The Wall Street Journal, 10 octobre – De Neil King Jr. à Washington et Bill Spindle à Téhéran Tout en constituant en elle-même un échec certain, lannonce par la Corée du Nord dun essai nucléaire souterrain pourrait donner à ladministration Bush le poids qui lui est au combien nécessaire pour relever un autre défi : celui de lIran.
Pendant des mois, Téhéran a rejeté les demandes internationales de négociations sur son programme nucléaire (lIran insiste sur le fait que celui-ci est purement pacifique) et a refusé de suspendre lenrichissement nucléaire avant même le commencement de ces pourparlers. Dimanche, lannonce de Pyongyang dun essai nucléaire place aussi ce pays dans une position dopposition à une grande partie de la communauté internationale.
Les hauts membres de ladministration espèrent que lacte de la Corée du Nord constituera un avertissement pour les pays tels que la Chine et la Russie, qui sont réticents à soutenir limposition de sanctions économiques même légères contre lIran pour ses travaux denrichissement duranium, que beaucoup considèrent comme la preuve de lexistence dun programme darmes.
En suivant la même logique, si la Corée du Nord ressort relativement indemne de cet incident provocateur, cela pourrait encourager lIran qui penserait quil na rien à craindre dans la poursuite de son programme de développement nucléaire.
Les dirigeants américains affirment que lindicateur clé des prochains jours sera la manière dont la Chine réagira à laction de Pyongyang. Suite à cette annonce, le ministère des Affaires étrangères chinois a qualifié lessai d « insolent », terme qui selon les diplomates chinois devait montrer lintensité de la colère de Pékin. Cependant, lagence de presse officielle chinoise, Xinhua, a rapporté que le président Hu Jintao avait dit à M. Bush que tous les pays devaient « éviter toute action pouvant engendrer une escalade ».
La Chine na pas précisé à quelles mesures des Nations Unies elle serait favorable. Les dirigeants américains espèrent que la détermination de la Chine à soutenir une action de lONU contre la Corée du Nord va augmenter les chances dimposer des mesures similaires à lIran.
« Tous les regards sont tournés vers la Chine, puis vers la Russie », a affirmé un haut responsable du département dEtat américain.
La lutte internationale contre les programmes nucléaires de lIran et de la Corée du Nord ont été renvoyés devant le Conseil de Sécurité au même moment, conflit defforts diplomatiques contrastés que les USA espèrent tourner à leur avantage.
LAllemagne ainsi que les cinq membres permanents du conseil (les USA, la Grande-Bretagne, la France, la Chine et la Russie) ont décidé la semaine dernière dadopter une résolution sur des sanctions iraniennes après que Téhéran ait rejeté un paquet davantages et refusé dabandonner les travaux denrichissement.
Lannée dernière, la Corée du Nord a rompu les pourparlers internationaux et rejeté divers mesures incitatives en échange de la suspension de son programme nucléaire.
Le défi pour les Etats-Unis est désormais de former un consensus international fort autour de mesures punitives contre la Corée du Nord, ce qui pourrait avoir une incidence plus tard sur le dossier iranien.
Les cas de la Corée du Nord et de lIran sont différents sous plusieurs aspects, tout comme les intérêts de la Chine dans ces deux pays. La Chine est un vieil allié et un élément économique vital de la Corée du Nord. En tant que voisin, Pékin craint le chaos provoqué par un effondrement économique en Corée du Nord au moins autant que le nouveau statut nucléaire de Pyongyang. En Iran, les intérêts chinois sont beaucoup plus ciblés : Téhéran est le plus grand fournisseur de pétrole de la Chine, représentant presque 18% de ses importations en pétrole.
Hier, le Conseil de Sécurité a commencé à considérer une série de sanctions contre la Corée du Nord, qui selon les dirigeants américains auraient pour objectif de bloquer les importations de technologie nucléaire et militaire et de limiter un certain nombre de transactions financières. Les restrictions envisagées sont très similaires à celles que les USA souhaiteraient incorporer dans la première série de sanctions contre lIran.
Avec la Corée du Nord, ladministration Bush va devoir surmonter les vives inquiétudes de la Chine et de la Corée du Sud qui pensent que des mesures punitives vont déstabiliser ce pays pauvre et isolé.
Le problème est tout à fait distinct dans le cas de lIran. Tous les membres du Conseil de Sécurité, excepté les Etats-Unis, ont des liens commerciaux et financiers significatifs avec lIran, une des raisons pour lesquelles ils ont autant de mal à se mettre daccord sur des sanctions contre Téhéran. Des sanctions qui auraient un impact très important, telles que linterruption des exportations de pétrole ou des importations dessence, ne sont pas à lordre du jour.
La plupart des experts estiment quil faudra encore plusieurs années à lIran pour maîtriser la technologie indispensable au développement de la bombe nucléaire.
Les experts et dirigeants en Iran avancent que le gouvernement iranien est devenu plus déterminé encore à ne pas accéder aux demandes internationales, qui sont selon eux dirigées par les USA. « Un des points sur lesquels nous avons des différends [internes »> est la manière de réagir face à lOccident, mais ces différends sestompent », a affirmé Kazem Jalali, législateur iranien participant à la politique étrangère du pays.
La radio nationale iranienne a répondu à lincident en rejetant la faute sur les Etats-Unis, affirmant que la Corée du Nord réagissait tout simplement à la pression continue des USA pour des sanctions : « Lessai nucléaire de la Corée du Nord est une réponse aux menaces et à lhumiliation des Américains ». Le gouvernement américain a insisté sur le fait que la diplomatie épineuse visant à créer un accord sur une résolution nord-coréenne ne devait pas retarder le travail sur un paquet iranien qui doit normalement débuter à la fin de la semaine.