Reuters, Bruxelles, 13 février – Les sanctions internationales n’empêcheront pas à elles seules l’Iran de fabriquer assez d’uranium enrichi pour produire une bombe nucléaire, peut-on lire dans un rapport interne de l’UE.
L’Onu a décrété en décembre dernier un embargo sur le transfert de matériel nucléaire sensible ainsi qu’un gel des avoirs des personnalités iraniennes liées au programme d’enrichissement iranien qui peut permettre à Téhéran de se doter de l’arme atomique — ce que l’Iran dément vouloir.
Le Conseil de sécurité des Nations unies pourrait étendre ces sanctions si l’Iran n’a pas mis fin à ce programme d’ici au 21 février prochain, 60 jours après les premières mesures.
Le Haut Représentant européen pour la politique étrangère, Javier Solana, qui avait été chargé par les gouvernements des Vingt-Sept d’évaluer l’impact des sanctions et de la politique de dialogue, se montre sceptique dans un document de réflexion.
« Les tentatives d’inciter l’administration iranienne à entrer dans un processus de négociation n’ont jusqu’à présent pas été couronnées de succès », souligne le rapport, dont le contenu a été résumé par des diplomates européens.
« Dans les faits (…), les Iraniens ont poursuivi leur programme à leur propre rythme, les limites venant plutôt des difficultés techniques que des résolutions de l’Onu ou de l’Agence internationale pour l’énergie atomique. »
« A un certain stade, nous devons nous attendre à ce que l’Iran acquière la capacité d’enrichir l’uranium à l’échelle nécessaire pour un programme d’armement », ajoute ce texte. « Les problèmes avec l’Iran ne seront pas résolus uniquement par des sanctions économiques. »
Les diplomates européens contestent toutefois l’interprétation que le Financial Times, qui a le premier révélé l’existence du rapport, donne de ce document.
Selon eux, Solana ne pense pas qu’il est trop tard et soulignent que l’UE envisage une action militaire. En outre, le document ne prône pas un changement de politique.
Au contraire, les services de Solana estiment qu’il convient de poursuivre la politique de la « carotte et du bâton »: offrir à l’Iran la possibilité de dialoguer tout en étant prêt à imposer d’autres sanctions au cas où Téhéran refuserait cette offre.
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad s’est d’ailleurs déclaré « prêt à discuter » lors d’une interview à la télévision américaine ABC, sans toutefois évoquer le préalable d’une cessation des activités d’enrichissement d’uranium.