AFP, 24 janvier – L’accord annoncé mardi entre les grandes puissances pour une nouvelle résolution de l’ONU accentuant la pression sur l’Iran n’a pas changé d’un pouce la position de Téhéran qui continue à clamer son droit à poursuivre son programme nucléaire.
Les grandes puissances ont « adopté une résolution sans conséquences », a estimé mercredi le président iranien Mahmoud Ahmadinejad.
« Le chemin nucléaire que nous suivons est clair, légal et conforme aux règles de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Sur ce chemin, personne, en dehors de l’AIEA, n’a le droit de s’exprimer, de prendre des décisions ou d’imposer sa volonté au peuple iranien », a-t-il ajouté.
Son ministre des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki a de son côté estimé que le processus de négociations en cours avec l’AIEA, qui sera conclu « en mars », rendrait ce projet de résolution bientôt « inutile ».
« Tout ce processus, à nos yeux, est illégal », a de son côté affirmé à Bruxelles le négociateur iranien sur le nucléaire Saïd Jalili, soulignant que le dernier rapport de l’AIEA ainsi qu’un rapport des services des renseignement américains n’avaient produit « aucune preuve d’un détournement » actuel du programme nucléaire civil iranien pour construire une bombe atomique.
Le diplomate en chef de l’UE Javier Solana, qui négocie avec l’Iran sur son programme nucléaire au nom des six puissances -les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) et l’Allemagne- a évoqué cette question nucléaire avec M. Jalili lors d’un dîner mercredi soir, mais « sans entrer dans les détails », a indiqué sa porte-parole Cristina Gallach.
Cette rencontre n’était de toute façon destinée qu’à « maintenir le canal de communication ouvert », a-t-elle ajouté.
MM. Solana et Jalili se sont déjà vus plusieurs fois, à Rome fin octobre et à Londres fin novembre, M. Solana tentant de convaincre l’Iranien d’accepter une suspension des activités d’enrichissement d’uranium de son pays moyennant une vaste offre de coopération avec l’Occident.
Mais ces entretiens n’ont pas permis d’assouplir la position des autorités iraniennes, qui répètent que l’enrichissement est leur « droit inaliénable ».
Devant cette fermeté, les Six se sont mis d’accord mardi soir sur un projet de nouvelle résolution qui, selon un haut responsable américain, « accentue la sévérité des sanctions » déjà adoptées contre l’Iran au Conseil de sécurité.
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a cependant affirmé que le texte prévoyait « des mesures supplémentaires » mais pas de nouvelles sanctions, ainsi qu’une promesse de négociations directes avec l’Iran s’il accepte les propositions des Six.
L’appel au dialogue direct entre l’Iran et les Six n’est pas nouveau, a corrigé un diplomate européen, précisant que le projet de résolution prévoyait d’allonger la liste des personnes visées par une interdiction de visa et un gel des avoirs.
« Il y a à la fois des sanctions nouvelles et précises et également un encouragement au dialogue », a résumé le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner.
Après cette nouvelle résolution, la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice a malgré tout exprimé sa confiance dans la diplomatie pour résoudre la crise iranienne, et s’est dit prête à parler directement au régime de Téhéran s’il renonce à ses activités nucléaires sensibles.
M. Jalili n’a de son côté pas directement réagi au nouveau projet.
« Malgré toutes les mesures positives (prises par Téhéran pour instaurer la confiance), certains pays persistent dans une attitude négative », a-t-il regretté.
Entendu pendant une heure et demie par la commission des Affaires étrangères du Parlement européen, il a défendu le droit de l’Iran à l’enrichissement et au nucléaire civil, assurant que « l’arme atomique n’a pas sa place dans la doctrine de défense » iranienne.