Reuters, Vienne, 10 septembre – Le directeur général de l’AIEA a affirmé lundi que l’Iran devrait aller bien au-delà de l’accord de coopération pour gagner la confiance de la communauté internationale à propos de son programme nucléaire.
Mohamed ElBaradeï entendait ainsi défendre son plan, critiqué, lors de la réunion du Conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique.
S’adressant au Conseil, qui regroupe 35 pays, ElBaradeï a soutenu que son plan visait à éclaircir les questions au sujet du nucléaire iranien et constituait « un pas important dans la bonne direction ».
Faisant référence aux critiques occidentales, ElBaradeï a rappelé que l’accord était limité et ne suffirait pas en lui-même à lever tous les soupçons qui pèsent sur Téhéran.
Pour cela, ElBaradeï a estimé « indispensable » que l’Iran permette l’inspection complète de ses sites, y compris plusieurs qui n’ont pas été présenté comme nucléaires, et suspende ses activités d’enrichissement d’uranium comme prévu dans les résolutions du Conseil de sécurité de l’Onu.
« Résoudre toutes ces questions dans les deux à trois prochains mois, après un long blocage, aiderait grandement à convaincre la communauté internationale de la nature pacifique des activités nucléaires passées de l’Iran », a déclaré ElBaradeï.
Les Américains souhaitent notamment que le plan, prévu sans plus de précisions pour s’échelonner sur plusieurs mois, soit ramené à une durée beaucoup plus courte.
« Nous allons demander la coopération rapide (de l’Iran) au lieu des délais perpétuels. De nombreux pays vont se joindre à nous dans ce geste », a déclaré Gregory Schulte, ambassadeur des Etats-Unis à l’AIEA.
« Une coopération partielle, sous condition et simplement promise pour plus tard ne suffit pas. Une coopération qui laisse à l’Iran les moyens de produire des armes nucléaires ne suffit pas », a-t-il ajouté.
GAGNER DU TEMPS
Selon plusieurs détracteurs parmi les diplomates occidentaux, l’accord de coopération permet surtout à l’Iran de gagner du temps et de soulager la pression que lui fait subir la communauté internationale.
« Il est important que l’Iran continue de rassurer sur la nature et l’envergure de son programme nucléaire actuel, y compris en renouvelant à l’agence l’accès aux informations relatives aux recherches sur les nouvelles centrifugeuses », a précisé ElBaradeï.
« Ceci permettrait à l’agence de fournir des garanties non seulement sur le matériel nucléaire déclaré, mais aussi sur l’absence de matériel nucléaire non-déclaré. »
L’accord de coopération permet à l’Iran de répondre suivant un calendrier peu précis aux questions sur ses activités nucléaires lors des 20 dernières années, mais ne concerne pas le programme d’enrichissement de l’uranium, qui permet en théorie de produire des armes nucléaires.
L’accord a également coupé court aux efforts américains d’isoler l’Iran en érodant le soutien européen et en accentuant les réticences russes à de nouvelles sanctions des Nations unies.
Selon des diplomates, l’Iran a gagné à cette opération et peut désormais menacer de couper les ponts avec l’AIEA en cas de nouvelles sanctions de l’Onu.
Le numéro deux de l’organisation iranienne de l’énergie atomique, présent à la réunion, a appelé, selon l’agence de presse iranienne Irna, les pays contestant l’accord « à changer leur position et à ne pas s’opposer à la volonté de la communauté internationale ».
Mohammad Saaedi a ajouté que l’Iran avait déjà résolu deux des points contestés. « Nous espérons résoudre les autres suivant une logique de travail prédéfinie et avec la bonne volonté des deux camps », a-t-il ajouté.
Les diplomates occidentaux ont rejeté les accusations selon lesquelles ElBaradeï aurait outrepassé ses fonctions, en approuvant l’accord de coopération sans en référer au Conseil des gouverneurs de l’AIEA. Ils restent cependant sceptiques quant à son programme.
« Certains craignent que cet accord ne permette de résoudre la crise iranienne sans le Conseil des gouverneurs ou le Conseil de sécurité », a déclaré un diplomate occidental.
« Ce plan ne fait que créer un mécanisme qui permettra de résoudre plusieurs problèmes anciens. Ce sont les Iraniens qui en ont écrit les grandes lignes, et (l’AIEA) l’a accepté. Lors d’une récente réunion, l’AIEA nous a dit : ‘c’était ce qu’on pouvait obtenir de mieux’. »