LExpress, 11 septembre Par Hana Al-Hussaini, avec Reuters – Au cours d’une réunion à Vienne avec le porte-parole de la diplomatie européenne, Javier Solana, Téhéran a offert de geler pendant deux mois l’enrichissement d’uranium
Ali Larijani, principal négociateur iranien dans la crise nucléaire, a proposé une suspension de deux mois du programme d’enrichissement d’uranium de Téhéran, selon un diplomate européen. Le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale a fait cette offre au porte-parole de la diplomatie européenne, Javier Solana, qu’il a rencontré ce week-end à Vienne.
« Larijani a offert une suspension de deux mois. Mais nous ne connaissons aucun détail sur le moment où elle commencerait, c’est-à-dire avant ou après l’ouverture de négociations avec l’Iran sur les propositions », a déclaré ce diplomate, évoquant les mesures incitatives que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et l’Allemagne ont présenté à Téhéran pour obtenir l’arrêt de son programme d’enrichissement d’uranium.
« Les directeurs politiques (des six pays impliqués dans la crise avec l’Iran) en discutent cette nuit (dimanche soir) même pour évaluer ce qui s’est passé », a-t-il dit, soulignant que cette offre ne s’apparentait pas à une concession majeure de la part de la République islamique.
« Deux mois, ce n’est rien », a-t-il insisté, soulignant le fait que les Etats-Unis et leurs alliés exigent une suspension à long terme, seule à même d’attester que le programme nucléaire iranien est exclusivement civil, comme l’affirme Téhéran.
Solana et Larijani ont toutefois jugé leurs discussions suffisamment concluantes pour décider de les poursuivre, peut-être jeudi, ce qui remettrait en question le calendrier de Washington.
Le porte-parole de la diplomatie européenne a informé les ministres des Affaires étrangères des « Six » de la teneur de ses discussions avec Larijani et une conférence est prévue lundi pour en évoquer les conséquences.
SAUVER LA FACE
Aliasghar Soltanieh, représentant de l’Iran à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) qui accompagnait Larijani, a affirmé qu’aucune offre de suspension du programme d’enrichissement n’avait été présentée à Solana. « L’Iran a toujours dit qu’il n’y avait aucun fondement légal et technique pour soutenir une telle exigence », a-t-il déclaré, interrogé à Vienne par la chaîne de télévision publique iranienne.
Tony Snow, porte-parole de la Maison-Blanche, a quant à lui indiqué que Washington s’efforçait de tirer la position iranienne au clair. « Nous parlons avec Solana et avec d’autres. Parfois, Larijani et le ministère des Affaires étrangères ne parlent pas de la même voix », a-t-il déploré. Les Etats-Unis souhaitent l’ouverture dès cette semaine de discussions en vue d’éventuelles sanctions internationales, après la fin de non recevoir que Téhéran a opposé à l’ultimatum du Conseil de sécurité, lui enjoignant de renoncer à l’enrichissement avant le 31 août.
Craignant les représailles de l’Iran, quatrième exportateur mondial de pétrole, certains Européens préféreraient toutefois sauver la face avec un compromis ouvrant la voie à une suspension du programme d’enrichissement une fois les négociations engagées, estiment les milieux diplomatiques.
Mohamed el-Baradeï, directeur général de l’AIEA, prendra la parole lundi devant le conseil des gouverneurs de l’agence et saisira probablement l’occasion pour saluer le caractère positif de l’entretien entre Solana et Larijani.