Lexpress.fr, 2 janvier – Par Sylvain Delon – Face aux sanctions votées par le Conseil de sécurité, le président ultra-conservateur, Mahmoud Ahmadinejad, choisit la voie de la confrontation. Mais sa stratégie commence à provoquer de sérieux grincements de dents.
Vu de lextérieur, cest par un grand pied de nez que lIran a répondu aux sanctions votées au Conseil de sécurité : annonce de linstallation de 3 000 nouvelles centrifugeuses, menace de recours à larme du pétrole, vote au Parlement dun projet de loi obligeant le gouvernement à renoncer à sa coopération avec lAgence internationale à lénergie atomique (AIEA).
Derrière la façade des bâtiments officiels, cependant, la voie de la confrontation choisie par le clan du président ultra-conservateur, Mahmoud Ahmadinejad, commence à provoquer de sérieux grincements de dents. « Pour sauver le pays de la crise, il faudrait recourir à des gens compétents et modérés », a même osé Mohammad Hachémi, frère de lancien président Ali Akbar Hachémi Rafsandjani, conservateur « pragmatique » et avocat du dialogue avec lOccident, Etats-Unis compris.
Lélection de ce dernier, le 15 décembre, à lAssemblée des Experts, une instance stratégique chargée de « superviser » le guide suprême, layatollah Ali Khamenei, semble avoir encouragé les voix plus modérées, récemment réduites au silence, à se faire de nouveau entendre. Le scrutin, qui portait également sur le renouvellement des conseils municipaux, a permis le retour en politique, relatif mais symbolique, des réformateurs, complètement évincés du pouvoir depuis la victoire dAhmadinejad en juin 2005. Leur défi actuel : tenter déviter lisolement du pays et prévenir une crise économique qui pourrait se révéler catastrophique.
Pour lheure, les sanctions demeurent très ciblées. Elles ne concernent que les échanges commerciaux relatifs au programme nucléaire et balistique de la République islamique. Mais les mesures de rétorsion parallèles lancées par Washington – notamment la pression sur les grands groupes bancaires occidentaux qui travaillent avec lIran – commencent à affecter léconomie du pays.