Associated Press, Vienne, 30 mai De George Jahn Les hauts responsables américains, russes, chinois et européens ont lintention dapprouver cette semaine la série de mesures incitatives et dissuasives visant à récompenser lIran sil abandonnait lenrichissement duranium et à le sanctionner dans le cas contraire, ont déclaré lundi des diplomates.
Un accord des cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de lONU et de lAllemagne pourrait ouvrir la voie pour des sanctions si Téhéran conservait son attitude de défi et refusait dabandonner la technologie pouvant être utilisée pour produire la matière fissile des têtes nucléaires.
Le meeting des ministres des Affaires étrangères et de la secrétaire dEtat américaine Condoleezza Rice est prévu pour jeudi à Vienne, selon les diplomates, qui ont désiré rester anonymes pour avoir divulgué cette information confidentielle.
Téhéran semble peu impressionnée : un haut responsable a répété que lIran avait le droit denrichir de luranium à des fins pacifiques en vertu du Traité de Non-prolifération. Un autre a annoncé que son pays avait expérimenté de la technologie pouvant être utilisée pour développer la bombe à hydrogène.
Lobjectif premier de Téhéran est la reconnaissance du « droit essentiel de lIran de détenir la technologie nucléaire », a déclaré le ministre des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki lors dune visite en Malaisie.
La télévision dEtat a montré le responsable nucléaire Sadat Hosseini dire que son pays « était en compétition avec le monde dans le domaine de la production dénergie nucléaire par fusion ».
La fusion est le principe fondamental de la bombe à hydrogène, qui peut être plusieurs centaines de fois plus puissante que des armes atomiques qui utilisent la fission. Dans une bombe à hydrogène, la radiation de lexplosion de la fission nucléaire déclenche une réaction de fusion à lorigine dune explosion puissante et de radioactivité.
Lusage pacifique de la fusion est toujours au stade expérimental.
LUnion Européenne, les Etats-Unis, le Japon, la Chine, la Russie et dautres pays espèrent créer une centrale électrique de démonstration dans la ville de Cadarache, dans le sud de la France, vers 2040. Les hauts responsables estiment que 10 à 20 pourcent de lénergie mondiale pourrait être produite par fusion avant la fin du siècle.
Les inquiétudes internationales au sujet des ambitions nucléaires de lIran se concentrent sur la peur que le pays tente de fabriquer une arme nucléaire de type fission en enrichissant de luranium au degré nécessaire pour le développement darmes. Les commentaires dHosseini vont certainement venir sajouter aux préoccupations à propos de lintérêt du pays dans la fusion.
Mais lancien inspecteur nucléaire de lONU, David Albright, a déclaré que cette annonce nétait probablement « pas très préoccupante ».
« Ils aiment prétendre quils sont en compétition mais leur programme est (probablement) relativement rudimentaire », a affirmé Albright, qui dirige lInstitut pour la science et la sécurité internationale basé à Washington.
« Une partie de leur stratégie (nucléaire) consiste à dire Nous avons tout, donc vous ne pouvez pas nous arrêter », a-t-il dit.
Toute série de mesures approuvée jeudi par les ministres des Affaires étrangères sera ensuite présentée à Téhéran par la France, la Grande-Bretagne et lAllemagne, le trio de nations qui a rompu les négociations avec lIran en août après que ce dernier ait redémarré ses activités liées à lenrichissement duranium.
Le Conseil de Sécurité a donné à lIran jusquà la fin du mois davril pour suspendre toutes ces activités. Au lieu de se soumettre, lIran a annoncé le mois dernier être parvenu pour la première fois à enrichir de luranium et quil faisait des recherches sur des centrifugeuses sophistiquées afin de produire plus de matière en moins de temps.
Un accord sur une résolution suffisamment ferme pour Washington mais acceptable pour Moscou, allié de Téhéran, serait indirectement lié à toute proposition faite à Téhéran, dispute qui entrave depuis des mois laction des membres permanents du Conseil de Sécurité.
Si lIran ne se soumet pas, loffre (comme ont expliqué à AP des diplomates ayant pris connaissance du texte) appelle à une résolution imposant des sanctions en vertu du Chapitre VII, Article 41 de la Charte des Nations Unies. Mais elle évite toute référence à lArticle 42, qui pourrait être à lorigine dune éventuelle action militaire pour quune telle résolution soit appliquée.
La proposition appelle également à de nouvelles consultations des cinq membres permanents du Conseil de Sécurité concernant toutes mesures supplémentaires contre lIran, initiative visant à dissiper les plaintes des Russes et des Chinois qui pensent quune fois que la pression aura augmentée sur lIran, le conseil ira automatiquement dans le sens dune action militaire.
Parmi les éventuelles sanctions, on peut citer une interdiction de visas pour les responsables du gouvernement, le gel de capitaux, le blocage des transactions financières par des membres du gouvernement et les personnes impliquées dans le programme nucléaire du pays, un embargo sur les armes et un blocus sur la livraison de produits raffinés du pétrole en Iran.
Si Téhéran accepte de suspendre lenrichissement, dentrer dans de nouvelles négociations sur son programme nucléaire et de lever linterdiction des inspections inopinées de lAgence internationale de lEnergie atomique, les récompenses seraient entre autres de « suspendre tout examen du dossier de lIran au Conseil de Sécurité », une aide pour mettre sur pied un programme nucléaire national pacifique requérant un approvisionnement extérieur en uranium enrichi.