IranNucléaireL'Iran multiplie les déclarations contre la suspension de l'enrichissement

L’Iran multiplie les déclarations contre la suspension de l’enrichissement

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AFP, Téhéran, 10 juin – L’Iran a encore une fois rejeté la demande de suspension de son enrichissement d’uranium et a même, selon l’AIEA, relancé pleinement cette activité cette semaine, éloignant dans l’immédiat toute perspective de décrispation.

« Nous devons avoir un enrichissement d’uranium entre 3,5 et 5% et il faut qu’ils l’acceptent », a déclaré vendredi l’ayatollah Ahmad Janati, conservateur à la tête de l’organe du Conseil des Gardiens et proche du guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei.

Ce dernier ne s’est pas encore prononcé publiquement sur l’offre des grandes puissances, présentée mardi à l’Iran, visant à ce que le régime suspende l’enrichissement.

Le président américain George W. Bush a déclaré vendredi que Téhéran avait « des semaines et non des mois » pour accepter cette offre et que le Conseil de sécurité agirait si l’Iran ne le faisait pas.

Jeudi, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad avait implicitement rejeté une telle éventualité, tout en assurant que l’Iran restait ouvert à la négociation sur l’offre, qui contient des mesures incitatives et des menaces de sanctions.

« Nous négocierons sur les préoccupations communes et pour éclaircir les incompréhensions dans la sphère internationale, mais nous ne négocierons jamais sur le genre de technologie (nucléaire, ndlr) que nous voulons utiliser », a dit le président dans un discours public.

L’Iran considère que son enrichissement d’uranium est un « droit » dans le cadre du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP).

Coïncidence ou geste délibéré, Téhéran a repris à plein régime ses activités d’enrichissement mardi, selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

Et ce le jour-même où le Haut représentant de l’UE pour la politique extérieure Javier Solana présentait à Téhéran aux responsables iraniens l’offre des grandes puissances (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et l’Allemagne).

Un responsable iranien non identifié, cité par l’agence Isna, a confirmé vendredi que son pays avait accéléré ses activités nucléaires par l’injection de gaz d’hexafluorure d’uranium (UF6) dans les centrifugeuses d’enrichissement d’uranium.

Il a précisé que Téhéran voulait « installer une cascade de 3.000 centrifugeuses d’ici la fin de l’année en cours », en allusion à l’année iranienne qui s’achève en mars 2007.

L’Iran a annoncé le 11 avril avoir procédé à un enrichissement d’uranium à hauteur de 3,5% avec une cascade, ou assemblage, de 164 centrifugeuses.

Selon le rapport de l’AIEA livré jeudi, et dont l’AFP a obtenu une copie, les inspecteurs ont constaté lors d’une visite à l’usine d’enrichissement de Natanz les 2 et 3 mai que les Iraniens avaient quasiment cessé l’enrichissement, en alimentant seulement deux centrifugeuses.

Mais le 6 juin, au moment où M. Solana se trouvait à Téhéran, l’enrichissement a été relancé dans toute la cascade.

Le même jour, une nouvelle « campagne de conversion », destinée à produire de l’UF6, a aussi démarré dans l’usine d’Ispahan, selon l’AIEA.

« L’Iran continue les travaux d’installation d’autres cascades de 164 machines », ajoute l’Agence.

Les Occidentaux insistent pour que Téhéran suspende son enrichissement d’uranium, qui sert à produire du combustible pour une centrale nucléaire, car ils craignent que l’Iran ne détourne ce procédé pour obtenir l’arme atomique.

L’Iran, qui insiste sur son droit à maîtriser le cycle nucléaire civil, compte installer plus de 50.000 centrifugeuses à Natanz.

Il a ignoré une résolution de l’AIEA lui demandant de suspendre ces activités, ainsi qu’une déclaration du Conseil de sécurité.

Les Occidentaux se sont déclaré encouragés par la réaction initiale de l’Iran à leur offre, car ses responsables ne l’ont pas rejetée a priori. Ils attendent une réponse officielle à celle-ci dans les semaines qui viennent.

D’ici là, le dossier iranien sera au coeur d’une réunion, démarrant lundi à Vienne, du Conseil des gouverneurs de l’AIEA.

L’Iran a conseillé vendredi aux Etats qui y participeront de faire preuve de « retenue », a déclaré à l’AFP l’ambassadeur iranien auprès de l’AIEA, Ali Asghar Soltanieh.

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