AFP, Vienne, 10 septembre – Le directeur de l’AIEA, Mohamed ElBaradei, a demandé un peu de temps pour déterminer si l’Iran veut ou non l’arme nucléaire, mais Washington a exigé un geste rapide de Téhéran, lundi à l’ouverture d’une réunion de l’exécutif de l’agence à Vienne.
« Nous ferons pression pour une coopération rapide (de l’Iran) plutôt que pour de nouveaux délais, et plusieurs pays se joindront à nous », a déclaré l’ambassadeur américain Gregory Schulte, juste avant que M. ElBaradei ne présente son dernier rapport aux 35 Etats du Conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
Dans ce rapport, le directeur de l’AIEA détaille un calendrier conclu le mois dernier avec Téhéran pour tenter d’éclaircir d’ici à la fin de l’année la nature du programme nucléaire iranien, que les pays occidentaux soupçonnent de visées militaires.
M. ElBaradei a par ailleurs déploré lundi que l’Iran poursuive ses activités d’enrichissement d’uranium en dépit de deux séries de sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU. Selon son rapport, Téhéran exploitait près de 2.000 centrifugeuses d’enrichissement début août à Natanz (centre).
Ce chiffre, révisé depuis à la hausse par Téhéran, est inférieur au seuil de 3.000 centrifugeuses pouvant permettre le cas échéant de produire en moins d’un an suffisamment d’uranium hautement enrichi pour fabriquer une bombe atomique.
Washington craint que Téhéran n’utilise le calendrier pour gagner du temps et éviter de nouvelles sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU jusqu’à la fin de l’année.
Le représentant américain a demandé au Conseil des gouverneurs de l’AIEA d' »adresser un message clair à l’Iran ».
« Si les dirigeants iraniens veulent vraiment que le monde leur fasse confiance (…), qu’ils commencent à coopérer complètement et inconditionnellement pour suspendre leurs activités préoccupant la communauté internationale », a-t-il déclaré.
Les gouverneurs de l’AIEA ne devraient toutefois pas passer de résolution à Vienne, ni se prononcer sur le récent plan de travail avec l’Iran.
« C’est la première fois que l’Iran a souscrit à un plan destiné à résoudre toutes les questions en suspens en un temps donné, et ceci représente un pas important dans la bonne direction », a déclaré lundi M. ElBaradei aux gouverneurs.
« Je ne cesse de le répéter: +laissez-nous la main, et nous vous dirons où nous en sommes d’ici à novembre+ », avait-il déclaré vendredi à des journalistes.
Le vice-président de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, Mohammad Saïdi, a pour sa part déploré lundi depuis Vienne les tentatives d' »un ou deux pays » – qu’il n’a pas nommés – de bousculer le plan de travail de l’AIEA. Il leur a demandé de ne pas s’opposer « à la volonté de la communauté qui veut l’application de l’accord conclu entre l’Iran et l’AIEA », a-t-il déclaré à l’agence officielle iranienne Irna.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a par deux fois imposé des sanctions à l’Iran pour son refus de suspendre l’enrichissement d’uranium.
Selon une source européenne, il est encore « trop tôt, tant que le débat au sein de l’AIEA n’est pas terminé », pour savoir quelle sera la position de l’UE sur un éventuel soutien à une troisième série de sanctions, souhaitée par Washington.