Reuters, Berlin, 11 septembre – par Mark Heinrich – Ali Larijani, principal négociateur iranien dans la crise nucléaire, a proposé une suspension de deux mois du programme d’enrichissement d’uranium de Téhéran, selon un diplomate européen.
Le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale a fait cette offre au porte-parole de la diplomatie européenne, Javier Solana, qu’il a rencontré samedi et dimanche à Vienne.
« Larijani a offert une suspension de deux mois. Mais nous ne connaissons aucun détail sur le moment où elle commencerait, c’est-à-dire avant ou après l’ouverture de négociations avec l’Iran sur les propositions », a déclaré ce diplomate, évoquant les mesures incitatives que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et l’Allemagne ont présenté à Téhéran pour obtenir l’arrêt de son programme d’enrichissement d’uranium.
« Les directeurs politiques (des six pays impliqués dans la crise avec l’Iran) en discutent cette nuit même pour évaluer ce qui s’est passé », a-t-il dit, soulignant que cette offre ne s’apparentait pas à une concession majeure de la part de la République islamique.
« Deux mois, ce n’est rien », a-t-il insisté, soulignant le fait que les Etats-Unis et leurs alliés exigent une suspension à long terme, seule à même d’attester que le programme nucléaire iranien est exclusivement civil, comme l’affirme Téhéran.
Solana et Larijani ont toutefois jugé leurs discussions suffisamment concluantes pour décider de les poursuivre, peut-être jeudi, ce qui remettrait en question le calendrier de Washington.
Le porte-parole de la diplomatie européenne a informé les ministres des Affaires étrangères des « Six » de la teneur de ses discussions avec Larijani et une conférence est prévue lundi pour en évoquer les conséquences.
SAUVER LA FACE
Aliasghar Soltanieh, représentant de l’Iran à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) qui accompagnait Larijani, a affirmé qu’aucune offre de suspension du programme d’enrichissement n’avait été présentée à Solana.
« L’Iran a toujours dit qu’il n’y avait aucun fondement légal et technique pour soutenir une telle exigence », a-t-il déclaré, interrogé à Vienne par la chaîne de télévision publique iranienne.
Tony Snow, porte-parole de la Maison blanche, a quant à lui indiqué que Washington s’efforçait de tirer la position iranienne au clair. « Nous parlons avec Solana et avec d’autres. Parfois, Larijani et le ministère des Affaires étrangères ne parlent pas de la même voix », a-t-il déploré.
Les Etats-Unis souhaitent l’ouverture dès cette semaine de discussions en vue d’éventuelles sanctions internationales, après la fin de non recevoir que Téhéran a opposé à l’ultimatum du Conseil de sécurité, lui enjoignant de renoncer à l’enrichissement avant le 31 août.
Craignant les représailles de l’Iran, quatrième exportateur mondial de pétrole, certains Européens préféreraient toutefois sauver la face avec un compromis ouvrant la voie à une suspension du programme d’enrichissement une fois les négociations engagées, estiment les milieux diplomatiques.
Mohamed ElBaradeï, directeur général de l’AIEA, prendra la parole lundi devant le conseil des gouverneurs de l’agence et saisira probablement l’occasion pour saluer le caractère positif de l’entretien entre Solana et Larijani.