AFP, Pékin, 22 mai – La chancelière allemande Angela Merkel a démarré lundi sa première visite en Chine en évoquant la question iranienne et les droits de l’Homme, tout en permettant à Siemens d’espérer de nouveaux gros contrats dans le domaine ferroviaire.
Mme Merkel a d’abord passé trois heures en compagnie du Premier ministre chinois, Wen Jiabao.
« Nous sommes tombés d’accord sur le fait que l’Iran ne devrait pas avoir la capacité de fabriquer des armes nucléaires et ne devrait pas faire proliférer des armes de destruction massive », a déclaré Mme Merkel, lors d’une conférence de presse à l’issue de la rencontre.
Mais elle ne s’est guère étendue sur le sujet devant les journalistes, à deux jours d’une rencontre à Londres entre les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie) plus l’Allemagne pour discuter de mesures européennes visant à convaincre l’Iran de renoncer à enrichir l’uranium.
Pékin continue de s’opposer à des sanctions prônées par Washington contre Téhéran et Berlin est favorable à un compromis incluant des mesures d’incitation et des menaces de rétorsion.
Mme Merkel, qui a rencontré plus tard le président Hu Jintao, a également indiqué avoir abordé la question des droits de l’Homme, sans non plus s’attarder sur le sujet.
« C’est une question importante dans le dialogue bilatéral », a-t-elle dit.
« Sur les droits de l’Homme, je pense que lors des prochaines rencontres nous continuerons à en parler », s’est-elle contentée d’ajouter.
Sans doute pour montrer la différence avec son prédécesseur Gerhard Schroeder, qui s’était rendu six fois dans l’Empire du milieu en sept ans passés à la chancellerie, son entourage a affirmé que « c’était la première fois qu’un chancelier avait parlé aussi ouvertement des droits de l’Homme lors d’une conférence de presse ».
Cependant, aucune information n’a été donnée sur une éventuelle remise d’une liste de dissidents chinois.
Avant la rencontre, Mme Merkel et M. Wen, qui avait tombé la cravate, s’étaient promenés dans un parc du centre de Pékin, proche de la place Tiananmen, malgré un air particulièrement pollué ce lundi.
La chancelière s’est essayée, non sans mal, au nouveau sport en vogue dans les parcs de la capitale: le « taichiball », dont tout l’art constitue à garder une balle sur une raquette en effectuant les mouvements du tai-chi, la gymnastique traditionnelle chinoise.
Dans les domaines économiques et commerciaux, les deux partenaires ont surtout signé des protocoles d’accords, n’annonçant immédiatement aucun contrat de taille.
Le principal accord concerne le secteur ferroviaire, alors que la Chine prévoit de btir 19.800 kilomètres de voies ferrées d’ici à 2010 et d’en réhabiliter quelque 23.000 kilomètres.
Le ministère chinois des Transports ferroviaires et l’entreprise allemande Siemens, choisie en avril pour la partie signalisation de la ligne à grande vitesse Pékin-Tianjin, ont décidé de développer leur coopération dans le cadre de projets prévoyant l’achat de 500 nouvelles locomotives pour les lignes passagers et fret.
Mme Merkel, qui est accompagnée des ministres de l’Economie Michael Glos et des Transports Wolfgang Tiefensee, a souligné que la coopération économique entre les deux pays « se développait très bien ».
La contrefaçon chinoise, dénoncée par les industriels allemands, a également été abordée par Mme Merkel.
« Nous avons fait beaucoup d’efforts, mais nous rencontrons encore beaucoup de problèmes », a reconnu M. Wen.
La Chine est le premier partenaire économique de l’Allemagne en Asie, et l’Allemagne est le premier partenaire européen de la Chine. Le volume des échanges bilatéraux a atteint 63,2 milliards de dollars en 2005, le tiers pratiquement des échanges Chine-Union européenne.
La chancelière devait s’envoler lundi soir pour Shanghai où elle devait achever mardi sa visite.