Reuters, Berlin, 12 mai Les inspecteurs de lONU ont découvert de nouvelles traces duranium hautement enrichi sur des équipements nucléaires en Iran, renforçant les suspicions selon lesquelles Téhéran dissimule toujours lensemble de son programme denrichissement atomique, ont déclaré des diplomates.
Plusieurs diplomates occidentaux ont affirmé quil semblerait que lIran poursuive en secret les recherches sur lenrichissement duranium et craignent que son objectif soit dacquérir la capacité de produire du combustible duranium enrichi pour des armes, accusation démentie par lIran.
Dans son rapport du mois davril remis au Conseil de Sécurité de lONU, lAgence Internationale de lEnergie Atomique (AIEA) a déclaré avoir prélevé des échantillons sur des équipements acquis par un ancien centre de recherches à Lavizan-Shiyan. Le centre a été rasé en 2004 avant que les inspecteurs de lAIEA ne viennent lexaminer.
Les inspecteurs de lAIEA ont fait des prélèvements sur les machines plus tôt cette année qui ont été soumis à une analyse microscopique de particules.
« Lanalyse préliminaire de lAIEA montre des traces duranium hautement enrichi dans les échantillons », a affirmé un diplomate occidental accrédité auprès de lAIEA à Reuters, sous couvert de lanonymat.
Il na donné aucun détail à propos des équipements. Lancien centre de physique à Lavizan, qui travaillait avec le ministère de la Défense, a acquis des machines à double usage utilisées pour lenrichissement duranium.
Un diplomate à Vienne, où est basée lAIEA, a confirmé cette nouvelle découverte mais a mis en garde contre une exagération de sa signification : « Ce nest pas une preuve tangible. Il pourrait y avoir un grand nombre dexplications. Mais du coup, la pression sur lIran pour dire la vérité sur Lavizan est plus importante ».
Les dirigeants iraniens ont refusé de commenter cet article.
En 2003, lAIEA avait trouvé des traces duranium hautement enrichi dans plusieurs sites en Iran. On pense maintenant que la plupart proviendraient de contamination de machines pakistanaises doccasion.
« Même sil sagit de la même contamination, cest une découverte significative car elle indique que des choses se sont passées à Lavizan », a déclaré David Albright, ancien inspecteur en armes auprès de lONU et directeur de lInstitut pour la science et la sécurité internationale.
DES SITES SECRETS ?
Selon lui, cela soulève la question de savoir si lIran avait un second programme denrichissement parallèle aux côtés de celui quil a déclaré.
Cette découverte va probablement alimenter les suspicions parmi les pays occidentaux selon lesquelles lIran est activement impliqué dans un programme denrichissement duranium, processus de purification duranium utilisé dans des centrales nucléaires ou pour des armes atomiques.
LIran affirme vouloir uniquement générer de lélectricité, mais lOccident pense que le mystère autour de son programme ainsi que ses liens militaires indiquent clairement quil est aussi destiné à produire des bombes.
Le Conseil de Sécurité de lONU a appelé lIran à geler son programme denrichissement, mais Téhéran refuse.
LIran est déjà parvenu à purifier de luranium à un niveau bas suffisant pour lalimentation de centrales nucléaires. Les diplomates occidentaux affirment que les compétences des scientifiques nucléaires iraniens sont surprenantes.
Pendant deux années et demie de suspension de son programme denrichissement, les scientifiques iraniens ont amélioré de manière significative leurs connaissances dans les centrifugeuses, qui purifient le gaz du composé duranium en tournant à une vitesse supersonique.
« Daprès nos renseignements, il est impossible dexpliquer les progrès de lIran sans la présence de sites secrets (denrichissement) », a déclaré un diplomate dun pays critique à légard de lIran.
Dautres avancent que lIran aurait pu faire ces progrès grâce à des travaux de simulation.
Un autre diplomate du même pays a expliqué quil suspectait que de petites quantités de gaz duranium traité aient été détournées dIsfahan, probablement vers des sites denrichissement secrets en Iran. Un diplomate européen a affirmé que lAIEA avait les mêmes suspicions mais aucune preuve.
Albright a ajouté quil nexistait aucune preuve de la présence de « sites secrets » en Iran.