AFP, Téhéran, 30 octobre – Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est arrivé mardi soir en visite surprise à Téhéran pour des entretiens avec le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, axés sur le dossier nucléaire iranien.
M. Lavrov, dont la visite n’a été annoncée que mardi matin, s’est directement entretenu a son arrivée avec M. Ahmadinejad, a rapporté un photographe de l’AFP. Il ne devait pas s’exprimer devant la presse.
« Il examinera une série de sujets liés à la situation du programme nucléaire iranien et des questions concernant les relations bilatérales », avait déclaré plus tôt le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Kamynine, cité par l’agence Interfax.
Il y a deux semaines, le président russe, Vladimir Poutine, avait effectué une visite historique en Iran, la première d’un chef du Kremlin depuis 1943.
Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, avait alors déclaré au président russe qu’il « examinerait » une proposition de ce dernier, sans autre précision.
L’ancien responsable du dossier nucléaire, Ali Larijani, avait précisé que la « suggestion particulière » du président russe concernait le programme nucléaire de l’Iran, mais le président Ahmadinejad avait affirmé qu’il n’existait pas de proposition concernant le dossier nucléaire.
Ces dernières semaines, le président russe s’est démarqué de la position des Occidentaux en la matière.
En visite au Portugal la semaine dernière pour participer au sommet Russie-Union européenne, M. Poutine a durement critiqué la position américaine et les nouvelles sanctions décidées par Washington contre Téhéran.
« Pourquoi envenimer la situation, la conduire dans une impasse, menacer de sanctions ou même d’action militaire? », a-t-il lancé. « Vous pouvez courir dans tous les sens comme un fou agitant un rasoir mais ce n’est pas le meilleur moyen de régler le problème ».
Les nouvelles sanctions américaines visent le corps des Gardiens de la révolution, accusé de contribuer à la prolifération d’armes de destruction massive ainsi qu’une unité d’élite de l’armée iranienne, la force Al-Quds, accusée de soutenir le terrorisme.
Trois banques d’Etat sont également dans le collimateur, ainsi que des particuliers et des agences gouvernementales.
Les Occidentaux accusent l’Iran de chercher à utiliser son programme d’enrichissement d’uranium pour la fabrication de l’arme atomique. Mais Téhéran dément et assure que son programme est uniquement pacifique.
Le président iranien, cité mardi par l’agence Irna, a de nouveau dénoncé les sanctions américaines.
« Les Etats-Unis pensent qu’ils peuvent obliger l’Iran à reculer avec des sanctions unilatérales et utilisent certains éléments intérieurs qui affirment que les gens ont des problèmes économiques, mais nous avons identifié ces perturbateurs économiques et nous allons bientôt les éliminer complètement », a-t-il dit.
« Le peuple iranien veut la totalité de ses droits en matière nucléaire. Les ennemis doivent savoir que le peuple et le guide suprême ne reculeront pas d’un iota », a ajouté M. Ahmadinejad.
Enfin, le directeur adjoint de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Olli Heinonen, et les responsables nucléaires iraniens ont repris leurs discussions à propos des centrifugeuses P1 et P2.
L’AIEA attend des détails sur l’obtention par l’Iran des composants des centrifugeuses de type P1, dont près de 3.000 fonctionnent à l’usine d’enrichissement de Natanz (centre), et sur les recherches concernant le modèle P2.