IranNucléaire• Nucléaire: ElBaradei se prépare à dédouaner l'Iran

• Nucléaire: ElBaradei se prépare à dédouaner l’Iran

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Le Figaro, 8 févreir – Par Maurin Picard – La France et les États-Unis s’inquiètent de voir l’Agence internationale de l’énergie atomique, entraînée par son directeur, se montrer trop conciliante avec Téhéran alors que bien des interrogations demeurent.

L’IRAN en avait fait la promesse : l’enquête de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), relative à la nature de son programme nucléaire, serait bouclée à la mi-février et toutes les « questions en suspens » résolues, au terme de cinq ans d’investigations, parfois laborieuses, souvent vaines. Mohammed ElBaradei, le directeur général de l’AIEA, s’apprête pourtant à remettre le 20 février, un rapport louant la coopération de Téhéran et faisant état de nets progrès dans la connaissance et l’étendue du programme, au point de vouloir boucler l’enquête.
Cette issue probable suscite la consternation au sein de l’agence. Certains responsables s’étonnent d’une telle mansuétude à l’égard d’un régime peu enclin à jouer la transparence. « L’Iran n’a toujours pas fourni de nombreuses réponses aux questions qui lui étaient adressées, confie une source diplomatique proche de l’enquête, sous couvert d’anonymat. L’enquête est loin d’être finie, et ne peut tout simplement pas être refermée ainsi, d’un coup de baguette magique. »
Le 21 août dernier, l’Iran était convenu avec l’AIEA d’un « plan de travail » pour répondre à toutes les questions en suspens sur ses activités nucléaires « présentes et passées ». Un calendrier précis avait été établi, qui devait aboutir « avant la fin de l’année » 2007. L’échéance est passée sans que cet engagement soit respecté et Mohammed ElBaradei se rendait à Téhéran du 11 au 13 janvier dernier, pour hâter la résolution du dossier iranien. L’optimisme manifesté par le patron de l’AIEA à l’issue de cette visite étonne au sein de l’agence.
« Chien de garde nucléaire »
De fait, Téhéran continue d’éluder certaines questions brûlantes. Des traces de contamination à l’uranium hautement enrichi n’auraient toujours pas fait l’objet d’explications vraiment convaincantes, alors que certaines présentaient un taux d’enrichissement supérieur à 54 %. Pour l’AIEA, tout enrichissement est jugé « proliférant » à partir de 20 %, et « de qualité militaire » au-delà de 90 %.
En outre, le « chien de garde nucléaire » de l’ONU n’aurait pas non plus été en mesure d’interroger le professeur Fakhrizadeh, ancien scientifique en chef de Lavizan-Shian, rasé précipitamment avant l’arrivée des inspecteurs en 2003. Téhéran ayant suspendu il y a deux ans l’application du protocole additionnel du traité de non-prolifération (TNP), qui préconisait des « inspections renforcées et inopinées » , les inspecteurs onusiens n’ont pas non plus pu pénétrer sur des sites militaires suspects, tels que celui de Parchine, à 30 km au sud-est de la capitale. Enfin, la description des activités passées de militarisation du programme nucléaire, ainsi que les recherches menées sur les centrifugeuses P1 et P2, resteraient aux mieux parcellaires.
Comment, malgré de telles impasses, Mohammed ElBaradei pourrait-il clore le dossier nucléaire iranien ? Et surtout, pourquoi ? « Cela permettrait à l’AIEA de normaliser ses relations avec l’Iran, analyse un diplomate proche de l’agence, dont les activités d’enrichissement d’uranium seraient tolérées et proprement encadrées par nos soins. »
L’Iran espère voir ce scénario idéal se matérialiser, après la publication en décembre 2007 d’un surprenant rapport des agences américaines de renseignement, dit « NIE » (New Intelligence Estimate), concluant que l’Iran aurait cessé de chercher à se doter de la bombe après 2003.
L’attitude conciliante de l’AIEA pourrait entraîner la levée des sanctions votées par le Conseil de sécurité des Nations unies, sauf avis défavorable du conseil des gouverneurs de l’agence, le 3 mars à Vienne. À l’instar des États-Unis et de la Grande-Bretagne, la France s’inquiète à l’idée que l’enquête de l’AIEA soit « expédiée » un peu trop vite. En visite à Washington le 31 janvier, le ministre de la Défense, Hervé Morin, avait déclaré qu’il n’était « pas convaincu » de l’arrêt du programme nucléaire militaire de l’Iran en 2003, et il avait insisté pour que l’AIEA « continue de mener toutes les investigations nécessaires ».

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