourraient se tourner « plus nettement » vers lassistance de lAllemagne afin de développer ses liens futurs avec la Russie, selon Etges, ajoutant que le président Vladimir Poutine était « réticent » à faire pression sur la Corée du Nord et lIran pour quils ne développent pas darmes nucléaires.
« Les USA sont de plus en plus inquiets sur le fait que le développement de lénergie en Russie renforce dautant plus lassurance de Moscou dans les affaires étrangères », a affirmé Etges. « Avec ses liens historiques avec Moscou, il y a beaucoup de choses que lAllemagne peut se permettre de faire. »
Merkel est toujours engagée à ce que lAllemagne obtienne un siège permanent au Conseil de Sécurité, bien quelle nabordera pas le sujet pendant la visite, selon un conseiller qui a demandé à rester anonyme.
Pendant sa visite de deux jours, Merkel va rencontrer Bush à 17h15 aujourdhui.
Une réunion avec des représentants du secteur des affaires dont les présidents de Monsanto Co., General Electric Co., Goldman Sachs Group Inc. et Siemens AG demain à New York sera suivie de discussions au Conseil américain sur lAllemagne.
De retour à Washington, Merkel va ensuite se joindre à Bush et au secrétaire général de lONU Kofi Annan pour prendre la parole lors du centième meeting annuel de la Commission américaine juive avant de retourner à Berlin.